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CONCERT - À l’Assembly Hall – AUB Faste vocal ibérique avec Carmen Serrano(PHOTO)

En droite ligne de Cordoue, capitale de la dynastie des Omeyades, deux musiciens au talent merveilleux ont fait briller toutes les couleurs de l’Espagne sous le chapiteau de l’Assembly Hall (AUB). Organisé par l’Institut culturel Cervantès, un concert de bel canto a donné l’occasion aux mélomanes libanais (bien nombreux ce soir-là) d’écouter un répertoire lyrique foncièrement ibérique. Sur scène, la soprano Carmen Serrano accompagnée au piano par Antonio Lopez Serrano pour traduire le faste vocal ibérique et ses nuances belcantistes. Vêtue d’une robe longue style Empire en soie couleur bordeaux (cachant à peine l’attente d’un heureux évènement !), avec bustier-boléro piqué de perlettes sur fond de dentelle, bijoux discrets au cou pour un décolleté généreux, cheveux noirs noués en catogan bas à l’espagnole, la cantatrice, tout en gestes gracieux, a offert aux auditeurs un florilège d’œuvres (inconnues pour la plupart de nos auditeurs) au parfum du pays d’Aragon, d’Andalousie, de la Galice, de la Castille et de la Catalogne…
Six canciones de Cordoue (bien entendu comme un hommage à la ville natale de Serrano) pour ouvrir le bal des notes signées Valero, Reyes et Medina. Vivacité et langueur pour des mélodies suaves et tendres aux éclats furtifs comme des flammèches qui s’éteignent dans le velours de la nuit. Des cris du cœur à ceux des arènes, une même clameur, un même élan, une même détresse, un même espoir, une même lueur de vie…
Changement d’horizon, tout en demeurant dans le royaume de Ferdinand le Catholique, pour atteindre l’Argentine. Rives ensoleillées et chaleureuses pour deux autres canciones mêlant tristesse, nostalgie, spleen, complaintes et soupirs, signées Guastavino et Ginastera. Toujours dans le sillage de l’Amérique latine, pause au Pérou, le temps de dire, une fois de plus, mais differemment, la joie et le malheur d’aimer sur un tempo alerte et populaire dans la langue de Granados.
Après un bref entracte, place aux romances. Des romances alliant tragique et ludique qui sentent à profusion les effluves enivrants des jardins fleuris de l’Espagne. Des romances qui parlent de veillées baignées de clair de lune et qui embaument l’œillet et l’aguardiente, cette eau-de-vie qui brûle avec tant de plaisir le fond du palais… Chant vibrant qui magnifie en termes éloquents les premiers rayons du soleil et ses espoirs (un air signé Alonso) ainsi que les flots de la mer sur un rythme de barcarolle (chanson portant la griffe de Ruperto Chapi). Moment de détente pour la cantatrice et de bravoure pour le clavier qui prend le relais en solo. Encore un hommage à Cordoue à travers le morceau d’Isaac Albeniz au tempérament de pianiste inspiré. Premières mesures tranquilles pour des notes au grave inquiétant. Et peu à peu la mélodie se dégage des accords nerveux pour s’imposer en des accents véhéments et flamboyants. Panache d’une œuvre puisée au cœur même de l’esprit hispanique. Retour aux passionnés « te quiero » pour terminer avec une sémillante romance La Calesara admirablement chantée par Carmen Serrano à la voix ductile, puissante et paillettée d’or. En bis, pour un auditoire ravi et conquis, une composition de Garcia Lorca. Poésie et intermittences du cœur font bon ménage chez l’auteur de Noces de sang, turbulent écrivain arrêté par la Garde civile franquiste et fusillé. Un air qui chavire et où la force des mots s’aligne en toute harmonie au creux des notes volées aux nuages et aux drames de la vie. C’est avec un talent de chanteuse et de comédienne que Carmen Serrano restitue toute la fraîcheur et l’émotion d’une œuvre empreinte du bonheur et de la chance d’aimer. Entre trilles et vocalises, elle a brusquement toute la grâce, la séduction et l’aura d’une danseuse flamenco. Même en cherchant le célèbre contre-ut d’un air qui se termine haut et fort...
On salue bien bas cette belle soirée musicale, une des meilleures organisées par l’Institut Cervantès.
Edgar DAVIDIAN
En droite ligne de Cordoue, capitale de la dynastie des Omeyades, deux musiciens au talent merveilleux ont fait briller toutes les couleurs de l’Espagne sous le chapiteau de l’Assembly Hall (AUB). Organisé par l’Institut culturel Cervantès, un concert de bel canto a donné l’occasion aux mélomanes libanais (bien nombreux ce soir-là) d’écouter un répertoire lyrique...