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Actualités - CHRONOLOGIE

Crash de Cotonou - Témoignage aujourd’hui du propriétaire palestino-américain de l’avion La responsabilité de pôles politiques évoquée à Beyrouth

Alors que les corps de plusieurs passagers libanais du vol 141 de l’UTA Cotonou-Beyrouth n’ont toujours pas été retrouvés ou identifiés, les rumeurs vont bon train à Beyrouth sur l’éventuelle implication de responsables libanais dans la tragédie. Dans ce cadre, l’ancien ministre Albert Mansour a affirmé avoir « des soupçons sur le fait que des pressions politiques avaient été exercées pour que la compagnie UTA, propriétaire du Boeing 627, continue à desservir l’aéroport de Beyrouth ». M. Mansour a ajouté : « Contrairement à ce qu’avait annoncé le ministre des Travaux publics et des Transports, Négib Mikati », il y a bien des responsabilités libanaises dans cette affaire. Selon lui, les pressions pourraient être le fait de partis politiques locaux. Pour sa part, Mohammed Abdelhamid Beydoun, député de Tyr, s’est demandé pourquoi « les autorités concernées n’ont pas publié de communiqués invitant les Libanais à ne pas prendre l’avion qui s’est écrasé à Cotonou, sachant que ces autorités disposaient d’informations sur le peu de fiabilité de l’appareil ». Soulignant que « les contradictions à ce sujet ont alimenté plusieurs rumeurs et accusations », il a demandé que l’affaire soit « clarifiée le plus tôt possible ». Le parlementaire a également relevé que « l’accident a mis en lumière l’absence d’une politique de l’émigration, le pays considérant la diaspora comme une source de revenus non pas comme constituée de citoyens bénéficiant de droits, notamment celui d’être protégés ». Pour sa part, le président de la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, Mohammed Kabbani, a déclaré : « Nous avons assez de courage pour dire la vérité. » « Si je devais me trouver dans l’impossibilité de le faire, je préférerais me taire », a-t-il dit. En réponse à une question, il a affirmé que « les propriétaires de la compagnie ne sont pas des personnes influentes ». « Ce sont des Guinéens, des Iraniens et des Libanais de la famille Khazem, qui n’ont pas de liens déterminés au Liban ». Et de poursuivre : « Il existe une politisation de l’affaire et un manque d’informations relatives aux lois sur la politique du ciel ouvert ». « S’il y a eu des lacunes dans certains domaines, nous n’allons pas nous taire », a-t-il conclu. Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a souligné, pour sa part, au cours d’une cérémonie organisée en mémoire des victimes à Jouya, « la nécessité de poursuivre l’enquête d’une façon honnête afin que les responsabilités de l’accident soient déterminées ». Et d’ajouter que « l’on ne peut pas être à la merci des rumeurs et des accusations lancées à tort et à travers dans les médias ». Au cours du week-end, et notamment samedi, l’enquête s’est poursuivie. C’est ainsi que le chef de la brigade criminelle a entendu plusieurs témoins. Samedi également, le procureur général de la République, Adnane Addoum, a indiqué qu’il attendait toujours les documents officiels sur l’identité du ou des propriétaires de l’avion ainsi que sur les actionnaires de la compagnie UTA. Ces documents devraient être envoyés par Interpol, par le ministère des Transports ou encore par les autorités guinéennes. Quant au chef de la brigade criminelle, le colonel Élias Saadé, il a recueilli les témoignages du directeur de l’exploitation à l’AIB, le pilote Ziad el-Baba, et d’Ahmed el-Khazem, l’un des propriétaires de la compagnie. Notons que selon l’Ani, les propriétaires de l’UTA ne peuvent quitter le territoire libanais, suite à une décision du procureur général de la République. Dans son témoignage, Ziad el-Baba avait indiqué que la compagnie UTA avait, dans un premier temps, envoyé à Beyrouth