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Les séances du Conseil des ministres risquent de devenir explosives

Les conciliateurs, les amis communs font toujours chou blanc. Rien ne semble pouvoir régler la crise relationnelle au niveau des présidents. L’Exécutif s’en trouve tout déglingué, comme disent les mécaniciens. Et les ministres ne sont pas les derniers à critiquer vertement, ouvertement, sinon leurs propres prestations du moins le pitoyable rendement du gouvernement auquel ils appartiennent. Relativement désintéressés, certains d’entre eux militent même en faveur d’un changement de cabinet. Sans pousser la logique jusqu’à faire mine de démissionner. Car nul, et surtout pas les décideurs, favorables au statu quo, ne leur en demande tant.
On sait que les Syriens ne sont pas très chauds, c’est le moins que l’on puisse dire, pour une activation des dossiers internes libanais. Ils ont bien d’autres chats à fouetter, avec les pressions américaines et les menaces israéliennes. Sans compter le souci frontalier, ou transfrontalier, que constitue pour eux l’Irak nouveau, et l’équation régionale incertaine qu’il implique. Leurs émissaires ou leurs visiteurs répètent aux responsables d’ici qu’il faut calmer le jeu des passions antagonistes. Retirer du débat public aussi bien la question ministérielle que l’échéance présidentielle. Mettre une sourdine à tous les conflits et ranger les dossiers litigieux au frigo. D’où il ressort qu’en pratique un changement de gouvernement reste hors de question pour le moment.
Dans le meilleur des cas, ajoutent les prosyriens, on pourrait reparler de larguer les Trente après le vote du budget 2004 à la Chambre. Autrement dit, pas avant mars. Bien entendu, les spéculations nominatives vont déjà bon train. Certains, se fondant sur le fait qu’il a été récemment reçu par Assad, font de Négib Mikati, ministre tripolitain du Transport, leur favori pour succéder à Hariri. Mais d’autres estiment que ce nom n’est avancé aussi tôt que pour mieux brûler l’intéressé, comme on dit dans le jargon professionnel. Ou encore, pour accroître la pression sur Hariri, lui soutirer un surcroît de concessions, en lui faisant comprendre qu’il n’est pas aussi irremplaçable qu’il le pense.
Quant au président du Conseil, il reste cantonné dans une prudente réserve. Tout en montrant ses griffes, à titre dissuasif. Il répète ainsi qu’il garde la patience d’un Job, relevant finement que ce saint homme n’était quand même pas muet. Et savait dire ses quatre vérités à tout un chacun. Dans ce vertigineux prolongement biblique, Hariri lance des piques à peine voilées : « J’assume mes responsabilités, ou le peu qu’on m’en laisse. Car certains, dit-il, se comportent comme s’ils étaient tout à la fois, le président de la République, le Premier ministre et les directeurs généraux. » Il redit qu’il ne veut de clash avec personne. Mais fait quand même savoir, via ses confidents, qu’il va sans doute devoir passer sous peu à la contre-offensive. D’une manière encore plus voyante que son absence lors des cérémonies de l’indépendance, ou encore les réceptions en l’honneur du président brésilien, sous prétexte du « Petit pèlerinage » (Omra) à La Mecque.
C’est en Conseil des ministres que l’on verra dans quelle mesure Hariri va étaler sa pugnacité retrouvée. Avec, sans doute, les encouragements pervers de pôles déterminés, qui ne sont pas forcément de ses amis, et qui s’emploient à jeter de l’huile sur le feu entre le régime et le Sérail. Pour affaiblir l’un et l’autre. Selon nombre de ministres, les séances du Conseil risquent d’être particulièrement houleuses désormais. Et l’on pourrait y assister à un recours fréquent à la procédure de vote. Ce qui envenimerait encore plus un climat déjà fortement empoisonné. L’objectif étant d’inciter les décideurs à réviser leur option de statu quo, en acceptant l’idée d’un départ anticipé des Trente. Hariri en tête.
La première explosion, selon ces sources, pourrait venir du côté de Jean-Louis Cardahi. Qui exigerait du Conseil des ministres la révocation du secrétaire général du Conseil supérieur de la privatisation, Ghazi Youssef. Auquel l’oppose un conflit aigu sur le cellulaire. Cardahi ferait valoir que la nomination même de Youssef n’avait pas été réglementaire, puisqu’elle était le fait de Hariri en personne et non du Conseil des ministres. Une démarche à laquelle la récente visite du président Lahoud au département de Cardahi, les Télécoms, semble donner beaucoup de poids. Politique.
Philippe ABI-AKL
Les conciliateurs, les amis communs font toujours chou blanc. Rien ne semble pouvoir régler la crise relationnelle au niveau des présidents. L’Exécutif s’en trouve tout déglingué, comme disent les mécaniciens. Et les ministres ne sont pas les derniers à critiquer vertement, ouvertement, sinon leurs propres prestations du moins le pitoyable rendement du gouvernement auquel...