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Présidentielle - La majorité fera ce qu’elle voudra pour la reconduction Bkerké n’entrera pas, cette fois, dans le jeu des noms

Pressé de toutes parts, le patriarche Sfeir avait consenti par le passé à présenter une liste de candidats plausibles pour la présidentielle. Il n’en avait été tenu aucun compte, et l’on n’en avait même pas discuté avec lui ! Aussi, cette fois, il n’a nulle intention de livrer son point de vue nominal ni, par conséquent, de soutenir activement des candidatures déterminées. Se contentant d’exprimer les constantes comme les qualités requises d’une manière générale.
Pour ce qui est de l’amendement de l’article 49, c’est-à-dire de la reconduction, le prélat est contre, comme on sait. Mais il ne se dressera pas contre la majorité ministérielle et parlementaire si elle devait opter pour la prorogation. Il ne fera pas campagne et laissera ce soin aux pôles politiques, dont c’est le métier. C’est la même attitude de principe dissociatoire qu’il adopte en réalité toujours. Même en 1992, bien que manifestement favorable aux boycotts des législatives, et bien que permettant des rassemblements instantanés de contestation, il n’avait pas personnellement lancé un appel dans ce sens précis. Il avait simplement prié chaque candidat comme chaque électeur d’agir selon sa conscience, pour servir le meilleur intérêt du pays.
Pour revenir au temps présent, une source cléricale répète qu’à côté des qualifications, ou avant même, il y a les constantes nationales. Bkerké maintient ses fermes demandes à ce propos. Et jugera in petto les postulants suivant leurs programmes. À ce propos, un détail, une nuance : dans un pays où le président n’est pas élu au suffrage universel, la Constitution n’oblige évidemment pas les candidats à se déclarer. Ni, à plus forte raison, à exposer leurs programmes. De plus, le système Taëf attribue au Conseil des ministres, donc pratiquement au gouvernement, la responsabilité exécutive. Et par conséquent, lui enjoint d’établir un plan d’action, présenté à l’approbation de la Chambre sous forme de déclaration ministérielle.
Naturellement, l’assemblée des évêques maronites, qui prolonge la voix de Bkerké, devrait détailler à l’adresse de l’opinion les objectifs que l’on souhaiterait voir le prochain président cibler. Les promesses éventuelles des candidats ne seraient prises en compte que dans la mesure où ils jouiraient d’une forte crédibilité. Pour tout soutien implicite, ou explicite, de la part de l’épiscopat. Comme il est évident que le court laps de temps qui demeure ne permet pas la réalisation des demandes sous le présent régime, tout l’espoir est mis dans le prochain. Les élections municipales de l’an prochain vont accaparer l’attention de la classe politique comme de l’opinion, en attendant la présidentielle. Aux yeux de Bkerké, la phase actuelle est donc transitoire, servant simplement à expédier les affaires courantes. Comme l’illustre d’ailleurs le projet minimal de budget établi par le pouvoir lui-même.
Faisant écho aux vues, et aux vœux, de Bkerké, de nombreux professionnels insistent sur le soin à apporter au choix du prochain président. Comme au programme de redressement que le premier gouvernement du nouveau régime devra enclencher. Afin de rétablir la confiance, extérieure et intérieure, élément essentiel pour tout sauvetage. Dans le même esprit, et dans la foulée de la présidentielle, il faudra que la prochaine Chambre, qui doit être élue en 2005, soit vraiment légitime, réellement représentative, sans parachutages. À cet effet, il est nécessaire de préparer une nouvelle loi électorale, équitable autant qu’équilibrée. Le patriarche Sfeir et l’assemblée des évêques n’ont jamais cessé d’insister sur ce point tout à fait capital. Car sans vraie représentation parlementaire, il est évident qu’on ne saurait accomplir de réforme, politique ou autre.
Une fois la normalisation accomplie au niveau des institutions comme du système, une fois que la raison et le modérantisme auraient prévalu, il y aurait peu de chances que les pôles laïcs, les professionnels du cru, continuent à avoir besoin de recourir aux instances religieuses, pour combler en partie le déficit flagrant de la vie politique.

Émile KHOURY
Pressé de toutes parts, le patriarche Sfeir avait consenti par le passé à présenter une liste de candidats plausibles pour la présidentielle. Il n’en avait été tenu aucun compte, et l’on n’en avait même pas discuté avec lui ! Aussi, cette fois, il n’a nulle intention de livrer son point de vue nominal ni, par conséquent, de soutenir activement des candidatures...