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Courrier Ce regard qui portait tellement de rêve

À l’occasion du quarantième, dimanche, de notre collaborateur Rami Azzam, nous publions un éditorial écrit par un étudiant en troisième année de droit, Samer Ghamroun, et publié dans la revue de la faculté de droit de l’USJ, Béryte, dont Rami était l’un des cofondateurs :
La faculté de droit pleure celui qui l’a tant marquée.
Béryte pleure celui qui, avec quelques amis, l’a fondée. Celui qui a été – et restera toujours – son esprit, son inspiration.
J’étais encore écolier. Je cherchais avec un ami des étudiants avec lesquels nous pourrions réfléchir, qui pourraient nous apprendre quelque chose de crédible sur cette vie estudiantine qui pointait à l’horizon. Les noms proposés étaient rares. Deux ou trois. Mais celui de Rami y figurait toujours.
Première vision. Un après-midi de février. Je quittais rapidement l’école pour aller à la rencontre de celui qui n’était encore qu’un nom si lourd de promesses. C’était à Tabaris. Il y avait d’abord Michel. À côté de lui, un grand jeune homme. Les yeux de ce jeune homme m’intriguaient. J’avais du mal à comprendre comment des yeux si rêveurs pourraient parler de mouvement estudiantin, de politique. Ils semblaient destinés à un monde d’idées et de poèmes. Ces poèmes qu’il devait écrire... Mais n’était-ce pas là le paradoxe de Rami ?
Et il avait parlé de tout. De la scène estudiantine qu’il savait si bien analyser, du rôle politique de la faculté, d’une certaine revue qu’il venait de créer et qu’il voulait à tout prix libre et indépendante pour qu’elle ne serve pas les intérêts des uns et des autres. Il nous dévoila ses nombreux projets, ses espoirs que nous partagerons, travaillerons pendant le temps qui suivra, qui restera...
Deuxième vision. La veille des élections estudiantines. Rami à la tête d’une table. Sa place. La même poésie dans ses yeux, doublée d’une détermination, d’une force immense. Un engagement infaillible dans un projet, le sien. Nous étions présents et avons vu. Nous avons vu la force honnête, la force digne qui ne plie pas devant les exigences de l’urne. Mais je ne ferai pas ici l’étalage de tout ce qui a été vu. Rami l’aurait sans doute réprouvé. Je me limiterai à dire que Rami Azzam constituera toujours la preuve la plus concluante qu’il est possible de s’engager, de se jeter dans l’arène sans enfreindre les règles de l’éthique, de la probité, de la qualité, qu’il est même possible de s’engager au nom de ces règles. Rami en payera d’ailleurs le prix.
Dernière vision. Un soir d’octobre. Un cercueil blanc que rendaient difficile à voir les larmes mal retenues. Les amis pleuraient l’homme, si bon, si vrai. Les étudiants pleuraient le chef si juste, si intègre. La société pleurait le citoyen si engagé, si prometteur. Les idées pleuraient le penseur, le poète.
Rami est peut-être parti. Mais il nous laisse l’idée. L’idée et la conviction que les hommes de bien naissent, existent dans ce bas monde. La certitude qu’ils produisent et donnent à nos sociétés. Et l’espoir qu’ils en prendront un jour la tête. Adieu Rami.

Samer GHAMROUN
À l’occasion du quarantième, dimanche, de notre collaborateur Rami Azzam, nous publions un éditorial écrit par un étudiant en troisième année de droit, Samer Ghamroun, et publié dans la revue de la faculté de droit de l’USJ, Béryte, dont Rami était l’un des cofondateurs : La faculté de droit pleure celui qui l’a tant marquée. Béryte pleure celui qui, avec quelques...