Rechercher
Rechercher

Actualités

Vie universitaire - Des candidats motivés se disputent la présidence des deux bureaux, rue Huvelin Élections très disputées aujourd’hui aux deux facultés de droit et d’économie

Les étudiants des deux facultés de droit et d’économie à l’Université Saint-Joseph (USJ, campus des sciences sociales, rue Huvelin) éliront aujourd’hui leurs représentants au sein de l’amicale estudiantine de l’université. Des élections qui opposent des candidats sérieux et déterminés à agir dans les limites du possible. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, à la faculté de droit, c’est autour de l’organisation du mouvement estudiantin et de la « culture de la résistance » telle que définie par l’ancien recteur de l’USJ, le père Sélim Abou, dans ses discours de la Saint-Joseph, que se sont bâties les campagnes électorales des deux candidats à la présidence du bureau, Amine Assouad et Hanna Chalhoub.
De manière générale, le schéma qui s’est déroulé il y a deux semaines à la faculté de gestion, où le candidat du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) était opposé à une coalition hétéroclite de dernière minute formée de la quasi-totalité des courants politiques (Forces libanaises, Parti national libéral, base Kataëb, Parti socialiste progressiste, Courant du futur et Parti syrien national social), ne se reproduira pas. Et pour cause : dans les deux facultés de droit et d’économie, le poids des partis politiques est moindre, et c’est plutôt à une majorité d’étudiants indépendants, non affiliés à des courants politiques, que le président devra sa victoire. Il n’en reste pas moins que dans les deux facultés, le candidat appuyé par le courant aouniste est opposé au candidat appuyé par au moins les Forces libanaises (FL) et le Parti national libéral (PNL). Par ailleurs, le PSNS et le Courant de M. Rafic Hariri n’ont pas le même poids électoral qu’à la faculté de gestion.

À la faculté de droit
Près de 370 étudiants à la faculté de droit répartis sur quatre années d’études sont appelés à élire huit représentants et un président au sein de leur bureau politique. L’an dernier, les étudiants en sciences politiques avaient élu leurs délégués avec les étudiants de droit, mais la faculté de sciences politiques ayant acquis cette année son autonomie, le nombre de représentants est tombé à huit au sein du bureau. Les politologues éliront, grande première, leurs représentants et leur président jeudi prochain.
En ce qui concerne la présidence du bureau, la lutte oppose cette année, comme chaque année à la faculté de droit, deux candidats indépendants : il s’agit de Hanna Chalhoub, appuyé par le courant aouniste, et Amine Assouad, appuyé par la base Kataëb, les FL, le PNL, le courant chamounien et le PSP. Depuis la reprise des activités de l’amicale, la présidence n’a jamais été remportée par un étudiant partisan. En 1999-2000, c’est Rizk Zgheib qui l’avait emporté sur le fils du député Jean Ghanem, Joe Ghanem. En 2000-2001, Élias el-Khazen avait battu un candidat du Bloc national, Roger Miskaoui, et un candidat indépendant, Mohammed Bakkar. En 2001-2002, Marc Makary, candidat indépendant, avait battu un candidat du PNL, Youssef Jabre, et un indépendant, Marwan Azzi. Enfin, en 2002-2003, Nabil Aboucharaf, indépendant appuyé par les FL, le PNL, la base Kataëb et le PSP, s’était classé premier (187 voix) devant Rami Azzam (155 voix), candidat appuyé par le BN, et Layal Sakr (34 voix), candidate indépendante. Mais les élections s’étaient caractérisées par un forcing de la base Kataëb de Sami Amine Gemayel.

