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Vie politique - Les chances d’une prorogation du mandat Lahoud demeurent incertaines Le choix du prochain président, tributaire d’un accord syro-américain

Nul n’est en mesure de prévoir actuellement si le mandat du président de la République, le général Émile Lahoud, sera prorogé ou renouvelé, du fait que les « grands électeurs » ne sont évidemment pas libanais.

Selon une source bien informée, si l’élection à la première magistrature de l’État devait avoir lieu aujourd’hui, les chances d’une prolongation du mandat de M. Lahoud seraient certes très grandes. Elles diminueraient toutefois en cas de bouleversements ou même de changements politiques importants au Moyen-Orient.
En clair, tant que Damas est le plus « grand électeur » de la région, le président Lahoud reste en tête des favoris. Néanmoins, la Syrie risque aussi de devoir tenir compte de l’avis d’autres parties régionales ou internationales dans le choix du futur président libanais. Tout dépendra de l’étendue de leur influence.
En fait, la Syrie pourrait être remplacée par les États-Unis dans le rôle de « grand électeur », et dans ce cas, il est évident que la liste des présidentiables serait totalement différente. Elle comprendrait en effet les noms des personnalités qui, forcément, entretiennent de bonnes relations avec l’Administration américaine.
Par ailleurs, la même source réfute la thèse selon laquelle le président des USA renoncerait à intervenir dans le choix d’un chef d’État libanais en raison des prochaines élections présidentielles qui doivent se dérouler aux États-Unis. En réalité, Washington s’est toujours immiscé dans l’opération électorale libanaise en accord, ou en opposition, avec Damas. Mais naturellement, depuis que la présence militaire et politique de la Syrie s’est confirmée au Liban, les États-Unis ont tenu à ce que le choix d’un président de la République se fasse en accord avec Damas.
Et la même source de rappeler que l’Administration américaine avait tenu compte de l’avis du Caire dans l’élection du président Fouad Chéhab, quand l’Égypte représentait dans les années 50 le « grand électeur » régional. D’autre part, si la candidature du député Mikhaël Daher fut soutenue à la fin des années 80 aussi bien par Washington que par Damas, celle de Béchir Gemayel le fut en 1982 par les États-Unis et par Israël, « grand électeur » régional de l’époque. De même, René Moawad a bénéficié de l’appui conjugué des Américains, des Syriens et des Saoudiens, qui voyaient en lui la personne idéale pour appliquer à la lettre l’accord de Taëf. Enfin, après l’assassinat de René Moawad, Washington n’a manifesté aucune opposition au choix d’Élias Hraoui, encore moins à celui du général Émile Lahoud.
Par conséquent, s’il est encore prématuré de faire des pronostics quant à l’identité du prochain président libanais, un fait est sûr : l’Administration américaine voudra certainement intervenir dans le choix d’un candidat qui devrait a priori lui convenir. La Syrie agira de même, quel que soit l’état – bon ou mauvais – de ses relations avec les États-Unis.
Les deux parties doivent tenir compte en effet du fait que l’un et l’autre décideur sont en mesure d’exercer une influence positive ou, au contraire, négative sur la situation interne au Liban. La source informée estime ainsi que le prochain président de la République devra nécessairement être en bons termes aussi bien avec Damas qu’avec Washington. Cela signifie qu’il aura à tenir compte à la fois des intérêts américains et syriens dans le pays.
En conclusion, il est évident que l’élection du chef de l’État devra être approuvée par ces deux décideurs, sachant que chacune des deux parties jouit effectivement d’un droit de veto dans le choix des candidats. De fait, l’une et l’autre sont en mesure de se causer mutuellement des ennuis au Liban. Autant donc éviter une situation néfaste pour les deux pays.

Émile KHOURY
Nul n’est en mesure de prévoir actuellement si le mandat du président de la République, le général Émile Lahoud, sera prorogé ou renouvelé, du fait que les « grands électeurs » ne sont évidemment pas libanais.Selon une source bien informée, si l’élection à la première magistrature de l’État devait avoir lieu aujourd’hui, les chances d’une prolongation du...