Soucieux de précision, ce ministre ajoute que ce n’est pas le désaccord interprésidentiel en soi qui peut motiver un départ du gouvernement. Car le cas de figure peut se présenter sous tout régime, et à tout moment. Mais seulement le fait que l’antinomie atteint un tel degré que l’État s’en trouve paralysé. En effet, il serait inutile et préjudiciable de continuer, si le Conseil des ministres et les autres organismes publics n’ont plus qu’un rendement proche du zéro. On n’en est pas encore tout à fait là. Il n’y a, à ce stade, ni blocage de l’ordre du jour du Conseil des ministres, ni défaut de quorum répété, ni refus de signature de décrets, bien que la machine fonctionne plutôt au ralenti, dans un climat de méfiance et de tension. C’est que le président du Conseil, Rafic Hariri, malgré ses réserves sur l’élaboration de l’ordre du jour auquel le chef de l’État fait des rajouts à sa convenance, et malgré ses réticences concernant la direction des débats, évite les éclats. Il assure de la sorte le minimum requis pour que le Conseil ne capote pas. Du même coup, il n’y a pas lieu que le gouvernement rende son tablier. C’est bien là, du reste, le point de vue de Damas. À ce sujet, le ministre rappelle les réponses, au journal al-Hayat, du président Assad : « S’il fallait prendre en compte ce que déclarent les Libanais qui viennent en Syrie... Jadis, ils disaient que la troïka ruinait le pays. Ils ont répété la même antienne au sujet des rapports entre les présidents Lahoud et Hoss ; puis entre les présidents Lahoud et Hariri, quand il s’est produit quelques divergences. Un pays ne s’édifie pas sur des relations entre des personnes, mais entre des institutions. C’est là la vraie question : y a-t-il eu édification des institutions, peut-on déceler des efforts sérieux dans ce sens ? Et, sinon, quelles seraient les entraves ? Manifestement, on bute sur de fortes obstructions, car certains ne veulent pas voir des institutions émerger pour ébranler des intérêts acquis à la faveur de la guerre, ou après. La solution ne réside donc pas dans le fait qu’il y ait, ou qu’il n’y ait pas, une relation amicale entre les présidents. Mais que l’esprit des institutions règne et régule tout rapport. On ne peut forcer deux personnes, deux présidents à sympathiser. Mais il doit y avoir une relation institutionnelle entre les responsables, quels qu’ils soient. » Pour le ministre cité, le chef de l’État syrien a bien cerné, et bien résolu, la question. Le mot-clé reste le retour aux institutions en tant que telles.
Émile KHOURY
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