Lors de la séance d’inauguration, M. Aridi a insisté sur la nécessité d’ouvrir les portes aux handicapés, afin de faciliter leur insertion dans la société. Effectuant une comparaison entre les handicapés et des personnes jouissant de toutes leurs facultés, il a constaté que « les handicapés transforment souvent leur handicap en force, alors que d’autres, notamment certains décideurs, locaux et internationaux, font de leur pouvoir un handicap qui nuit à toute la population ». Il a par ailleurs stigmatisé les slogans creux et appelé à l’application des lois existantes, voire à leur amélioration au besoin.
Sylvana Lakkis, présidente de l’Union des handicapés du Liban, a précisé que ce festival s’inscrit dans le cadre des efforts pour détruire les barrières derrière lesquelles on enferme généralement les handicapés, de sortir de la logique de la pitié et de l’assistance pour en arriver à la revendication des droits de base. Elle a fait remarquer que, malgré l’adoption d’une loi moderne et la création d’un haut comité pour les handicapés, la liste des revendications relatives à l’éducation, à la culture, à la sensibilisation et à l’emploi reste longue, et que les handicapés doivent former dorénavant un groupe de pression.
Pour sa part, le représentant d’Amnesty, Ahmed Karhoud, a expliqué pourquoi son organisation, qui s’occupait principalement des prisonniers politiques, s’est intéressée aux droits des handicapés. Selon lui, les principales agressions se perpétuent aujourd’hui en dehors des prisons, notamment dans les conflits armés qui augmentent le nombre des handicapés. Sans compter que, a-t-il ajouté, « les droits de l’homme sont indivisibles ».
Bassam Ramadan, directeur des programmes de développement humain et social au sein du bureau de la Banque mondiale (BM) à Beyrouth, a montré le lien qui continue d’exister entre handicap et pauvreté dans le monde. D’où le fait que, selon lui, la lutte contre la pauvreté ne pouvait ignorer la situation des handicapés, qui constituent environ 10 % de la population mondiale. Il a parlé des différents programmes de son organisation, signalant qu’il est important d’« intégrer les handicapés dans les programmes existants, pas d’en créer à leur intention », ce qui contribuerait à accentuer leur isolement.
Enfin, John Horsley, représentant l’ONG internationale Oxfam, basée à Londres, invité à parler des droits des femmes, a constaté que si, dans la région du Moyen-Orient, le taux de femmes éduquées a passé de 16,6 % en 1970 à 52,5 % en 2000, leur présence sur le marché du travail n’a pas progressé de manière significative (de 23 % en 1970 à 32 % en 2000), et leur représentation dans le monde politique reste la moins élevée du monde (3,5 % dans les parlements). Les femmes handicapées, elles, « restent défavorisées, même par rapport aux hommes dans le même cas, et ce dans des pays dits développés comme les États-Unis », a-t-il remarqué.
Le festival de films sur les droits de l’homme et du handicap se poursuit aujourd’hui, avec une dizaine de courts métrages qui passeront à partir de 18h30.
S.B.
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