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CORRESPONDANCE Le « Casse-Noisette » russe, un rituel du Noël américain (photos)

WASHINGTON-Irène MOSALLI
Les USA ne seraient pas les USA sans la dinde de «Thanksgiving» et le ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski associé au rituel de Noël. La première célébration remonte aux pionniers qui avaient consacré le dernier jeudi du mois de novembre pour rendre grâce à Dieu de leur nouvelle vie sur le Nouveau Continent. Par ailleurs, la société que ces pionniers ont développée s’est avérée être un terrain plus fertile à l’œuvre du célèbre compositeur russe que celui de son pays d’origine. L’histoire de cette émigration artistique est relatée dans un ouvrage qui vient de paraître sous le titre La Nation Casse-Noisette signé Jennifer Fisher.
Au départ, Tchaïkovski avait reçu une commande pour une musique de ballet basée sur un conte de Hoffmann, Le Casse- noisette et le roi des souris, réécrit par Alexandre Dumas. Il lui est précisé que la partition doit être ainsi dosée : un peu de « musique mystérieuse et tendre » et beaucoup de «musique fantastique et grandiose allant crescendo ». Il acquiesce.

Grâce à Georges Balanchine
La première du ballet (chorégraphie de Marius Petipa) a lieu en 1892. La critique russe boude ce ballet où il y a trop d’enfants et pas assez de sophistication. Ici pas de princes, de sylphides ou de cygne fait femme. On dira de ce spectacle qu’il est « une pantomime absurde ne pouvant plaire qu’à des spectateurs sans culture». Mais lorsque Casse- Noisette traversera l’Atlantique pour être représenté à San Francisco en 1944, il séduira le public américain qui se reconnaîtra dans cette évocation d’une veillée de Noël réunissant les membres d’une famille de la classe moyenne. Il l’aimera davantage, dix ans plus tard, lorsqu’un émigré d’origine russe, Georges Balanchine, lui donnera ses lettres de noblesse en signant une chorégraphie dédiée au New York City Ballet. Il y ajoute de l’humour, de l’éclat et des effets spéciaux.
Alors tout le pays entre dans la danse et chacun monte à sa manière (dans les théâtres, les auditoriums universitaires des divers États) Casse-noisette durant la période des fêtes de Noël. La tradition s’installe et se personnalise même. Dans le Michigan, Clara, la petite fille qui rêve au pied de l’arbre de Noël, devient écossaise, à Harlem elle visite un night-club de jazz, le Club Sweet, au Canada tout se déroule dans un décor victorien.
Auparavant (en 1940), l’Amérique avait eu un avant-goût de ce ballet avec le film Fantasia, produit par les studios Disney. Dans ce dessin animé, on pouvait voir les fleurs, les champignons et les feuilles des arbres tourbillonnant au son de cette partition.
Jennifer Fisher, qui explore ce sujet de fond en comble dans Nation Casse-Noisette, dépasse l’impact attrayant et féerique de ce spectacle et révèle aussi un autre de ses atouts, lucratif cette fois. Pour la plupart des compagnies, les recettes des représentations de ce ballet constituent le tiers de leur budget annuel.
Autre fait à signaler pour les non-initiés : lorsque Tchaïkovski a composé cette musique, il pleurait la mort de sa sœur. L’adagio du deuxième acte est similaire à une prière psalmodiée durant le service funèbre de l’Église russe orthodoxe.
Et comme ici, plus qu’ailleurs, Noël ne cesse jamais de faire rêver, le Kennedy Center a programmé, pour ce mois de décembre, un Casse-Noisette somptueusement vu par le Ballet Kirov.
WASHINGTON-Irène MOSALLILes USA ne seraient pas les USA sans la dinde de «Thanksgiving» et le ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski associé au rituel de Noël. La première célébration remonte aux pionniers qui avaient consacré le dernier jeudi du mois de novembre pour rendre grâce à Dieu de leur nouvelle vie sur le Nouveau Continent. Par ailleurs, la société que ces...