Rechercher
Rechercher

Actualités

État d’alerte à Beyrouth

L’ambassadeur américain, Vincent Battle, se veut rassurant : les propositions de membres du Sénat US visant à l’implantation des réfugiés palestiniens ne répercutent pas la position officielle de son pays et ne sont avancées qu’à titre personnel. Mais le dossier reste alarmant. Et si le danger semble pour le moment légèrement écarté, il peut se représenter à tout moment. Face à la pression internationale, le rejet unanime libanais, consacré par la Constitution elle-même, a tout l’air d’un coup d’épée dans l’eau.
Reste quand même l’espoir, diffus, d’une solution, drainée par un accord de paix global. Et qui prévoirait soit la redistribution d’une majeure partie des réfugiés sur d’autres pays d’accueil, soit la création d’un État palestinien, ce qui en ferait des ressortissants étrangers ordinaires. Les deux formules pouvant d’ailleurs être mariées.
Pour le moment, l’inquiétude est alimentée par le refus israélien, catégorique autant que définitif, permanent et aussi unanime que l’attitude libanaise, concernant le retour des réfugiés dans leur terre d’origine. L’État hébreu ne veut pas subir le poids démographique palestinien ni dans son intérieur ni à ses côtés. La Knesset a donc voté, il y a plusieurs années déjà, une loi rejetant le droit de retour consacré par la résolution onusienne numéro 194 qui remonte à la première guerre, en 1948. Face à cette détermination, la plupart des États arabes se montrent passifs. Parce qu’ils n’ont pas de réfugiés chez eux. Ou, quand il s’en trouve, parce qu’ils ne sont ni assez nombreux ni assez autonomes pour constituer un quelconque problème socio-politico-économique, comme le cas ne se présente qu’au Liban. Pays composite, fragilisé, comme on sait, par ses structures de base communautaires. Le maintien des réfugiés en l’état (de fait) présenterait le redoutable tableau suivant :
– Perpétuation du facteur d’instabilité, voire de subversion et de criminalité, que constituent les camps. Dont l’extraterritorialité en fait des îlots d’insécurité échappant aux lois libanaises. Et servant d’abri, d’antre à tous les repris de justice du monde ou presque. Ces camps restent de véritables arsenaux, livrés à d’innombrables milices ou groupuscules capables de tout.
– Du coup, l’autorité libanaise, restant inexistante par rapport à ces concentrations, continuerait à avoir besoin de la présence militaire, ou sécuritaire, syrienne. On voit ce que cela veut dire.
– Le pire péril serait cependant que l’activisme palestinien ne déborde de nouveau les limites des camps, sous prétexte de défendre le droit de retour. Il y aurait alors risque de réédition des malheurs endurés par le Liban, durant tant d’années, du fait de la présence armée palestinienne. Tant à l’intérieur, avec les divisions sanglantes que cela avait provoquées, que dans la région frontalière, avec les représailles et les invasions israéliennes que cela avait entraînées.
– Une autre perspective inquiétante, et qui commence à s’ébaucher : le repli de l’Unrwa. Qui, en supprimant ses services de base, pousserait le Liban, si pauvre déjà, à en supporter le prix. Pour éviter une catastrophe humanitaire dans les camps.
Pour tout dire, le Liban doit lutter pied à pied en faveur du droit de retour. Il lui faut pouvoir compter sur un solide concours arabe. Ainsi que sur la compréhension active de la communauté internationale. Le combat semble assez mal engagé pour le moment.

Émile KHOURY
L’ambassadeur américain, Vincent Battle, se veut rassurant : les propositions de membres du Sénat US visant à l’implantation des réfugiés palestiniens ne répercutent pas la position officielle de son pays et ne sont avancées qu’à titre personnel. Mais le dossier reste alarmant. Et si le danger semble pour le moment légèrement écarté, il peut se représenter à tout...