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VIENT DE PARAÎTRE « Pour un cinéma de combat », d’Henry Chapier : un savoureux retour sur le 7e art engagé(PHOTO)


Henry Chapier et le « Divan » sur FR3. L’animateur français est indissociable de l’émission télévisée qu’il a animée chaque dimanche entre 1987 et 1995. Mais on connaît beaucoup moins bien l’amour inconditionnel qu’il voue au cinéma, avec un grand C. Pas moins de10 000 critiques publiées de 1960 à 1978 dans les quotidiens Combat et Le Quotidien de Paris, qu’il a triées et réunies sour le titre Pour un cinéma de combat (éditions Le Passage, 2003). Cette grosse poignée d’articles d’un des chroniqueurs du septième art les plus en vogue des années 1960 à 1970 a été sélectionnée par lui-même, avec une introduction « in situ » des treize chapitres qui composent l’ouvrage.
1968 en France, et plus exactement à Paris : la censure s’acharne sur des films d’auteurs, tandis qu’Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, doit être remplacé. Les cinéastes s’insurgent violemment, signent des pétitions et manifestent jusqu’à obtenir gain de cause. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministère d’André Malraux n’est pas apprécié de l’intelligentsia artistique, alors en plein essor tant en France qu’en Italie et en Grande-Bretagne.

Feuilleton et années foisonnantes
Les amateurs de septième art doivent absolument se procurer ce livre, et pour plusieurs raisons : d’abord, et en cela l’auteur n’y est pour rien, pour les foisonnantes années du cinéma dit d’auteur, ou encore engagé. La France et l’Italie, aux prises avec un pouvoir réactionnaire, fervent pratiquant de la censure sur des sujets gênants comme la religion et la sexualité, génèrent des génies du cinématographe, comme Pasolini ou Godard qui secouent furieusement l’arbre de la norme pour en faire tomber des chefs-d’œuvre comme Theorema ou Pierrot le Fou. Ces théoriciens radicaux font le bonheur d’un Henry Chapier au meilleur de sa plume, entre l’enthousiasme émouvant d’un Bernard Pivot et le sérieux documenté d’un chevalier à la recherche du Graal.
Ensuite, le lecteur suit le fil des chroniques comme un vrai feuilleton, étroitement lié à une actualité houleuse. C’est un Henry Chapier fringant et admirable que l’on découvre à travers ces lignes, épurées sans être arides, documentées sans être pesantes, engagées sans être racoleuses. Ses rapides introductions permettent de mieux encore, si c’était possible, plonger dans Mai 68, le Festival de Venise ou encore les grands chefs-d’œuvre de la décennie. À signaler le magnifique avant-dernier chapitre, intitulé « Les aveux d’un terroriste », et qui réunit les textes impitoyables envers tout ce qui n’était pas estampillé « film d’auteur ». Henry Chapier, avec le recul que donnent les années, revient sur son « côté “Ayatollah” » et présente, en victime consentante, digne du meilleur patient du « Divan », un extrait du catalogue enflammé.
Bref, un savoureux moment de lecture qui donne envie de foncer, revoir Fahrenheit 451, Blow-Up, Le Mépris, Alphaville. Certains d’entre eux n’ont pas pris un pli, et Henry Chapier, décidément, toujours pas une ride.

Diala GEMAYEL
Henry Chapier et le « Divan » sur FR3. L’animateur français est indissociable de l’émission télévisée qu’il a animée chaque dimanche entre 1987 et 1995. Mais on connaît beaucoup moins bien l’amour inconditionnel qu’il voue au cinéma, avec un grand C. Pas moins de10 000 critiques publiées de 1960 à 1978 dans les quotidiens Combat et Le Quotidien de Paris, qu’il...