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Présidence - Baabda dénonce ceux « qui pratiquent à la perfection le double langage » Lahoud s’en prend de nouveau à Hariri sans le nommer

Le discours du chef de l’État marque-t-il la fin de la trêve politique imposée tout récemment par la Syrie ? Si la question se pose, c’est parce que le général Émile Lahoud a pratiquement dressé un réquisitoire contre le chef du gouvernement, Rafic Hariri, sans le nommer, en dénonçant ceux qui « pratiquent à merveille le double langage et qui essaient de jeter sur d’autres la responsabilité de la détérioration de la situation dans le pays, alors qu’ils en sont directement responsables, parce qu’ils font passer leurs intérêts personnels avant l’intérêt général et qu’ils emploient, pour faire la promotion de leurs prises de position, des moyens supérieurs à ceux de l’État ». Impossible de se tromper sur l’identité de la personne visée par le président de la République dans le discours qu’il a tenu hier devant une délégation de l’Ordre des journalistes.
Conduite par M. Melhem Karam, la délégation s’est rendue à Baabda afin de présenter ses vœux au général Lahoud pour le cinquième anniversaire de son accession à la tête de l’État, et discuter avec lui d’une série de questions intéressant directement la population.
C’est M. Karam qui a ensuite rapporté à la presse les propos tenus par son hôte durant l’entretien, soulignant l’attachement du président à ce que l’an prochain, le dernier de son mandat de six ans, soit « celui des réalisations sociales et économiques ». Le général Lahoud a réaffirmé que le projet de budget 2004 ne correspond pas à ses aspirations ou à celles des Libanais, précisant que des amendements avaient été introduits au texte afin que la priorité soit accordée l’année prochaine au dossier socio-économique.
Toujours cité par M. Karam, il a ensuite indiqué, en réponse à une question, qu’il a voulu « faire sentir à tous les responsables et les hommes politiques, à travers le message adressé aux Libanais pour l’indépendance, que leurs préoccupations, leurs intérêts et leurs calculs sont pour la plupart d’ordre personnel et ne correspondent pas aux soucis et aux besoins de la population ». Son objectif, a-t-il ajouté, était de « les pousser à une prise de conscience afin que tous soient placés devant leurs responsabilités et que l’intérêt national supérieur prime de nouveau ».
« Il est regrettable, a poursuivi le général Lahoud, qu’un climat politique malsain domine la vie locale, d’autant que les Libanais connaissent parfaitement ceux qui essaient de promouvoir ce climat et de le généraliser et savent quels sont leurs objectifs. Ces gens pratiquent à la perfection le double langage. Leurs actions sont différentes de leurs propos. Ils essaient aussi de jeter sur d’autres la responsabilité de la détérioration de la situation dans le pays, alors qu’ils en sont directement responsables parce qu’ils font passer leurs intérêts personnels avant l’intérêt général et qu’ils emploient, pour faire la promotion de leurs prises de position, des moyens supérieurs à ceux de l’État. Mais je suis persuadé que les Libanais connaissent la réalité et discernent le vrai du faux. »
En réponse à une autre question sur le conflit entre Baabda et Koraytem, le chef de l’État, cité toujours par M. Karam, a déclaré : « Certains parlent de conflits qu’ils imputent tantôt à une incompatibilité d’humeur, tantôt à une différence de mentalité, comme si les affaires publiques doivent être gérées en fonction de considérations personnelles et d’accords bilatéraux. J’ai souvent répété que je ne tiens pas compte de ce genre de considérations, dans la mesure où seule m’intéresse l’édification de l’État auquel le peuple aspire, et qui repose sur l’application de la loi, ainsi que sur des institutions qui assument pleinement leur rôle. Je ne veux rien pour moi. Tout ce que je souhaite, c’est que l’année prochaine soit fertile et utile pour le pays et son peuple. »
Il a ensuite mis en garde contre les surenchères s’articulant autour de l’échéance présidentielle. « Qu’on cesse d’exploiter les échéances constitutionnelles, notamment présidentielle, afin de nuire à l’intérêt du pays en distrayant les Libanais par cette question pour détourner leur attention des soucis de la vie quotidienne et éviter de résoudre les problèmes les plus urgents. Qu’on cesse d’entraîner le pays sur la voie de confrontations prématurées et de lier la détérioration de la situation à une échéance déterminée et son amélioration au maintien d’un statu quo déterminé. Ce genre de propos est préjudiciable au Liban et ne doit pas se poursuivre quelles que soient les considérations », a fait valoir le président devant ses hôtes.
En réponse à une autre question, il a réaffirmé, selon les explications de M. Karam, la nécessité de la solidarité et de la coordination libano-syriennes, soulignant qu’il serait « faux de croire que les derniers événements dans la région se sont répercutés négativement sur la capacité des deux pays à faire face » aux dangers qui les guettent.
Plus tard dans la journée, le chef de l’État a conféré avec MM. Karam Karam, ministre d’État, Kabalan Issa el-Khoury, président du Rassemblement parlementaire de concertations, et Boutros Harb, qui était accompagné d’une délégation de la famille Haïdar, venue le remercier de leur avoir présenté ses condoléances après le décès de Richard et Nancy Haïdar, ainsi que leur fils Jad, lors de l’attentat de Ryad, le mois dernier.
Le général Lahoud s’est aussi entretenu avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Adnane Kassar, qui l’a informé qu’une délégation du secteur privé libanais, composée de 20 hommes d’affaires, participera au sommet de l’informatique qui se tiendra à Genève du 8 au 12 décembre et qu’il a été mandaté par le comité organisateur, pour prononcer un discours au nom du secteur privé dans le monde.
Le discours du chef de l’État marque-t-il la fin de la trêve politique imposée tout récemment par la Syrie ? Si la question se pose, c’est parce que le général Émile Lahoud a pratiquement dressé un réquisitoire contre le chef du gouvernement, Rafic Hariri, sans le nommer, en dénonçant ceux qui « pratiquent à merveille le double langage et qui essaient de jeter sur...