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Crash de Cotonou - Les autorités judiciaires dans l’attente des résultats de l’enquête technique Le Liban déterminé à obtenir justice en cas de négligence

Alors qu’une quarantaine de localités, du sud au nord du pays, enterraient hier leurs morts, les autorités libanaises, politiques et judiciaires, ont fait savoir leur intention d’être associées à l’enquête technique en cours au Bénin pour connaître les causes du crash du Boeing de Cotonou et, surtout, de sévir implacablement contre tous les éventuels coupables s’il apparaissait que l’accident était dû à une négligence humaine.
Les autorités béninoises, critiquées par de nombreux témoins du crash pour la lenteur des secours, ont mis sur pied une commission d’enquête et étudient actuellement la demande des autorités libanaises de collaborer aux investigations.
À Cotonou, des experts français de l’Aviation civile ont commencé hier à examiner les deux boîtes noires du Boeing mais leur décryptage nécessite un laboratoire spécialisé.
Après la découverte des deux enregistreurs de l’appareil par les plongeurs des commandos de l’armée libanaise, qui s’étaient rendus à Cotonou au lendemain du crash, les experts béninois de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) avaient indiqué qu’ils n’étaient pas équipés pour décrypter ces boîtes noires et avaient demandé l’assistance technique du gouvernement français.
Selon le ministère béninois des Affaires étrangères, des experts américains, spécialistes de Boeing, sont également attendus à Cotonou pour participer aux investigations.
Le bilan exact des victimes et la liste des passagers restaient encore imprécis hier. Selon un dernier bilan officiel, 161 personnes étaient présentes à bord au moment de l’accident, auquel 21 ont survécu et 135 corps ont été retrouvés.
Sur les 135 victimes retrouvées, 77 Libanais, 23 Guinéens et deux Iraniens ont été identifiés et rapatriés au cours du week-end. Huit autres morts libanais ont été identifiés hier à Cotonou par leurs proches (voir par ailleurs). Cela porte à 85 le nombre des victimes libanaises identifiées.
Cinq Béninois et 15 Casques bleus bangladais en mission en Sierra Leone et qui rentraient dans leur pays pour les fêtes ont également trouvé la mort dans le crash.
En outre, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé hier que trois ressortissants français sont au nombre des morts, mais au moins deux d’entre eux avaient également la nationalité libanaise, selon une source gouvernementale béninoise.
À Beyrouth, le ministre des Travaux publics et des Transports, Négib Mikati, qui a présidé hier une réunion de la commission spéciale formée au sein de ce ministère aussitôt après le crash, a annoncé qu’il tiendra ce matin une conférence de presse au cours de laquelle il exposera toutes les données en sa possession sur le crash.
Pour sa part, le procureur général près la Cour de cassation, Adnan Addoum, a indiqué que le parquet avait saisi la représentation d’Interpol au Bénin pour obtenir tous les résultats préliminaires de l’enquête et les rapports techniques sur le crash, le pire qui ait frappé des Libanais dans l’histoire de l’Aviation civile.
La justice libanaise veut connaître les causes de l’accident, le chargement de l’appareil, les noms des passagers, les raisons techniques de l’accident, a martelé M. Addoum, ajoutant que le Liban attendait les réponses.
« S’il est prouvé que des erreurs, des négligences, des violations des lois ou des réglementations ont conduit à la mort de ces victimes libanaises, le parquet prendra acte et engagera une action légale », a lancé le procureur général.