Programmes électoraux
« Voici trente ans que le Liban souffre d’une occupation de la terre et des esprits. Il nous incombe de mener la lutte pour rétablir la souveraineté et la dignité nationales ». C’est par ces mots que Hanna Chalhoub présente son programme politique, intitulé « Pour une résistance culturelle et un éveil politique ». « La corruption politique, économique et sociale est devenue chronique. La politique des moutons de Panurge est appliquée à tous les niveaux : les leaders décident au nom du peuple, en prenant appui sur le terrain miné du confessionnalisme. De père en fils, les postes-clés se transmettent. Il est temps de changer. Les défis sont nombreux, cependant rien ne pourra entraver notre mouvement estudiantin. Vu l’importance que revêt le thème de la résistance, il est devenu urgent de le repenser, et surtout de mettre fin à sa récupération par certains mouvements délabrés de la scène estudiantine qui lui ôtent toute crédibilité », a-t-il ajouté, en affirmant vouloir transformer la faculté en « îlot de toutes les libertés ».
Chalhoub présente ensuite plusieurs projets, parmi lesquels : une semaine de discussion sur la guerre du Liban sous le signe de la mémoire collective, un dialogue interuniversitaire, l’établissement d’une charte des droits et des devoirs de l’étudiant libanais et la création d’un club de discussion juridique entre professeurs et étudiants.
De son côté, Amine Assouad a distribué deux de ses articles réunis sous le thème « Le mouvement étudiant et la culture de la résistance ». « L’important reste de créer une véritable infrastructure étudiante, comme celle des amicales et des fédérations estudiantines, mais avec une plus forte institutionnalisation : des bureaux internationaux pour établir de précieux contacts avec les étudiants libanais à l’extérieur, des bureaux législatifs pour proposer des projets de lois comme la réforme du service militaire, la carte étudiant, ou, plus ambitieux, la neutralisation des statuts personnels (...). La rupture avec l’événementiel aveugle devra diriger nos efforts vers une meilleure organisation dans les universités (...) », ajoute-t-il, en déplorant le « vide intellectuel » dans celles-ci. Assouad prône une décentralisation administrative au sein de l’amicale et la création de trois bureaux (d’urgence, d’orientation et international) et d’un « atelier législatif », chargé de rédiger des projets de lois qui seront soumis au Parlement.

À la faculté d’économie
Près de 410 étudiants à la faculté d’économie éliront aujourd’hui leur bureau, qui est composé de dix représentants (deux par année) et d’un président. Les étudiants auront à choisir pour la présidence entre un candidat indépendant appuyé par le courant aouniste, Chafic Jabbour, et un indépendant que les FL et le PNL ont décidé de soutenir, Karim Aboucharaf. Depuis sa création, le bureau de la faculté a été un bastion aouniste. En 1999-2000, c’est un candidat aouniste, Élias Azzam, qui l’avait emporté. Puis, en 2002 et 2003, ce sont deux aounistes, Jad Jabbour et Élias Srour, qui s’étaient succédé au poste. Seulement en 2001, Albert Costanian, de la base Kataëb, avait réussi à ravir le poste aux aounistes. L’an dernier, Srour avait battu le candidat indépendant appuyé par les FL et le PNL, Julien Courson (193 voix contre 140).
À L’Orient-Le Jour, Chafic Jabbour a indiqué qu’il s’était présenté comme candidat indépendant pour pouvoir être un intermédiaire entre le bureau et les partis, même s’il souscrit aux idées de l’opposition et du courant aouniste en particulier. « Il faut revoir le concept des alliances politiques. Les compromis qui sont en train d’être faits entre les courants politiques ne fonctionnent pas. Le consensus n’est pas dirigé en faveur du bien commun. Si je gagne, cela ne veut pas dire que le bureau sera dirigé par le CPL. Je suis pour une décentralisation au niveau de la prise de décision. Mon but principal est de promouvoir le dialogue et la résolution des conflits sur le campus et entre les universités. Il faut également créer une certaine continuité dans le travail et un plan de travail efficace à long terme. Par ailleurs, nous sommes de plus en plus démobilisés à tous les niveaux. Il ne faut pas fermer les yeux sur la contestation sociale et économique. Pour réunir les Libanais, l’axe politique passe nécessairement par le socio-économique », a-t-il indiqué. Jabbour a plusieurs projets intéressants en tête, notamment au niveau de l’orientation des étudiants sur le marché du travail.
De son côté, Karim Aboucharaf met l’accent sur la nécessité de conscientiser les étudiants aux différents plans intellectuel, culturel, social, économique et politique, et de renforcer l’engagement des jeunes au niveau de la cause libanaise, « pour que le Liban retrouve son lustre d’antan ». Aboucharaf prône également dans son manifeste électoral une mobilisation de l’opinion internationale quant à la situation régnant au Liban et un dialogue interuniversitaire « pour pouvoir mieux organiser le mouvement estudiantin et s’entendre sur une amicale des étudiants libanais ». Il propose ensuite pas moins d’une vingtaine de projets dans son programme, à tous les niveaux : économique, culturel, politique, micro et macropolitique. « Il nous appartient à tous, étudiants de l’USJ, de prendre l’initiative et d’être le fer de lance du processus de libération. Ainsi est-il de notre devoir d’œuvrer ensemble, indépendants et partisans (...) pour atteindre le but ultime », ajoute-t-il.

Michel HAJJI GEORGIOU
Les étudiants des deux facultés de droit et d’économie à l’Université Saint-Joseph (USJ, campus des sciences sociales, rue Huvelin) éliront aujourd’hui leurs représentants au sein de l’amicale estudiantine de l’université. Des élections qui opposent des candidats sérieux et déterminés à agir dans les limites du possible. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si,...