Vers une action commune interestudiantine ?

Il s’agit d’un événement sans précédent depuis la reprise des activités des amicales estudiantines, dans la deuxième moitié des années 90 : l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et l’Université Saint-Joseph (USJ) organisent en commun une journée pour la lutte contre le sida. Les contacts entrepris par les amicales des deux universités ont enfin abouti, après plusieurs tentatives infructueuses ces dernières années. En 2002-2003, des contacts avaient été entrepris pour effectuer des actions communes, notamment sur des questions relatives aux libertés publiques et aux droits de l’homme. Mais, à chaque fois, le dialogue, et, du fait même, le passage à l’action butaient sur des questions politiques, notamment sous la pression du Parti syrien national social et du Hezbollah, bien représentés à l’AUB, et bien peu populaires à l’USJ.
Cette année, les étudiants des deux universités se sont retrouvés sur une question sociale et humanitaire, puisqu’il s’agit de faire preuve de solidarité face au fléau que constitue le sida. Excellente initiative, dans la mesure où les amicales des deux établissements ont organisé, chacun sur son campus, mais en coordination, deux concerts, une distribution de brochures concernant le virus du sida et une conférence, hier à l’USJ, du Dr Jad Habib, qui a répondu aux questions des étudiants.
On ne peut que se féliciter que le dialogue entre des étudiants d’appartenances diverses, entrepris ces dernières années par les cadres estudiantins de l’USJ et de l’AUB, ait enfin débouché sur un projet concret. Il faut espérer que cette volonté d’agir en commun subsiste, mature et se développe pour atteindre d’autres questions, tout aussi vitales, notamment d’ordre national, en mettant à l’écart – tant bien que mal – les divergences politiques et partisanes pour constituer un véritable groupe de pression et devenir un acteur vraiment influent et efficace sur la scène interne, à travers des revendications et des actions, ciblées, orientées et bien organisées.

Michel HAJJI GEORGIOU