Le lieu est magique, silencieux, majestueux. Aujourd’hui plus bavard, car en ébullition pour accueillir l’événement de ce soir : « la » nocturne de l’année. À côté des immortels, sublimes et immuables figures de l’Antiquité, à côté des objets précieux, aussi précieux que leur histoire et leur âge, les responsables et les jeunes créateurs libanais s’activent. Mise en place de leurs créations, installation, sous l’œil exigeant de Jean-Marc Bonfils, membre du comité. « Pourquoi cette nocturne ? » demandent encore certains. Tous les prétextes nobles sont bons pour fixer les projecteurs sur notre Musée national, sans doute une de nos plus grandes vraies richesses, et la nocturne en est un. Pour, aussi, encourager les Libanais à prendre de nouvelles habitudes, comme celles de visiter et revisiter ce lieu sacré, redonner au musée la place d’honneur qu’il mérite et stimuler la culture dans un pays en manque.
Un événement attendu
Après la Boutique du musée, créée dans un but non lucratif, les revenus allant directement à la maintenance et la remise en état des objets, l’idée d’un événement annuel, un soir du mois de décembre, s’est imposée comme une évidence. « Comme les années précédentes, nous avons voulu créer plusieurs événements autour de cette soirée », explique, passionnée, la présidente du comité, Randa Daouk. Et l’événement est à la hauteur de nos attentes, car une année, c’est long ! Des mois de travail, d’organisation, de conception puis de réalisation pour nous offrir un moment de plaisir des yeux et des sens.
Au programme : une exposition de bijoux, « empruntés » aux réserves du musée et exposés pour la première fois, jusqu’au 15 janvier, a été préparée par la Direction des antiquités. Hommage au passé. En hommage au présent et pour intéresser les 25 à 35 ans qui ne fréquentent pas encore régulièrement ce haut lieu du souvenir, et vu le succès de l’initiative, 24 créateurs installent leurs œuvres pour la deuxième année. « Nous avons voulu insuffler un côté design à la boutique avec des créations exclusives inspirées du musée. Des objets utiles et beaux, exécutés par des artisans libanais seront exposés toute l’année », précise Randa Daouk. Les créateurs Alain Abboud, Daisy Abi Jaber, A.C.I.D., Caroline Ayyoub, Mouna Bassili Sehnaoui, Nicole Bersuder, Charalampos Chaitas, Imad el-Khoury, Joseph T. el-Khoury, Maria Helios, Amal Michelle Kamel, Hilda Kelekian, Léna Kelekian, Nathalie Khoury, Randa Kuzbari, Maryse Mokdessi, Carla Nader, Jihad Ramadan, Mima Salloum, Rasha Salti-Reed, Samer Sinno, Hagop Sulahian, Tamyras et Lamia Ziadé vont donc rejoindre le musée et sa boutique et dévoiler leur travail ce soir. Enfin, un documentaire réalisé par Bahij Hojeij et Youmna Itani, À la découverte du Musée II, faisant suite à un premier film produit en 2001, sera présenté au public. Après les figurines de Byblos, la mosaïque, les bijoux, le verre, le pourpre, la statuaire, les sarcophages et la céramique, la « coroplastie » et l’écriture seront les deux thèmes de l’année.
Un rendez-vous à ne pas rater, alors, pourquoi pas plus qu’une nocturne par an ? « L’aspect “ événement ” est très important et nécessaire, et exige des mois de préparation. D’autre part, pour pouvoir ouvrir le soir, il faut une infrastructure que nous n’avons malheureusement pas. Les Libanais peuvent toujours venir au musée les samedis et dimanches », conclut la présidente du comité. Et tous les jours de la semaine, sauf les lundis, de 9h à 17 h.
En attendant, à ce soir pour une nuit qu’on nous promet magique !
Carla HENOUD
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