Rechercher
Rechercher

Actualités

Diaspora Le tableau général reste lourd et confus

Le communiqué final de l’Assemblée des prélats catholiques adopte sans réserve la proposition initiée par le député Nehmétallah Abi Nasr et cosignée par neuf de ses pairs prévoyant d’attribuer à la diaspora
libanaise un certain nombre de sièges à la Chambre. Pour que les émigrés participent à la vie politique de ce pays. La même motion demande que tout expatrié d’origine libanaise soit considéré comme étant toujours libanais pour faciliter la récupération de la nationalité par les descendants des premières vagues d’émigration. Mais est-ce que les autorités publiques sont disposées à favoriser un tel processus, qui nécessite en fait un amendement de la Constitution, au niveau du nombre de députés, puisqu’il faudra l’augmenter ?
Plus encore : les émigrés sont-ils eux-mêmes intéressés par la proposition en question ? On peut en douter, après la réaction incisive de l’ancien président colombien, Julio César Tarabey, qui s’est exclamé : « C’est dangereux ! Car cela modifierait les réalités politiques au Liban. La plupart des Libanais vivent à l’étranger. Si cette majorité devait être élue, si la diaspora devait obtenir le droit de voter, son opinion pourrait être différente de celle de la minorité résidente. Dont le droit de choisir leurs représentants au Parlement se verrait réduit. Sauf, bien entendu, si l’on part du postulat que les candidats doivent provenir du milieu résident et non du monde expatrié. » Tarabey conclut, en substance, qu’il faut trouver moyen d’assurer la participation des émigrés à la vie publique libanaise sans pour autant altérer la configuration politique du pays, « car la politique du Liban doit être forgée au Liban même ».
Le resserrement des liens a été au centre, on le sait, d’innombrables congrès, tenus ici depuis de longues années. L’on a produit des tonnes de recommandations pour dynamiser l’apport émigré sur les plans politique, médiatique et économique, et stimuler l’investissement. Mais ces (bonnes résolutions) sont pratiquement toutes restées lettre morte. Des dizaines de délégations officielles libanaises ont effectué de pressantes tournées auprès des colonies libanaises à l’étranger, sur tous les continents. Elles ont scrupuleusement pris note des demandes des émigrés, en leur faisant moult promesses, jamais tenues. Le ministère des Affaires étrangères a constamment pressé les ambassades et les émigrés eux-mêmes d’initier l’inscription et la déclaration des enfants afin qu’ils puissent avoir la nationalité libanaise. Il a également mis l’accent sur la nécessité de faciliter toutes les formalités relatives à l’état civil, au commerce, au domaine économique ou foncier. En retour, nombre de délégations d’émigrés ont visité le pays au long des années. Mais finalement, tout cela est resté au niveau de l’échange de bons sentiments et de bonnes intentions, sans plus.
La raison principale de cette impéritie relève essentiellement des divisions, à l’intérieur comme à l’extérieur. Des divergences, avec arrière-plan politique, qui portent sur les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser le resserrement des liens et exploiter à fond le considérable potentiel de la diaspora dans tous les domaines, culturel, diplomatique, social, économique et financier. Ces capacités seraient notamment utilisées pour relancer le chantier de la reconstruction et pour alléger la dette publique libanaise, trop lourde. L’influence des colonies libanaises est suffisante, dans certains pays, pour soutenir activement les causes du Liban. Mais localement, à cause de considérations politiques déterminées, la rue, les partis et les communautés sont divisés sur la portée du rôle de l’émigration.
Il reste que, moralement aussi bien que matériellement, beaucoup pensent qu’il est profondément injuste que des Libanais expatriés aient perdu leur droit à la nationalité, tout simplement parce qu’ils n’avaient pas été avisés, lors de l’éclatement de l’Empire ottoman et de la création de ce pays, qu’il fallait la demander. Les générations qui ont suivi ces premières vagues, et qui auraient gardé la nationalité libanaise par droit du sang, se chiffrent aujourd’hui par millions. Il serait normal qu’on leur facilite les formalités pour retrouver un statut de ressortissants libanais. Et que, d’une manière bien étudiée, ils puissent contribuer à la vie publique de la mère-patrie, sous toutes ses formes politique ou économique. Il faut accentuer les efforts déployés en direction des Libanais d’origine qui seraient susceptibles d’investir, notamment par le biais de joint ventures avec des sociétés ou des hommes d’affaires résidents. À ce sujet, il convient de souligner que les expatriés n’ont pas trop confiance dans l’État ou le pouvoir actuels, dont les dissensions permanentes les perturbent. Ils sont également rebutés, redisons-le, par la pesante routine bureaucratique qui étrangle les projets. Ainsi que par les pratiques de corruption, voire de chantage, assez courantes localement. Des dispositions exceptionnelles d’ordre fiscal peuvent être prises pour favoriser l’investissement. De plus, il faudrait que les ambassades libanaises à l’étranger s’activent davantage pour attirer les émigrés. Ou pour faciliter le vote sur place des ayants droit.
Émile KHOURY
Le communiqué final de l’Assemblée des prélats catholiques adopte sans réserve la proposition initiée par le député Nehmétallah Abi Nasr et cosignée par neuf de ses pairs prévoyant d’attribuer à la diaspora libanaise un certain nombre de sièges à la Chambre. Pour que les émigrés participent à la vie politique de ce pays. La même motion demande que tout expatrié...