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Vie universitaire - Création d’un « observatoire électoral » à la faculté des sciences politiques de l’USJ Volonté de changement, mais conduite conformiste : la dichotomie du milieu estudiantin

Au lendemain des élections estudiantines dans les facultés de droit et d’économie, un « observatoire électoral » à l’Institut des sciences politiques de l’USJ publie les résultats d’un sondage effectué auprès d’un échantillon de 130 étudiants des deux facultés.
Créé par des étudiants et des professeurs de sciences politiques, l’observatoire compare les résultats du sondage et celui des élections, qui ont vu la victoire de ce qu’il considère comme « le courant traditionnel ». Il parle à ce sujet d’une véritable « schizophrénie politique » qui se manifeste par la concomitance d’une « volonté réformatrice » et d’un comportement conservateur ou « traditionnaliste ».
En cela, le milieu estudiantin rejoindrait d’autres milieux politiques libanais, et notamment les milieux parlementaires, où la virulence des propos s’accomode volontiers, quand il s’agit d’agir, d’un grand conformisme.
Toutefois, le constat de l’observatoire doit être lui-même relativisé, puisqu’il suppose automatiquement que le changement est l’apanage des courants non traditionnels, et qu’un changement politique ne peut se produire sous l’impulsion de forces dites « traditionnelles ».
Relevons aussi trois résultats frappants de ce sondage : près du quart des étudiants interrogés sont partisans d’une « guerre de résistance » contre l’armée syrienne, un pourcentage sensiblement égal d’étudiants envisage de s’exiler du Liban, « en attendant des jours meilleurs », et le patriarche maronite est la figure nationale la plus populaire parmi les étudiants, alors que le président Émile Lahoud vient presque en dernier.
Voici les résultats du sondage ainsi que la suite des commentaires qui les accompagnent :
« 88 % des étudiants de droit et d’économie du campus rue Huvelin déclarent avoir un intérêt élevé pour la politique. Sur les 130 étudiants interrogés, uniquement 4 ont affirmé que les élections étaient sans intérêt pour eux, alors que 10 ont affiché leur dégoût de la politique.
« Cet intérêt pour la politique ne s’est toutefois pas avéré être de nature offensive, puisque 51 % des étudiants interrogés affirment que les jeunes doivent être prudents et réfléchis dans leur initiative, 29 % préfèrent défendre leur cause à travers des activités sociales, 8 % sont en faveur d’un engagement politique passionné et 11 % pour une action politique agressive. Uniquement 1 % préfèrent rester loin de la politique. Pourtant, 87% des répondants ne sont membres d’aucun parti politique.
« Pour ce qui est de l’importance relative des divers enjeux politiques et économiques sur une échelle de 0 à 5 (0 étant sans importance et 5 étant très important), les relations Liban-Syrie passent en premier, suivies des conditions socio-économiques (score de 4.26 et 4.25 respectivement). Taëf vient en dernier avec un score tout de même élevé de 3.14. Les résultats détaillés sont reproduits dans le tableau qui suit.
« À une question plus spécifique concernant la présence syrienne au Liban, 48 % des répondants considèrent qu’elle devrait être l’objet d’un rejet inconditionnel, alors que 25 % affirment qu’elle devrait être la cible d’une guerre de résistance et 21 % préfèrent qu’elle soit révisée à la lumière des circonstances économiques et sociales. Moins de 6 % accepteraient avec tolérance et patience la présence syrienne ou chercheraient à la renforcer. »

Un classement
des chefs de file
« En contradiction avec les scores élevés accumulés par les enjeux locaux et régionaux, le classement des chefs de file libanais varie entre 3.6 et 0.4, sachant que le patriarche Nasrallah Sfeir marque 3.6 points et le ministre Karim Pakradouni arrive à 0.4, points, talonnant le président Lahoud qui atteint 0.8 points sur 5. Ces résultats sont en contradiction directe avec les chiffres officiels publiés récemment. Le président du Conseil Rafic Hariri s’en tire, quant à lui, avec 1.4 sur 5. Hassan Nasrallah et Amine Gemayel sont ex aequo avec 1.89.
« Pour ce qui est de la loi électorale libanaise, bien que la majorité des étudiants (93 %) soit en faveur de sa modification, 40 % ne pensent pas qu’il faut baisser l’âge du vote de 21 à 18 ans.
« Dans ce climat de politisation élevée, rien ne garantit que nos jeunes seront les piliers du changement souhaité dans leur pays, puisque 51% veulent quitter le pays pour poursuivre leurs études et 23 % entendent s’exiler pour y retourner dans des jours meilleurs. 15 % des répondants affirment qu’ils resteront au Liban pour toujours. Qui plus est, parmi les 12 candidats porteurs de slogans de changement, 9 envisagent de “déserter” le pays !
« Dans un but de prévision électorale, une corrélation a été établie entre les orientations politiques des électeurs et celles des candidats. Contrairement aux prévisions, les candidats élus se sont avérés être ceux dont le profil correspondait le moins aux convictions des électeurs. Un phénomène contre-intuitif, mais qui peut être expliqué par un mouvement estudiantin qui baigne dans un laxisme implicite, un engagement explicite, et une dépendance absolue des courants traditionnels. »

Liban-Syrie
Au lendemain des élections estudiantines dans les facultés de droit et d’économie, un « observatoire électoral » à l’Institut des sciences politiques de l’USJ publie les résultats d’un sondage effectué auprès d’un échantillon de 130 étudiants des deux facultés.Créé par des étudiants et des professeurs de sciences politiques, l’observatoire compare les...