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Cabinet - Le jeu de la balançoire continue Dernière indication : les Trente restent

Damas souffle le chaud et le froid. Tantôt les lahoudistes triomphent. Tantôt les haririens exultent. Comme c’est le cas présentement. Car, aux toutes dernières nouvelles, ils gardent le vent en poupe. Vu qu’à l’unisson les hérauts habituels des tuteurs affirment, ou confirment, que les Trente restent. Donnant ainsi raison à Nagib Mikati, qui, après avoir rencontré le président Assad deux heures durant, a annoncé le maintien de l’équipe en place. Témoignage de poids, dans la mesure où ce ministre est présenté comme l’un des remplaçants plausibles de Hariri.
Mais les loyalistes du haut du panier ne désarment pas. Pas encore. Ils continuent à répéter qu’il faut changer le gouvernement. Plus exactement son chef. Afin d’installer au Sérail une personnalité convenant au régime. Pour régler une crise larvée de pouvoir, découlant directement de la mésentente patente entre les deux pôles de l’Exécutif. Crise dont le pays pâtit sur tous les plans, le socio-économique en tête. Provoquant un mécontentent populaire naturellement dirigé contre le pouvoir dans son ensemble.
Dans ce contexte, et malgré les assurances concordantes des proches de la Syrie, des sources ministérielles hostiles à Hariri soutiennent que tôt ou tard il va sauter. Par la logique de crispations qui atteignent le seuil de tolérance. Et par la force de cette inertie dont l’État se trouve frappé du fait de l’animosité interprésidentielle. Ce qui est une façon de dire que les choses vont aller si mal que le statu quo ne sera plus supportable. Et que la situation par elle-même forcera la main aux Syriens.
Prenant peut-être leurs désirs pour des réalités, ces ministres affirment que les pourparlers en vue du changement battent déjà leur plein dans les coulisses. Ils ajoutent que le régime ne peut plus supporter le joug, moral ou politique, de tensions qui pénalisent lourdement la nation. Ni les dérives, à son sens, du gouvernement. Qu’il souhaite dès lors voir rendre son tablier au plus vite. Même, si possible, avant le vote du budget 2004 à la Chambre. Ils insistent : pourquoi attendre jusqu’au printemps, en laissant les choses s’envenimer ? À leur avis, le cas échéant, on pourrait même reporter l’étude du budget à la Chambre. Pour qu’un nouveau gouvernement récupère le texte et le modifie à sa convenance. Afin de remettre le pays sur les rails du redressement et de stimuler la réforme administrative, la lutte contre la corruption, dont le régime fait son étendard.
Cette offensive obstinée fait toutefois long feu pour le moment. En effet, les sources prosyriennes précitées, mettant un terme aux spéculations sur les hésitations attribuées aux décideurs, répètent que pour ces derniers, le dossier dit du changement n’est pas du tout à l’ordre du jour. Les Syriens, ajoute-t-on, estiment que les protagonistes doivent développer des efforts mutuels pour une cohabitation harmonisée. Afin de se focaliser sur la priorité factuelle que constitue l’adoption du budget à la Chambre. Ainsi que sur les dispositions à prendre en vue de renforcer la cohésion interne, face aux pressions et aux menaces extérieures, américaines ou israéliennes. Ces personnalités s’étonnent que l’on continue à parler de départ anticipé des Trente, alors qu’après le récent sommet syro-libanais, il avait été clairement indiqué, des deux côtés, que cette perspective n’est nullement envisagée. Ni même envisageable. En tout cas, et en aucun cas, avant la clôture du débat budgétaire place de l’Étoile, quelque part du côté de mars prochain.
Toujours est-il que des observateurs expérimentés pensent que les lahoudistes ont tactiquement raison de tenter de précipiter les choses. Car après le vote du budget, qui équivaudrait à un nouveau blanc-seing de confiance accordé au gouvernement, il serait illogique que le Parlement lui retire brusquement sa confiance pour le renvoyer à ses études et à ses foyers. D’autant qu’on serait alors trop proche de l’élection présidentielle pour mettre en place une nouvelle équipe ne pouvant qu’expédier les affaires courantes. De plus, si le changement vise à favoriser la reconduction via l’amendement de l’article 49 de la Constitution, il est réglementairement, chronologiquement, nécessaire qu’il ait lieu au moins deux mois avant l’échéance présidentielle. Surtout qu’il faudrait lever des réticences qui sont quasi unanimes, exception faite des lahoudistes ultras.

Philippe ABI-AKL
Damas souffle le chaud et le froid. Tantôt les lahoudistes triomphent. Tantôt les haririens exultent. Comme c’est le cas présentement. Car, aux toutes dernières nouvelles, ils gardent le vent en poupe. Vu qu’à l’unisson les hérauts habituels des tuteurs affirment, ou confirment, que les Trente restent. Donnant ainsi raison à Nagib Mikati, qui, après avoir rencontré le...