un avion qui ne répondait pas aux normes techniques en vigueur. Puis, c’est l’appareil qui s’était écrasé qui avait été envoyé à l’AIB. Après avoir opéré quelques modifications techniques dans l’avion, l’UTA avait été autorisé à utiliser l’appareil. Dans son témoignage, Ahmed Khazem avait indiqué qu’il possédait 200 actions dans la compagnie UTA, mais qu’ils les avaient vendues en 1999 à son fils Doureid, actuellement à Londres. Ce dernier, rescapé du vol, s’était rendu dans la capitale britannique pour négocier auprès des Lloyds les indemnités qui devraient être versées. Selon des sources proches de l’enquête, la compagnie UTA appartient à deux Guinéens et deux Libanais. Mis à part Doureid Khazem, le deuxième partenaire libanais serait une femme de la famille Zeidane. L’enquête a démontré que le Boeing 727 avait été loué par l’UTA auprès d’une société américaine basée à Charjah. L’avion avait subi une révision dans un atelier de la TMA, à Beyrouth, et avait obtenu par la suite son autorisation de voler. Le propriétaire de cette compagnie américaine basée à Charjah est un Américain d’origine palestinienne, Imad Saba. Aujourd’hui lundi, les témoignages de Saba, de l’expert technique en Aviation civile Hatem Zoubiane, du technicien Hussein Timani et du directeur général de l’Aviation civile, Hamdi Chawk seront recueillis par les enquêteurs. Sur un autre plan, le Dr Fouad Ayoub, spécialiste en identification des corps, qui s’était rendu à Cotonou à la fin de la semaine dernière, est rentré à Beyrouth samedi matin à bord d’un appareil mis à sa disposition par le chef du gouvernement Rafic Hariri. Il était accompagné d’un des proches d’une des victimes Rabah Halwani, dont le corps n’a toujours pas été retrouvé. Le Dr Ayoub a indiqué que neuf corps, dont cinq appartenant probablement à des Libanais, n’avaient toujours pas été identifiés à Cotonou, soulignant également que le corps de Abbas Abdelmajid Hijazi, un enfant de deux ans et de demi, qui avait péri avec sa mère et ses deux sœurs dans l’accident, n’avait toujours pas été retrouvé. Le Dr Ayoub ramène avec lui des échantillons de sang des neuf dépouilles mortelles, afin d’aider à l’identification des victimes libanaises et béninoises. « Il faudra attendre une semaine à dix jours pour avoir les résultats des tests ADN qui seront effectués par le Dr Pierre Zalloua, un généticien qui dirige les opérations de prélèvement », a-t-il indiqué. Rappelons que douze familles s’étaient déjà présentées à l’hôpital de l’Université américaine pour les prélèvements sanguins. Jusqu’à présent, le nombre des victimes libanaises identifiées s’élève à 87 personnes. Des corps n’ont toujours pas été retrouvés et d’autres, comme l’indique le Dr Ayoub, n’ont pas encore été identifiés. La dernière victime identifiée est Jade Mokbel, 23 ans, originaire de Majdel Tarchich. Son corps a été rapatrié samedi en soirée à bord d’un vol Air France. Mokbel n’a été identifié que grâce à sa dentition et aux clés de son appartement qui étaient restées dans sa poche. Ses funérailles ont eu lieu hier dans son village natal. Par ailleurs, l’entrepreneur Zouheir Faddoul, qui a perdu son fils Mickaël lors du crash ainsi que quatre autres membres de sa famille a remis un don de 15 000 euros à l’association Moussa Sadr. M. Faddoul avait reçu cette somme de la banque française la Société Générale sous forme de dons en mémoire de son fils Mickaël. M. Faddoul tiendra aujourd’hui, à 13 heures, une conférence de presse à l’Ordre de la presse.
Alors que les corps de plusieurs passagers libanais du vol 141 de l’UTA Cotonou-Beyrouth n’ont toujours pas été retrouvés ou identifiés, les rumeurs vont bon train à Beyrouth sur l’éventuelle implication de responsables libanais dans la tragédie.
Dans ce cadre, l’ancien ministre Albert Mansour a affirmé avoir « des soupçons sur le fait que des pressions politiques...