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ECLAIRAGE-Beyrouth ne pourra pas accueillir le siège du futur institut pour le dialogue des cultures L’Euromed par la petite porte

La conférence de l’Euromed prévue la semaine prochaine à Naples doit examiner, entre autres sujets, le projet de création d’un « institut euro-méditerranéen pour le dialogue des cultures et des civilisations ». D’ores et déjà, quatre pays sont en lice pour avoir le privilège d’accueillir le siège de cet organisme hautement symbolique. L’Égypte en est. Le Liban, non.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir fait de ce dialogue-là une vocation naturelle, voire le fondement même de son existence, que l’État libanais échoue de la sorte à traduire dans la réalité ne serait-ce qu’un détail de ce « message » qu’il est censé porter, sinon aux quatre coins du monde, du moins dans son environnement immédiat.
Pas une occasion, pas un jour ne passent, sans que les officiels libanais – et avec eux de nombreux visiteurs étrangers – ne répètent à l’envi ce qui, à leurs yeux, fait la spécificité de ce pays, supposé être le berceau d’un projet grandiose de rapprochement entre les peuples, les cultures, les religions.
Mais voilà : la vérité, la plate vérité est que celui que Jean-Paul II a qualifié un jour de « plus qu’un pays, un message », est aujourd’hui proprement incapable de se poser en candidat parmi d’autres à l’hébergement d’un institut pour le dialogue euro-méditerranéen.
L’Euromed ! Marseille et Alger ! Athènes et Istanbul ! Rome et Jérusalem ! Quel enjeu formidable, quel cadre idéal pour celui qui a vocation à rassembler !
Jadis, les Phéniciens s’étaient donné les moyens de créer un Euromed avant la lettre, grâce notamment aux Cèdres du Liban avec lesquels ils construisaient leurs navires.
Certes, de nos jours, il est fortement recommandé de ne pas toucher aux quelques cèdres qui résistent vaillamment. Mais il en serait autrement que rien ne changerait, puisqu’en tout état de cause, ce n’est pas de ce bois-là que se chauffe la diplomatie libanaise.
C’est très bien d’avoir de beaux slogans, d’invoquer à tout bout de champ le dialogue, le pluralisme, la diversité, pour s’en faire les hérauts. Sans politique conséquente, sans diplomatie volontariste, un slogan reste un slogan... creux.
Or, loin d’emprunter la voie royale que sa vocation naturelle est censée lui ouvrir, c’est par la plus petite porte que le Liban pénètre dans Naples : en menant des combats d’arrière-garde, en traînant derrière lui (et peut-être même devant) ses obsessions frileuses et ses peurs paniques, en suppliant le monde de bien vouloir éloigner de nous le spectre du « déséquilibre démographique » que causerait l’implantation de Palestiniens... déjà implantés depuis des lustres.
Mais le monde n’en a cure : l’ambassadeur de France à Beyrouth n’a-t-il pas clairement fait comprendre, il y a quelques jours, que la question des réfugiés palestiniens n’était pas à l’ordre du jour de la conférence, n’étant « pas spécifiquement euro-méditerranéenne » ?
Le problème, bien évidemment, tient aux choix fondamentaux... imposés au Liban. Ce n’est pas tant le conflit israélo-arabe qui inhibe à ce point la diplomatie libanaise qu’une certaine conception rigide, attentiste, immobiliste, de ce conflit. Conception qui, il faut bien le dire, trouve sa source à Damas.
Ce n’est un secret pour personne que la diplomatie libanaise souffre de léthargie profonde. Qu’elle est absolument incapable, en l’état, de servir la moindre des ambitions affichées par les responsables eux-mêmes pour le Liban.
Un jour, il faudra pourtant se demander si ce prix, payé nous dit-on pour s’aménager une petite paix civile à l’intérieur, n’est tout compte fait pas trop cher.

Élie FAYAD
La conférence de l’Euromed prévue la semaine prochaine à Naples doit examiner, entre autres sujets, le projet de création d’un « institut euro-méditerranéen pour le dialogue des cultures et des civilisations ». D’ores et déjà, quatre pays sont en lice pour avoir le privilège d’accueillir le siège de cet organisme hautement symbolique. L’Égypte en est. Le Liban,...