Il reste que le report des municipales pourrait être motivé par les éléments suivants :
– Des bouleversements régionaux, en raison de la situation en Irak ou d’une flambée aiguë du conflit israélo-palestinien se répercutant au Liban-Sud, à l’ombre de relations syro-américaines tendues.
– La nécessité de prévenir une exacerbation dangereuse des rivalités traditionnelles, souvent interfamiliales, dans les agglomérations. Où le huis clos accentue l’intensité des bras de fer bien plus que dans les législatives. Ces confrontations pourraient mettre en péril la stabilité sécuritaire intérieure, priorité des priorités. Et se répercuter de manière négative sur la présidentielle.
– D’ailleurs, il est risqué, en termes de stabilité, d’organiser au cours d’une même année deux échéances électorales escortées de slogans mobilisateurs de combat.
– La Chambre pourrait accuser du retard dans l’adoption de la nouvelle loi des municipalités. Et des voix s’élèveraient pour souligner qu’il est préférable, et plus logique, d’organiser les élections sous le régime des nouvelles dispositions.
– De même, l’approbation du budget 2004 pourrait tarder. Paradoxalement parce que les députés, accaparés par la campagne des municipales, sauteraient des séances. On choisirait alors de reporter les municipales, pour ne pas entraver le budget. De plus, si la loi de finances n’est pas votée avant la date fixée pour les municipales, celles-ci devraient être reportées. Car il n’y aurait pas de crédits. Pourquoi ? Notamment parce que le chef de l’État refuse l’échappatoire traditionnelle dite du douzième provisoire, permettant de dépenser en base des quotas mensuels du budget précédent, en attendant que le nouveau budget prenne place.
– Les frictions dues aux municipales peuvent facilement réveiller les vieux démons des querelles entre les dirigeants. Pour éviter cette rechute, pour prolonger la trêve, la Syrie pourrait conseiller le report des élections. Qui auraient lieu après les législatives de 2005. Cela étant, nombre de politiciens, qui ne souhaitent pas se contenter des assurances du ministre de l’Intérieur, invitent aujourd’hui l’Exécutif en bloc à dévoiler clairement ses intentions. Pour savoir sur quel pied danser et s’il faut ou non s’engager dans une campagne électorale pour les municipales. Qui s’accompagnent, comme on sait, d’élections de moukhtars, tout aussi importantes en termes d’influence pour les politiciens.
Émile KHOURY
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