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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent - PRÉSIDENTIELLE

Boutros Harb, député, ancien ministre et candidat L’année 2004 sera forcément celle de l’échéance présidentielle au Liban. Même si le mot d’ordre officiel est de ne plus en parler dans les médias, le sujet est sur toutes les lèvres, dans les coulisses du pouvoir et dans la rue. Cheikh Boutros Harb fait partie des rares maronites qui affichent leur désir d’être élus à la tête de l’État en respectant les normes démocratiques. Peut-il convaincre les jeunes de l’utilité de sa démarche ? Q : À chaque échéance présidentielle, vous présentez votre candidature, sans que l’élection ne soit réellement démocratique. Votre initiative sert-elle à quelque chose? « Je voudrais d’abord préciser que j’ai déclaré être en train d’étudier l’éventualité de présenter ma candidature. Si les conditions sont remplies, je le ferai, sinon, j’y renoncerai. Ces conditions, c’est avant tout l’approche de l’échéance, ainsi que les circonstances locales, régionales et internationales. Si on avait, au Liban, une élection au suffrage universel, il serait temps d’annoncer les candidatures pour permettre à l’opinion publique de faire son choix, mais du moment que les électeurs au Liban sont les parlementaires et que les facteurs régional et international restent déterminants, l’heure des candidatures n’est pas encore venue. À quoi sert la candidature? D’abord à permettre de considérer l’échéance présidentielle comme un événement démocratique. Il faut que les gens qui veulent se mettre au service du pays, en souhaitant être élus à la tête de la République, puissent le déclarer formellement et que l’électorat soit officiellement informé de leurs candidatures et puisse faire son choix. Ensuite, il faut que les candidats puissent exposer leurs positions sur certaines questions qui concernent tous les Libanais, en sachant bien sûr que le président de la République n’est pas celui qui détient les pouvoirs de décision. Mais il peut créer des courants et donner des impulsions, dont les institutions constitutionnelles qui détiennent les véritables pouvoirs de décision pourraient s’inspirer. » Q : En présentant votre candidature, ne contribuez-vous pas à donner une apparence démocratique à une échéance qui ne l’est pas ? «Pas du tout. Je refuse de me soumettre aux règles du jeu, lorsqu’elles ne sont pas démocratiques. Ma candidature est une protestation. Elle vise à pousser les Libanais à ne pas laisser les facteurs, régional et international, avoir le monopole de la décision dans l’échéance présidentielle. C’est donc une invitation aux Libanais pour qu’ils décident eux-mêmes. C’est une action de principe, certes, mais en profondeur et elle n’a pas un caractère folklorique. Il ne s’agit nullement de légitimer un processus qui n’est pas démocratique à la base, mais d’avoir le courage et la détermination de dénoncer ce qui ne l’est pas. » Émile Issa, étudiant en droit à l’USJ Q : l’éventuelle candidature de cheikh Boutros à la présidence sert-elle à quelque chose ? «Il me paraît normal que tout Libanais digne de ce nom se sente appelé à remplir ses devoirs de citoyen et revendique l’exercice de ses droits fondamentaux. Que le pays passe par une période difficile ne devrait pas empêcher les personnes qui pensent pouvoir changer quelque chose de se porter candidates à la présidence. La candidature de cheikh Boutros est ainsi un symbole pour les jeunes et elle vise à leur dire que quelque chose est encore possible. Cela renforce le sentiment que notre génération n’est pas entièrement seule. » Q : Ne contribue-t-elle pas à donner un caractère démocratique à une échéance qui ne l’est pas ? «Les circonstances régionales actuelles aboutissent à certaines pratiques peu ordinaires. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut accepter le fait accompli. La candidature peut contribuer à donner un caractère démocratique à une échéance qui ne l’est plus, mais elle renforce surtout les valeurs de liberté. Si aucun candidat ne se présentait, ce serait encore plus triste et ne ferait qu’augmenter le désespoir des jeunes. » Scarlett HADDAD

Boutros Harb, député, ancien ministre et candidat

L’année 2004 sera forcément celle de l’échéance présidentielle au Liban. Même si le mot d’ordre officiel est de ne plus en parler dans les médias, le sujet est sur toutes les lèvres, dans les coulisses du pouvoir et dans la rue. Cheikh Boutros Harb fait partie des rares maronites qui affichent leur désir d’être...