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Administration - Table ronde du LCPS sur la réforme des institutions publiques Farès Saab : La culture dominante est celle de la corruption

La réforme administrative a été une fois de plus au centre de débats organisés le week-end dernier par le Lebanese Center for Policy Studies (LCPS), en collaboration avec la fondation Konrad Adenauer et en présence du ministre d’État au Développement administratif. Face à un constat d’échec des multiples tentatives de redressement de l’Administration, experts et grands commis de l’État se sont retrouvés autour d’une table ronde pour dresser un état des lieux et discuter des solutions à apporter aux multiples dysfonctionnements des institutions publiques. Encore faut-il savoir par où commencer. Car si la nécessité et l’urgence de la réforme font l’unanimité, la question reste de savoir comment aborder un problème tentaculaire, dont les effets affectent l’ensemble de la vie publique, et quelles sont les approches adéquates pour remédier aux difficultés d’ordre structurel aussi bien que politique auxquelles doit faire face l’État. Doit-on appliquer des réformes globales en passant par la réforme politique ou bien faut-il plutôt s’attaquer à des petits changements sectoriels qui pourraient ensuite faire tâche d’huile ?
Tels sont quelques-uns des axes de réflexion qui ont guidé les travaux des chercheurs durant deux jours. C’est le ministre d’État au Développement administratif, Karim Pakradouni, qui a donné le ton en affirmant qu’il ne peut y avoir de réformes sans changement, et pas de changement sans la participation active de la population. « Les citoyens sont les partenaires naturels de la réforme, alors que les hommes d’influence en sont les adversaires », a affirmé le ministre, en soulignant que la réussite d’une réforme en profondeur dépend de la participation active des administrés dans leur ensemble, une dynamique d’autant plus importante que la « résistance au changement » peut paralyser l’ensemble du processus. « Toute réforme est par définition contre la corruption, et doit inéluctablement faire face aux personnes corruptibles », a-t-il dit. Rappelant les points fondamentaux du programme de réforme récemment adopté par son département, M. Pakradouni a notamment évoqué la nécessité de créer l’institution du médiateur de la République (l’Ombudsman), de réactiver le ministère du Plan, une initiative que réclament plusieurs responsables de l’Administration depuis un certain temps. Le leader des Kataëb n’a pas manqué en outre de souligner l’importance de la séparation du politique et de l’administratif. Un point capital que ne manqueront pas de relever les différents intervenants, qui ont dénoncé à tour de rôle les conflits d’intérêts qui entrent en jeu toutes les fois qu’il est question de réformer. « Voilà pourquoi certains projets capitaux de réformes sont bloqués au niveau des instances compétentes alors que d’autres, plus inoffensifs, sont facilement exécutés, tels que la Charte du citoyen », relève un intervenant. Chercheur au sein du LCPS, Farès Saab met l’accent sur ce qu’il a appelé la « culture dominante » qui, selon lui, est une culture de corruption. Et M. Saab d’égrener une série de proverbes qui contribuent à nourrir le culte de l’argent et du moindre effort. « Après moi le déluge » ; « Dis-moi combien tu possèdes je te dirai ce que tu vaux », ou encore « Un problème évité est un problème en moins », etc.
Pour le directeur du LCPS, Salim Nasr, la réforme administrative est une opération à deux sens dans laquelle l’État a autant de responsabilités que le citoyen. La corruption, ingrédient majeur du dysfonctionnement administratif, est aussi bien « le fait de personnes corrompues que de corrupteurs ». Et le sociologue de préconiser plusieurs approches pour aborder la question de la réforme. Tout d’abord, dit-il, « il s’agit de donner la priorité à une réforme initiée de l’intérieur et non parachutée d’en haut ou de l’extérieur », allusion aux projets confiés à des consultants étrangers ou encore à des « appareils privilégiés », formés de conseillers rattachés aux ministères. D’où, dit-il, la nécessité de reconstituer une « nouvelle élite administrative », à l’image de celle qui existait à l’époque chéhabiste. Évoquant par ailleurs le besoin de réactiver les organismes de contrôle, l’intervenant affirme que le système de sanctions doit être accompagné d’un régime de compensations qui puisse gratifier les fonctionnaires performants. La refonte du système administratif doit-elle être globale ou ponctuelle ? Pour le sociologue, la priorité doit être donnée aux petites réalisations sectorielles, dont « le succès peut être érigé en exemple pour d’autres projets de réformes ». Évoquant les multiples tentatives de réforme entreprises par les différents gouvernements notamment depuis Taëf, le directeur général du Centre d’études et de recherches, Yahya Hakim, constate qu’on ne peut mener une réforme en l’absence de données chiffrées et sans avoir établi préalablement un état des lieux des différents ministères et de leurs besoins, notamment en ressources humaines. Adnan Iskandar, membre du comité national pour la lutte contre la corruption, conclut le débat en constatant que les gouvernements successifs n’ont jamais élaboré une stratégie aux objectifs précis, comme l’avait fait les chéhabistes. Selon lui, il s’agit d’abord d’analyser les raisons des échecs des tentatives de réforme précédentes, de trouver un mécanisme viable de réforme et surtout d’assurer un suivi de toutes les initiatives entreprises à ce jour.
Je. J.
La réforme administrative a été une fois de plus au centre de débats organisés le week-end dernier par le Lebanese Center for Policy Studies (LCPS), en collaboration avec la fondation Konrad Adenauer et en présence du ministre d’État au Développement administratif. Face à un constat d’échec des multiples tentatives de redressement de l’Administration, experts et grands...