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CORRESPONDANCE « Danse avec les hiboux », de Ghada Samman, publié aux USA en version anglaise(photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI
« Avez-vous jamais vu un hibou dans un cirque ?
C’est une créature difficile à dompter.
Il refuse les émotions et la logique du jeu exhibitionniste.
Avez-vous jamais vu un hibou essayant de faire rire quelqu’un
Ou le pousser à l’amuser, comme un chien bougeant la queue ?
Avez-vous jamais vu un hibou en cage, chantant sa disgrâce ?
Vous a-t-on proposé d’acheter un hibou dans un magasin d’animaux ?
Le hibou ne s’achète pas.
Il vole autour de ce qui lui plaît et de ceux qu’il aime.
Ne l’aimez-vous pas ? »
C’est Ghada Samman qui chante ainsi cet oiseau, pour elle de bon augure, dans un ouvrage intitulé Danse avec les hiboux qui sera bientôt publié aux États-Unis dans une version anglaise due au Pr Noël Abdulahad. Celui-ci a déjà à son actif une traduction en anglais du Prophète de Gibran Khalil Gibran.

À la manière de Prévert
On sait que Ghada Samman possède une impressionnante collection de bibelots, posters, bijoux et autres objets représentant cet oiseau. Aujourd’hui donc, elle en a fait le centre d’un recueil de poèmes dans lequel elle fait parler sa mascotte en son nom. Ainsi lorsque celle-ci dit, entre autres, « écrire à la lumière du jour... » ou « dans les ténèbres de la nuit... », c’est l’auteur qui parle d’elle-même, elle qui, de tout temps, a exploré en profondeur les clairs aussi bien que les obscurs de la vie.
Toute jeune, elle a quitté son confort bourgeois damascène pour survoler le monde avant d’atterrir au Liban où elle s’est forgée une extraordinaire carrière littéraire. Une carrière qui a fait d’elle la femme écrivain la plus lue du monde arabe. Et pour cause, elle a affronté ce monde avec lucidité et courage. Esprit libre avant tout, elle le dissèque, dénonce ses carences et aborde tous les sujets tabous. Engagée, certes, mais prônant toujours l’amour en ces temps qui n’en finissent pas d’être troubles. Témoins, ces titres : Je te déclare l’amour, L’Amour coup de grâce, L’Amour à contre-courant. Parmi d’autres : Départ des ports anciens, Les Cauchemars de Beyrouth, La Nuit des millions.
Depuis les années 80, elle passe une grande partie de son temps à Paris, sans pourtant arrêter de produire. Et plusieurs de ses ouvrages ont été déjà traduits en une douzaine de langues (dont l’anglais, l’espagnol, l’italien, l’iranien, le russe, le français, le chinois, le polonais).
Dans son recueil Danse avec les hiboux, elle a voulu, une fois de plus, jeter un regard neuf et perçant sur les notions figées du pessimisme et de l’optimisme, du bien et du mal, de l’amour et de la liberté. Une remise en question effectuée par le biais de poèmes courts, denses et percutants, à la manière de Prévert. Pour exemple, celui intitulé Le Hibou dont le grand-père pleure.
« La nuit, j’ai écrit sur les murs du palais al-Hambra à Grenade :
Mon grand-père a passé par là, il y a bien longtemps.
Le mur m’a écrit à son tour :
Ton grand-père s’en est allé en pleurant, il y a longtemps, et il n’est plus revenu. »
WASHINGTON-Irène MOSALLI« Avez-vous jamais vu un hibou dans un cirque ?C’est une créature difficile à dompter.Il refuse les émotions et la logique du jeu exhibitionniste.Avez-vous jamais vu un hibou essayant de faire rire quelqu’unOu le pousser à l’amuser, comme un chien bougeant la queue ?Avez-vous jamais vu un hibou en cage, chantant sa disgrâce ?Vous a-t-on proposé...