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Des zones d’ombre subsistent quant à des complicités locales


À Beyrouth, des cercles politiques opposants disent craindre que l’on n’étouffe l’affaire de l’avion de Cotonou sur le plan local libanais. Sous-entendant par là qu’il y a eu complicité et pressions abusives de parties libanaises influentes, dans l’étrange autorisation d’atterrissage délivrée à une compagnie aérienne notoirement bancale. Qui avait été interdite d’enregistrement à Beyrouth et dont deux vols-tests à vide avaient été antérieurement récusés, faute de conformité des appareils aux normes techniques requises. Les appréhensions de ces opposants se fondent sur des précédents, comme la valse-hésitation entourant l’ouverture du dossier de la banque al-Madina. Affaire finalement tirée de la sphère de doute et diligentée en justice. Principalement grâce à l’insistance initiale de la Banque centrale, et du gouverneur Riad Salamé, soucieux de protéger les droits des déposants comme des créanciers. Les investigations ont quand même permis de montrer que des parties influentes avaient tenté de brouiller les cartes et de rendre le contentieux trop opaque pour que les poursuites puissent aboutir à une exacte délimitation des responsabilités ou des fautes. Mais le cas de l’effroyable catastrophe de l’avion de Cotonou est différent. Le drame est national et l’opinion se sent beaucoup plus concernée que par des tribulations d’ordre bancaire ou politicien. De plus, l’affaire est internationale et nombre de parties extérieures tiennent absolument à ce que toute la lumière soit faite, ne serait-ce que pour dégager leur propre responsabilité. Il se répète ainsi que le puissant fabricant aéronautique Boeing insiste pour que tout soit bien tiré au clair. Afin de montrer que la qualité intrinsèque de son appareillage n’est pas en cause, ce qui est commercialement très important pour lui face à la concurrence. Il y a aussi, bien évidemment, les assureurs, qui voudraient tirer leur épingle du jeu et s’en sortir en ne versant pas d’indemnités, ou alors un minimum. Ce qui serait le cas si des fautes non couvertes par la police d’assurance ont été commises. Comme une surcharge de poids, du fait d’un fret commercial (des mangues, dit-on), s’ajoutant aux bagages des passagers et rendant le vol trop dangereux pour que le risque soit légalement couvert. Il y a d’autre part le Bénin, où le décollage tragique a eu lieu. Et la Guinée, où l’avion était enregistré et qui tient, elle aussi comme Boeing, à montrer que l’appareil répondait aux normes. Retour au Liban, il est clair que les familles des victimes libanaises (plus de 140, hélas) se révolteraient contre toute tentative de bâcler l’enquête et auraient toute la population à leurs côtés. Ces familles proclament qu’elles n’auront de cesse que de savoir toute la vérité. Ajoutant que l’État doit en faire autant.
Mais il faut dire que les procédures prévues peuvent faire double emploi et se gêner les unes les autres. On sait en effet que la commission parlementaire des Travaux publics et du Transport s’est saisie du dossier. Parallèlement au parquet mais aussi aux instances ministérielles ou administratives, comme le département du Transport ou l’aviation civile. Sans encore indiquer comment coordonner ou harmoniser, les présidents Lahoud et Hariri ordonnent que l’on aille jusqu’au bout. Pour qu’il soit répondu aux innombrables questions, techniques ou autres, qui se posent. Comme de savoir pourquoi un vol manifestement douteux a pu recevoir un feu vert d’atterrissage à Beyrouth. Les responsables répondent certes à ce propos que les papiers étaient en règle, et que la convention de Chicago interdit d’interdire des vols répondant aux normes, sur le papier. Mais il s’agit de voir si les tests négatifs antérieurs n’ouvrent pas dans la convention internationale une brèche, qui n’aurait pas été exploitée, permettant de refuser un vol, même si les documents requis ont été fournis.
Pour en revenir à l’opposition, tout en reconnaissant que l’État a fait son devoir sur le terrain, après la catastrophe, elle s’étonne que le Conseil des ministres n’ait pas tenu au sujet d’un tel drame une séance urgente. Ne serait-ce que pour un message circonstancié à la nation. Ou encore pour la mise sur pied d’une commission d’enquête nationale, débordant le cadre trop étroit de la commission désignée par le ministère du Transport. Ce qui aurait représenté une meilleure garantie de non-étouffement de l’affaire.
Philippe ABI-AKL
À Beyrouth, des cercles politiques opposants disent craindre que l’on n’étouffe l’affaire de l’avion de Cotonou sur le plan local libanais. Sous-entendant par là qu’il y a eu complicité et pressions abusives de parties libanaises influentes, dans l’étrange autorisation d’atterrissage délivrée à une compagnie aérienne notoirement bancale. Qui avait été interdite...