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« Des Services sont derrière mon arrestation », affirme le PDG de la NTV

Le PDG de la New TV (NTV), Tahsin Khayat, a accusé hier des services de renseignements qu’il n’a pas nommés d’être derrière son arrestation au cours du week-end passé, tout en assurant que le chef de l’État « n’a rien à voir » avec toute cette histoire. Il avait été arrêté samedi soir par la justice militaire pour « contacts présumés avec Israël et atteinte aux relations avec des pays amis ». Il avait été relaxé 24 heures plus tard et avait été ramené à son domicile par l’ancien Premier ministre, Omar Karamé.
« Des services de renseignements sont derrière mon arrestation, mais la justice a constaté qu’il n’y avait rien dans le dossier et j’ai été entièrement disculpé », a déclaré Tahsin Khayat à l’AFP. « Je considère que cette affaire a plus affecté le crédit du pouvoir libanais que ma réputation », a-t-il ajouté. Il a même été plus loin. Dans une interview recueillie par l’agence al-Markaziya, il a affirmé que « le préjudice infligé au chef de l’État est bien plus grand que celui dont j’ai souffert. Le chef de l’État n’a rien à voir avec mon arrestation, dont le responsable direct est le directeur du service de renseignements qui m’a interpellé. Pour qui travaille ce directeur ? Il faut le lui demander. Et ce que ce directeur a fait a causé un grand tort au président de la République – un tort sans doute prémédité », a accusé le PDG de la NTV.
Pour ce dernier, sa rocambolesque aventure du week-end ne changera en rien la politique ou les positions adoptées, souvent vigoureusement, par sa chaîne de télévision. Tahsin Khayat faisait par là allusion au scandale de la banque al-Madina, après avoir estimé dimanche que son arrestation était liée à la couverture par la NTV de cette sulfureuse affaire. Révélant même que peu avant sa détention, il avait reçu des menaces de la part de parties concernées par l’affaire al-Madina.
Interrogé sur le point de savoir si ce qui s’est passé était une erreur accidentelle ou bien un acte prémédité, Tahsin Khayat a assuré que « ce n’était pas une erreur, mais un péché, parce que ceux qui sont derrière tout cela ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et se moquent des intérêts de l’État, des institutions ou du pouvoir. D’ailleurs, le plus grand péché est que ces personnes continuent d’occuper les postes qui sont les leurs », a-t-il asséné.
Prié de commenter les propos du procureur général, Adnane Addoum (selon lequel Tahsin Khayat a été libéré sous caution d’élection de domicile sans bénéficier d’une quelconque relaxe), le PDG de la NTV a indiqué que l’enquête « est close » et que son « innocence a été proclamée ». Ajoutant qu’il allait appeler sous peu le procureur Addoum pour des éclaircissements, sachant que le procès-verbal qu’il a signé au moment de sa libération stipulait clairement sa « totale innocence concernant l’ensemble des accusations », ainsi que la clôture du dossier. Sur quoi s’est basée l’enquête ? « C’est une enquête futile, sans but, superficielle. On m’a posé des questions sur mes relations personnelles avec de nombreux pays arabes, notamment le Qatar. Comme si les liens avec ce pays sont devenus synonymes de collaboration. Et même ce qui a été dit à propos d’Israël n’a pas été mentionné dans le cadre de l’enquête », a-t-il précisé.
Qu’est-ce que ces 24 heures de détention ont changé en lui ? « Elles ont décuplé ma volonté de lutter pour des réformes accélérées et de combattre la corruption et les corrompus. Des réformes qui doivent toucher en priorité les enquêteurs, parce que leurs méthodes sont franchement désolantes. J’en parlerai avec le ministre de la Défense dès mon retour d’Abou Dhabi, en souhaitant qu’il entame la réforme par les méthodes d’enquête, particulièrement nuisibles pour les Libanais et pour la vérité », a-t-il conclu.

Les réactions
Quant aux réactions, elles ont continué de se multiplier, 24 heures après la libération du PDG de la NTV. L’ancien Premier ministre, Sélim Hoss, s’est demandé : « Quelles sont les limites du pouvoir arbitraire des parquets ? » et si le parquet militaire « n’aurait pas pu mener son enquête sans arrêter la personne concernée et sans créer tout cet imbroglio autour d’elle », sachant, a-t-il souligné, que « la dignité humaine est un droit dont un citoyen est censé jouir dans son propre pays ».
Pour l’ancien locataire du Sérail, l’arrestation d’un citoyen – qu’elle soit destinée aux besoins de l’enquête ou qu’elle soit préventive – avant toute enquête « équivaut à une condamnation anticipée aux yeux de l’opinion publique ». « Personne – fût-il le procureur général – n’a le droit de faire cela, de souiller la réputation de quelqu’un et d’attenter à sa dignité, avant de faire toute la lumière sur les faits qu’on lui reproche », a affirmé Sélim Hoss.
Le mouvement du Renouveau démocratique de Nassib Lahoud a vivement condamné « le préjudice porté à la justice » après l’arrestation de Tahsin Khayat. « Une arrestation qui vient s’ajouter au registre du pouvoir, déjà bien surchargé durant les dernières années en tentatives d’utilisation de la justice à des fins et à des règlements de comptes politiques », accuse le communiqué du RD. « Le plus grave n’est pas le coup porté à la réputation de Tahsin Khayat : les prochains jours prouveront bien son innocence, d’autant que toute personne qui le connaît n’a pas cru un mot de cette accusation de collaboration avec Israël. Le plus grave, c’est cette facilité et cette légèreté avec lesquelles on lance une accusation aussi grave contre un citoyen, pour, 24 heures plus tard, le libérer », ajoute le communiqué.
Le RD s’est ensuite interrogé sur le degré de crédibilité de l’État, du pouvoir, de la justice et des services de sécurité « lorsque l’accusation de collaboration avec l’ennemi devient toute prête à être lancée, complètement hors sujet, arbitraire et à des fins politiques ».
Quant au député du Metn Pierre Gemayel, il a estimé qu’après « la mascarade » de l’arrestation et de la libération, 24 heures plus tard, du PDG de la NTV, « de très nombreuses questions se posent et attendent que les principaux concernés y répondent ». Question essentielle : « Qui pourrait redonner à la justice son respect et redonner à celui qui a subi un préjudice moral sa dignité ? » s’est demandé le jeune député.
Enfin, Samir Frangié, l’un des piliers de Kornet Chehwane, a estimé que « notre justice est devenue un outil entre les mains du pouvoir. Son fonctionnement perturbe fortement le corps judiciaire dans un pays où le mot d’ordre du pouvoir est de rétablir l’État de droit. Ces interventions du pouvoir politique sont devenues monnaie courante, mais les choses ont pris un aspect beaucoup plus grave en raison des charges énormes portées contre M. Khayat », a-t-il ajouté.
Le PDG de la New TV (NTV), Tahsin Khayat, a accusé hier des services de renseignements qu’il n’a pas nommés d’être derrière son arrestation au cours du week-end passé, tout en assurant que le chef de l’État « n’a rien à voir » avec toute cette histoire. Il avait été arrêté samedi soir par la justice militaire pour « contacts présumés avec Israël et atteinte...