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L’Université libanaise à la recherche de son autonomie confisquée

Des diverses tares dont souffre l’Université libanaise (UL), la politisation à outrance est sans doute l’une des plus graves. Elle est en tout cas responsable de la baisse effrayante de son niveau académique, au point où sa mission d’être l’un des hauts lieux de l’élaboration d’une culture libanaise est aujourd’hui compromise.
En réclamant le rétablissement de son autonomie, les professeurs mettent donc le doigt sur la plaie, et l’on comprend pourquoi ils sont si amers en constatant que le Conseil des ministres ne les a pas compris, et a cru pouvoir acheter leur silence avec la satisfaction – incomplète – de revendications matérielles.
Cette autonomie passe nécessairement par la restitution au Conseil de l’université (recteur, doyens, professeurs) des prérogatives qui sont le siennes de par la loi, et que le Conseil des ministres a confisqué par décret, en 1997. Cette condition est indispensable pour assurer le relèvement du niveau académique des diverses facultés, où les nominations des doyens et des professeurs répondent le plus souvent, sinon toujours, non à des critères de compétence, mais à des critères d’allégeance politique, voire de quotas confessionnels.
Laissée à elle-même, l’UL est condamnée à un nivellement par le bas. Il est donc nécessaire de lui permettre de se restructurer et de se doter de tous les moyens académiques et administratifs nécessaires pour en faire un pôle d’excellence, comme l’USJ, la LAU, l’AUB, etc.
Les professeurs réclament l’autonomie universitaire. Le Conseil des ministres affirme qu’il va étudier la possibilité de leur accorder le droit de former des conseils de faculté. L’opinion y voit une concession. Les professeurs y voient un outrage.
Que peuvent donc représenter des conseils de faculté, ou des conseils paritaires, comme on les appelle aussi, quand tout est politisé ? Formé pour un tiers de représentants de l’administration, pour un autre tiers de représentants des professeurs et pour un dernier tiers de représentants des étudiants, on imagine la cacophonie politique qui marquerait l’action d’une telle assemblée censée être corporatiste.
En fait, le pourrissement provoqué par la politisation de l’université est tel que, dans deux sections différentes de la même faculté, les manuels sont différents ainsi que la langue d’enseignement. Le reste suit : pas d’assiduité aux cours, pas d’appel, des examens de fin d’année auxquels on se présente plus ou moins bien préparé.
Au demeurant, quoi de plus aberrant que la sélection des professeurs sur la base de leur appartenance confessionnelle et non de leur compétence, comme l’a décidé hier, fût-ce partiellement, le Conseil des ministres ?
Ce que les professeurs savent, c’est que sans une véritable autonomie universitaire, toute réforme de l’UL est condamnée à l’échec. Et de souligner que l’UL n’est pas à court de moyens, si elle veut se mettre à niveau. Qu’est-ce qui empêcherait, par exemple, la fédération des universités francophones, dont l’Université libanaise fait partie, d’envoyer une mission d’évaluation chaque année ? Qu’est-ce qui empêche la commission ministérielle présidée par Issam Farès et chargée d’étudier les conditions d’une réforme à l’UL de faire son travail ?
Voici, en quelques lignes, un aperçu de la situation à l’UL. Un aperçu qui est à l’image de ce qu’est l’Administration publique dans d’autres secteurs. Peut-on séparer l’académiqiue du politique, dans un pays que la petite politique pourrit et qui ne tient pas en main les rênes de ses destinées ? Voici le grand défi que les professeurs de l’UL cherchent à relever.

Fady NOUN
Des diverses tares dont souffre l’Université libanaise (UL), la politisation à outrance est sans doute l’une des plus graves. Elle est en tout cas responsable de la baisse effrayante de son niveau académique, au point où sa mission d’être l’un des hauts lieux de l’élaboration d’une culture libanaise est aujourd’hui compromise.En réclamant le rétablissement de son...