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SIGNATURE D’OUVRAGE - « Dictionnaire de l’architecture au Liban, au XXe siècle », de Gebran Yacoub Une chronique fidèle à la gloire des bâtisseurs(PHOTOS)

C’était hier à l’Ordre des ingénieurs et des architectes, Bir Hassan, que Gébran Yacoub a présenté et signé son ouvrage intitulé Dictionnaire de l’architecture au Liban, au XXe siècle. Dix décennies qui ont donné à l’art de bâtir une place éminente comme moteur de l’évolution sociale et soumis les générations à ses desseins. La ville se développe, les faubourgs se densifient et dans le contexte de ses composantes rurales et urbaines, la grande mutation s’opère, ouvrant la voie à une nouvelle manière de vivre et offrant à l’homme un nouveau monde. Le siècle sera bâtisseur.
Faisant suite aux trois tomes de la série Architectures au Liban, publiés entre 1985 et 1995, le Dictionnaire de l’architecture au Liban, au XXe siècle se présente comme une œuvre majeure de la maison d’édition Alphamedia. Son élaboration a mobilisé pendant quatre ans une équipe de 60 chercheurs, rédacteurs, archivistes et photographes et a nécessité plus de 2 000 entrevues avec des professionnels. Trilingue (arabe /français / anglais), l’ouvrage déroule 1 104 pages, quelque 2 500 illustrations dont 52 peintures, et raconte, par ordre chronologique, 101 années de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme au Liban. De 1900 à 2000, chaque année aura droit à une page sur laquelle figurent tous les projets ayant marqué le paysage. Dans la seconde partie, quelque 2 000 notices sont classées par ordre alphabétique, donnant aux artisans de l’espace, libanais ou étrangers, le droit de figurer aux côtés de leurs réalisations. Elles contiennent un florilège de renseignements sur les grands travaux entrepris au cours des dix dernières décennies, mais aussi sur divers secteurs (eau, cinéma, industrie...), sociétés ( Dar al-Handasah, Dar el-Amara...) et institutions (Alba, DGU, AUB, CDR), qui ont eu leur part d’implication dans la production architecturale. Ainsi, le lecteur peut chercher une information en partant du nom d’un architecte ou d’un thème. Des encadrés, reproduisant les œuvres internationales majeures de la même époque et mettant en exergue les principales écoles et tendances, viennent en complément. « Je me suis évertué à rester objectif, ne conservant de mon métier d’architecte que le regard curieux d’un chroniqueur averti, à l’affût d’une information susceptible d’enrichir son œuvre. J’ai aussi parcouru l’ensemble du territoire libanais, découvrant ses particularités et ses architectures-reflets de sa diversité socio-culturelle, de ses inépuisables ressources, ainsi que du potentiel, des réussites et parfois même des errances des bâtisseurs qui, par leurs actes et leurs conceptions, ont marqué le pays », révèle l’auteur.
Destiné à un large public, aussi bien spécialiste que profane, l’ouvrage se propose d’apporter des réponses précises à des questions concernant la réalisation des bâtiments qui font partie de notre environnement. Nous saurons, à titre d’exemple, que Casino Piscine Aley a été construit par Toufic Douleikan en 1930 et que la même année l’usine de carrelages et d’aggloméré en ciment de Fouad el-Khoury a remporté une médaille d’or à l’Exposition internationale de Paris. Que l’hôpital Rizk et l’immeuble Lazarieh sont l’œuvre d’André Leconte. Et qu’Antoun Tabet, marqué par l’influence d’Auguste Perret, avait collaboré avec d’autres spécialistes français à la réalisation d’une des premières architectures modernes de la capitale : l’hôtel Saint-Georges. Le Parlement, l’horloge Abed et la cathédrale Saint-Paul des grecs-catholiques, à Harissa, avaient été dessinés par Mardiros Altounian, un des premiers architectes locaux à avoir été diplômé de l’École des beaux-arts à Paris. À l’instar de la municipalité et de la tour du Sérail, l’hôpital Trad est l’œuvre de Youssef Aftimos. L’immeuble Asseily (1957), place Riad el-Solh, est attribué à Giorgo Ricci et Georges Araman. Le Collège protestant, à Michel Écochard. Le Starco (1957), au cabinet suisse, Addor et Julliard. Le bâtiment du ministère des Finances (1957), à Joseph Philippe Karam. Le ministère de la Défense, à Maurice Hindié et André Wogensckye. Le ministère du Tourisme et l’immeuble de la Pan American, à Assem Salam.
L’hôpital du Sacré-Cœur, Hazmieh, à Michel Écochard et Henri Eddé. La structure du Pavillon de la Foire de Tripoli est signée Oscar Niemeyer. Les palais de l’Unesco (1947) et de justice (1955), à Farid Trad. Khalil Khoury, Grégoire Sérof et Raoul Verney ont dessiné le Collège des Frères Mont La Salle (1970). Maurice Zuber et Mounir Saroufim, le centre balnéaire Portémilio. Simone Kosremelli, Les Créneaux. Erga Group, le siège de l’Ordre des médecins, avenue du président Élias Hraoui. Rodolphe Élias, les silos céréaliers du port de Beyrouth. Et brandi comme un trophée au seuil du XXIe siècle, le siège de la Banque du Liban et d’Outre-Mer réalisé à la rue de Verdun en 1997, par cheikh Pierre el-Khoury.
Ces architectes, et tant d’autres, qui à travers leurs destinées qui se succèdent et s’entrecroisent, ont laissé à leur manière les traces indélébiles d’une époque. D’une expression de l’air du temps, des ambitions politiques et sociales.

May MAKAREM
C’était hier à l’Ordre des ingénieurs et des architectes, Bir Hassan, que Gébran Yacoub a présenté et signé son ouvrage intitulé Dictionnaire de l’architecture au Liban, au XXe siècle. Dix décennies qui ont donné à l’art de bâtir une place éminente comme moteur de l’évolution sociale et soumis les générations à ses desseins. La ville se développe, les...