Rechercher
Rechercher

Actualités

Probable dénouement heureux aujourd’hui en Conseil des ministres

Par définition, un yacht est un bâtiment de plaisance. Donc, de détente. Les agapes maritimes de Issam Farès en l’honneur de Rustom Ghazalé, lundi, ont rassemblé, comme on sait, la fine fleur des contempteurs de Hariri. Cependant, ce n’est pas pour stimuler leur ardeur combative que l’officier traitant syrien a voulu les rencontrer. Mais au contraire, semble-t-il, pour les inciter à mettre de l’eau dans leur vin. Ou, plutôt, dans leur vinaigre.
Même effort d’apaisement, du reste, en direction du camp adverse. Dont le chef s’est rendu inopinément auprès des Syriens. Une démarche effectuée pour ainsi dire dans l’urgence.
Car après les passes d’armes interprésidentielles du week-end, il était évident que le Conseil des ministres de ce mercredi allait tourner à l’aigre. Peut-être même déboucher sur une double explosion, synonyme d’une implosion du pouvoir. Par l’éclatement du pacte bancal de cohabitation conclu sous la même égide syrienne.
Or les Syriens le répètent depuis des mois, voire des années : ils ne veulent pas de vagues, pas de remous. Pas d’effets secondaires collatéraux fragilisant le flanc de leur front de lutte contre Israël et contre les pressions US.
La dégradation paroxystique de la crise interofficielle libanaise facilite en réalité la tâche des raccommodeurs. Car l’on en est arrivé à un point de rupture de la voûte, ce qui fait que le temple risquait de s’effondrer sur tous les protagonistes, présidents en tête.
En termes pratiques, cela signifie que l’État courait tout droit à une paralysie définitive. Soit parce que le Conseil des ministres ne pourrait plus se réunir. Soit parce qu’on éjecterait Hariri, sans pouvoir lui trouver de remplaçant. Des expériences comme celle-là, le Liban en avait connues lors de la rupture Hélou-Karamé ou de la désignation d’Amine el-Hafez. Mais c’était, en quelque sorte, moins pénalisant qu’aujourd’hui, du moins en termes de récession économique.
Le repêchage syrien in extremis devrait connaître une double illustration. D’abord, répétons-le, aujourd’hui même à travers un Conseil des ministres qui pourrait bien être moins houleux qu’annoncé des deux côtés, et bien plus positif sinon productif. Ensuite, demain jeudi, à l’occasion des réceptions en l’honneur d’un visiteur de marque, le président brésilien. Cérémonies que Hariri voulait bouder et auxquelles, finalement, il a accepté de participer. Ainsi qu’aux réjouissances ultérieures en l’honneur d’un autre prochain invité, le président grec.
L’attitude initiale de bouderie haririenne a été, comme on sait, sévèrement fustigée par le chef de l’État. Ce qui a sans doute alarmé les Syriens, en les incitant à intervenir tant auprès des pôles supérieurs que de leurs partisans. Rustom Ghazalé a ainsi multiplié les contacts tous azimuts. Pour indiquer, en réponse à une question sur l’orage qui menace, qu’en réalité tout est fait afin que le climat se détende, que les choses restent sous contrôle et que l’on s’achemine vers un processus de rassemblement des rangs. Le général syrien a ajouté qu’à tout problème il y a solution, et qu’à son avis ce n’est pas d’orage qu’il faut parler, mais de tempête dans un verre d’eau. Ou de simples bulles de savon, pour ne pas dire de pétards mouillés. Question rassemblement, il convient de signaler que Berry et d’autres cadres libanais sont attendus dans les prochains jours à Damas.
Hariri, pour sa part, a dû trouver doublement intéressant de pouvoir s’expliquer à cœur ouvert avec les autorités syriennes. D’une part, pour détailler ses positions concernant les rapports avec Baabda. Ensuite, pour corriger de fausses impressions que les décideurs auraient pu avoir, suite à certains ragots de presse. En effet, alors que le Premier ministre se trouvait à l’étranger, certains médias lui avaient attribué des propos, selon lesquels il serait prêt à démissionner, pour peu que Damas lui en fasse la demande. Présentées de la sorte, les choses laissaient percer un manque de résistance haririenne face à l’idée même de démission. Or l’intéressé ne souhaite à aucun prix céder la barre, ni plier bagage ni plier tout court. Il voit de plus, dans les bruits qui ont entouré ses présumées intentions, une manipulation déterminée visant à troubler ses relations avec les Syriens. Car les indications livrées au public le mettaient en position délicate. Dans la mesure où en les démentant, il permettrait à ses adversaires de l’accuser sinon de défier les décideurs du moins de s’en démarquer... Toutes ces finesses, Hariri a sans doute pu les développer devant ses interlocuteurs, pour clarifier le dossier sans indisposer Damas.
Dont la solution est double et simple à la fois : il faut mettre sous le coude aussi bien la présidentielle, qui sous-tend manifestement le conflit interprésidentiel, que le départ des Trente qui l’attise. Car pour le moment, ce qui intéresse le plus les Syriens, c’est la tournée qu’une délégation sénatoriale US doit accomplir sous peu dans la région, en passant par chez eux. Ainsi que le débarquement ultérieur de William Burns, sous-secrétaire d’État pour le Moyen-Orient.
Philippe ABI-AKL
Par définition, un yacht est un bâtiment de plaisance. Donc, de détente. Les agapes maritimes de Issam Farès en l’honneur de Rustom Ghazalé, lundi, ont rassemblé, comme on sait, la fine fleur des contempteurs de Hariri. Cependant, ce n’est pas pour stimuler leur ardeur combative que l’officier traitant syrien a voulu les rencontrer. Mais au contraire, semble-t-il, pour les...