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CORRESPONDANCE - Variations sur un même thème Quand Picasso aime une femme jusqu’au cubisme(PHOTOS)

WASHINGTON-Irène MOSALLI

Elle a été l’objet de sa passion et de son expérimentation. Sa manière de l’aimer a été d’en faire le point de départ d’une école d’art moderne, le cubisme. Une étrange fusion nommée Picasso et Fernande Olivier qui s’étale aujourd’hui au grand jour sur les cimaises de la National Gallery of Art à Washington sous le nom «Picasso: les portraits cubistes de Fernande Olivier».
Cette exposition est unique en son genre car elle donne à voir 78 versions (en peintures à l’huile, en gouaches, en sculptures d’argile et de bronze) d’un même portrait, celui de Fernande Olivier. Au cours d’une rencontre avec la presse, l’un des responsables de cette exposition a relaté le déroulement de cette aventure esthétique qui a fait date. L’été 1909, alors qu’il était à la recherche d’une nouvelle manière de peindre, Picasso se retire dans un petit village espagnol avec sa maîtresse Fernande Olivier. Loin du tumulte de la vie de bohème de Montmartre, il se met à dessiner frénétiquement sa compagne. Non pas pour elle-même, mais comme sujet de recherche picturale.
Fernande devenait ainsi un outil, une «nature vivante», car abordée comme «nature morte». De plus, Picasso ne la voit que sous un jour géométrique, morcelant et recomposant son visage, son buste et son expression. Ce processus dure dix mois. Plus que par le modèle qu’il a devant lui, il est davantage intéressé par cette technique qu’il est en train de développer et qui se nommera plus tard le cubisme. Se faisant, il la confond même, dans l’un des portraits, à un masque africain.

Changement de compagne, changement de style?
Néanmoins, le peintre n’arrive pas à faire totalement abstraction de ses émotions qui affleurent comme malgré lui dans cette série d’œuvres. C’est là l’effet secondaire de ce travail qui se veut une recherche pure, à la manière des scientifiques. Or Picasso ne peut s’empêcher de restituer la mélancolie et la tristesse de Fernande Olivier, qui a souffert des débuts d’une maladie des reins pendant les dix mois qu’a duré l’expérience cubiste de Picasso.
Quant à leur relation amoureuse, elle s’est achevée au printemps 1912. Changement de style, changement de compagne? Comme on le sait, nombreuses sont les femmes qui ont joué un rôle important dans l’œuvre de Picasso. Fernande Olivier le décrit ainsi: «Il n’avait rien de très séduisant, mais son étrange regard insistant forçait l’attention. On ne pouvait le situer socialement, mais ce rayonnement, ce feu intérieur que l’on sentait en lui dégageaient une espèce de magnétisme à quoi je ne résistais pas. Et quand il désira me connaître, je le voulus aussi.»
À noter que cette exposition, axée sur des variations sur un même thème, attire un grand nombre de visiteurs. Ce n’est pas la première fois que la National Gallery of Art a opté pour ce format. En 1999, environ 130000 personnes étaient venues là admirer une sélection d’œuvres tournant autour d’une seule toile de Vermeer.
WASHINGTON-Irène MOSALLIElle a été l’objet de sa passion et de son expérimentation. Sa manière de l’aimer a été d’en faire le point de départ d’une école d’art moderne, le cubisme. Une étrange fusion nommée Picasso et Fernande Olivier qui s’étale aujourd’hui au grand jour sur les cimaises de la National Gallery of Art à Washington sous le nom «Picasso: les...