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Tabbarah a convoqué Jean Fahd, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire L’affaire Khayat, un nouveau muselage par le pouvoir et le tuteur syrien

Durant les quatre dernières années, on parlait volontiers, lorsque l’on évoquait les inventions et autres chefs-d’œuvre de l’État et du pouvoir, de plaisanteries, de mascarades, de farces, de burlesque, de kafkaïeries, de chaplineries (avec le talent, bien sûr, en moins), de ridicule... Après l’arrestation stridente du PDG de la NewTV pour collaboration avec Israël et sa libération 24 heures plus tard, c’est désormais du grand-guignol.
Un : la justice libanaise en est ressortie, une énième fois, lessivée, humiliée, bafouée. Le corps judiciaire, formé dans sa très grande majorité (silencieuse) d’hommes et de femmes talentueux et d’une indiscutable probité, continue de payer très cher le prix des turpitudes d’un pouvoir apprenti sorcier, qui a fait de la justice sa poupée, son outil, et qui n’a toujours pas compris à quel point cela use et érode un État, et délite une nation. À quand une bénéfique grève du corps judiciaire ? Sans compter que le procureur général, Adnane Addoum, si prompt contre Tahsin Khayat il y a deux jours, l’a totalement innocenté hier, allant jusqu’à affirmer dans un communiqué publié en fin d’après-midi que l’affaire n’a rien à voir avec le scandale d’al-Madina – qui sent de plus en plus le soufre.
Deux : les médias et leurs patrons sont toujours les victimes préférées des fossoyeurs de l’État de droit. Après la prohibition de la MTV et le vol-invalidation dont a été victime son PDG, Gabriel Murr, et sans compter les épées de Damoclès que le pouvoir et ses sbires aiment à agiter au-dessus des têtes de tel ou tel magnat local, c’est Tahsin Khayat qui a écopé. En apparence. Essayer (et parfois réussir) à dynamiter les médias dans une pseudo-République parlementaire où prévaut une pseudodémocratie, c’est bien un comble.
Trois : la farce qui a été (sur)jouée ce week-end a eu au moins le mérite de montrer toute la poudre que Baabda, Aïn el-Tiné et Koraytem tentent de jeter aux yeux des Libanais. Les slogans quotidiennement répétés, jusqu’à l’écœurement – « il faut instaurer l’État de droit et respecter la démocratie ; la justice est indépendante, les institutions sont au service du citoyen, les relations avec la Syrie sont un choix stratégique, etc. » –, se sont, encore une fois, envolés en fumée. Les pyromanes sont les services de renseignements libanais et syriens – ces services (du moins les libanais) que les uns sont censés gérer, les autres contrôler.
Quatre : le crime le plus important contre la nation – i.e. la collaboration avec Israël – est désormais, par les œuvres du pouvoir en place, l’équivalent d’un simple délit, une accusation prostituée, galvaudée. Comment ne pas repenser, en toute légitimité, à Toufic Hindi, à ses interminables mois passés en prison, à Habib Younès, qui continue d’y croupir, et aux autres ?
Tahsin Khayat est réputé proche du chef de l’État, qu’il a totalement innocenté hier (voir par ailleurs). Une question se pose : comment un telle mascarade a-t-elle pu être orchestrée sans que le n° 1 de l’État ne soit au courant ? Sanctionnera-t-il les coupables ? À moins que le PDG de la NTV ne soit plus en très bons termes avec Émile Lahoud. Autre certitude : Tahsin Khayat est un ennemi intime de Rafic Hariri. Qui n’a aucune influence sur l’armée, et dont l’un des bras droits, le ministre de la Justice Bahige Tabbarah, a convoqué hier pour des explications le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Jean Fahd.
Quoi qu’il en soit, une chose reste acquise : cette affaire est un message. Encore un, destiné à museler encore plus, un maximum, et à mettre en garde. Les signataires sont connus : le pouvoir libanais et son tuteur syrien.
Ziyad MAKHOUL
Durant les quatre dernières années, on parlait volontiers, lorsque l’on évoquait les inventions et autres chefs-d’œuvre de l’État et du pouvoir, de plaisanteries, de mascarades, de farces, de burlesque, de kafkaïeries, de chaplineries (avec le talent, bien sûr, en moins), de ridicule... Après l’arrestation stridente du PDG de la NewTV pour collaboration avec Israël et...