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Jusqu’au bout, soutien total des décideurs au régime

Comme cadeau d’anniversaire, à un an de la fin du mandat, le régime ne pouvait pas rêver mieux. La (déjà) fameuse missive de mercredi, dite de l’après-sommet, répercutée par l’Agence nationale d’information sous le titre-trouvaille si révélateur du « suivi de Damas », insiste sur une constante qui est également une priorité : personne au Liban ne doit oublier la primauté de Baabda.
Les loyalistes du haut de panier, entendre les ultras lahoudistes, y voient une nette victoire sur leurs détracteurs. Mais l’opposition de tous crins ne veut considérer cette (ré)assurance que comme un simple lot de consolation pour le régime. Qui compenserait un peu de la sorte, la perte (sèche) d’un rêve récurrent, qui lui est particulièrement cher: l’éviction de Hariri. Selon les opposants, Damas confirme, pour le fond et en pratique, le maintien du statu quo (et du flou dont on l’entoure) en attendant les grandes décisions concernant la présidentielle.
Les lahoudistes, et c’est bien normal, estiment que l’on peut plus que jamais espérer dans la reconduction. D’abord parce que le président Assad n’a voulu voir que le chef de l’État, sans participation, comme à l’accoutumée, des deux autres présidents libanais. Ensuite, vu que le message syrien met l’accent, assez nettement, sur cette petite phrase prometteuse : « La présence du président Émile Lahoud à la tête de l’État libanais constitue l’un des facteurs de l’immunité de ce pays face aux périls. » Tant que ces dangers perdurent, soulignent donc les intéressés, il n’y aurait pas de raison de changer de président. Et de conclure que la dépêche de l’Ani représente une sorte de communiqué final visant à prévenir toute interprétation tendancieuse, toute exploitation perverse, d’une rencontre qui était tout à l’avantage du régime.
Pour les opposants, par contre, le texte ne constitue pas un engagement déterminé. Et peut se lire avec des binocles purement protocolaires, comme toute inscription sur un livre d’or.
Allant plus loin, les haririens, tout en faisant mine d’avoir le triomphe modeste, exultent de cette certitude : leur chef ne sera pas déboulonné de sitôt.
À ce même propos, les loyalistes haut de gamme reconnaissent loyalement (ce qui va de pair et de soi) que le président Lahoud n’a pas manqué d’évoquer avec le président Assad le malaise déstabilisateur que ses difficiles relations avec le président du Conseil suscitent. Il a même souligné que l’on ne peut continuer ainsi pendant de longs mois. Qu’il faut un changement, pour activer l’État et les prestations de son personnel exécutif. Selon le camp cité, les décideurs ont parfaitement compris le point de vue présidentiel. Ce qu’ils ont laissé entendre, en rappelant la position primordiale du président Lahoud dans l’équation libanaise, aussi bien intérieure qu’extérieure.
Quoi qu’il en soit, si l’on estime que finalement personne ne repart les mains vides, on constate du même coup que le sommet n’a pas fait table rase des tensions interprésidentielles. Berry, toujours aussi neutre ou équidistant des protagonistes, souhaite en avoir le cœur net. Il compte donc se rendre sous peu à Damas. À l’instar, du reste, d’autres joueurs plus ou moins directement concernés, comme Hariri lui-même ou encore Walid Joumblatt. On devrait ensuite être un peu mieux fixé, notamment pour ce qui est des perspectives de reconduction, tant chantées par les lahoudistes. Et que réfutent les contempteurs non seulement du régime mais de l’atteinte au principe de l’alternance. Dont Bkerké, ainsi que la plupart des députés. Ou encore les mêmes Berry et Joumblatt, qui ne sont pourtant pas foncièrement hostiles au régime. Mais qui déplorent, Joumblatt surtout, les inquiétants déchirements du pouvoir. Le leader du PSP rejoint d’ailleurs les pôles de Kornet Chehwane, qui dénoncent le pourrissement. Et dont l’un des membres souligne que qui peut le plus peut le moins. C’est-à-dire, à son sens, que la Syrie n’a finalement décidé que le maintien du statu quo. Ce bord-là a donc tendance à considérer que le maintien du cabinet rend bien plus difficile la prorogation.
En oubliant un peu trop vite que les Trente, où Hariri ne dispose pas d’une majorité, seraient tout aussi prêts à voter un amendement de la Constitution en vue d’une rallonge du mandat, le jour où les décideurs en feraient poliment, gentiment, la demande. Et que la Chambre suivrait, comme un seul homme ou presque. Comme toujours.

Philippe ABI AKL
Comme cadeau d’anniversaire, à un an de la fin du mandat, le régime ne pouvait pas rêver mieux. La (déjà) fameuse missive de mercredi, dite de l’après-sommet, répercutée par l’Agence nationale d’information sous le titre-trouvaille si révélateur du « suivi de Damas », insiste sur une constante qui est également une priorité : personne au Liban ne doit oublier la...