Samaha : « Une profonde blessure »
De son côté, le ministre de l’Information, Michel Samaha, a souligné que le gouvernement libanais entendait jouer « un rôle essentiel dans l’enquête et pour assurer les droits des Libanais ».
« Il est certain qu’il y a des responsabilités. Cette catastrophe ne s’est pas produite par hasard », a ajouté M. Samaha dans une interview à la LBC. « Ce qui s’est passé est une profonde blessure dans la conscience des Libanais », a-t-il dit avant de lancer : « Il n’y a rien de plus important que la vie d’un Libanais. Cela doit être pour nous un principe concret. »
« Sans aucun doute, nous serons présents dans l’enquête », a assuré le ministre. « Je ne veux pas anticiper sur les résultats, mais il est certain que nous n’allons pas être laxistes, et nous ne permettrons pas la répétition de ce qui s’est passé. Si l’enquête concluait à une négligence, l’éventuel responsable, s’il s’agit d’un Libanais résidant au Liban, recevrait sa sanction au Liban. Quant aux compagnies de transport qui pourraient être dangereuses, elles seraient interdites », a-t-il poursuivi.
M. Samaha a, en outre, indiqué que le Conseil des ministres allait examiner, après des contacts avec la MEA, l’éventualité d’une révision des vols de la compagnie nationale à destination de l’Afrique, de façon à pouvoir mieux desservir les concentrations de ressortissants libanais sur ce continent.
Par ailleurs, plusieurs députés se sont félicités hier de la célérité avec laquelle les autorités libanaises ont réagi à la suite du crash et ont remercié la France pour l’aide qu’elle a fournie. Certains, comme notamment Farès Souhaid, ont toutefois mis en garde l’État contre toute tentation « d’étouffer cette affaire ».
Les pratiques de la compagnie UTA (Union des transporteurs africains), propriétaire de l’avion, qui « travaillait de manière artisanale au Mali » lorsqu’elle desservait ce pays, pourraient expliquer le flou dans la liste des passagers, dont aucun responsable, quel que soit le pays concerné, n’a été en mesure d’affirmer qu’elle était complète.
La compagnie UTA a desservi la ligne Conakry-Bamako-Conakry deux fois par semaine pendant plusieurs années, jusqu’en 2001, a affirmé à l’AFP Ibrahima Maïga, à l’époque chef des opérations à l’aéroport international de Bamako-Sénou. « Cette compagnie fonctionnait de manière artisanale et ne respectait pas du tout les règles de l’art », a estimé M. Maïga.
Plusieurs sources, encore non officielles, ont estimé qu’une importante surcharge pouvait être à l’origine de l’accident du Boeing, qui s’est écrasé faute d’avoir pu prendre une altitude suffisante à son décollage de l’aéroport de Cotonou.
L’avion a heurté un bâtiment technique en bout de piste avec son train d’atterrissage central, avant de s’écraser dans les eaux qui bordent la plage de Cotonou.
La Guinée, où la compagnie est enregistrée, a affirmé que l’Aviation civile guinéenne avait délivré un certificat de navigabilité à UTA « après toutes les vérifications d’usage ».

Identification de huit nouveaux corps

Huit corps parmi les victimes du Boeing qui s’était écrasé jeudi à Cotonou ont pu être identifiés et devaient être rapatriés à Beyrouth à bord d’un avion d’Air France. Leurs noms ont été communiqués hier au ministère des Affaires étrangères : Ziad Chérif, Mehdi Hachem, Khalil Jaffal, Ali Hajj Ali, Jad Mokbel, Christina Bitar, Hajerto Bitar et Hussein Bitar.
Un autre avion devait rapatrier les membres des familles des victimes qui s’étaient rendus à Cotonou pour identifier les corps de leurs proches.
Sur un autre plan, le chef de la diplomatie, Jean Obeid, a adressé une lettre à son homologue béninois pour le remercier de l’aide apportée à ces personnes et pour l’informer que le Liban se fera représenter par M. Hatem Zebiane, expert dans le domaine des transports, au sein de la commission formée par les autorités béninoises pour enquêter sur les causes du crash aérien.
Alors qu’une quarantaine de localités, du sud au nord du pays, enterraient hier leurs morts, les autorités libanaises, politiques et judiciaires, ont fait savoir leur intention d’être associées à l’enquête technique en cours au Bénin pour connaître les causes du crash du Boeing de Cotonou et, surtout, de sévir implacablement contre tous les éventuels coupables s’il...