Mécanisme électoral
Il existe six facultés à l’AUB, qui comptent chacune un certain nombre de sièges à pourvoir dans le cadre du SRC : gestion (Business - 14 sièges), ingénierie (Engineering - 21), arts et sciences (Arts and Sciences - 26), médecine (Medicine - 12), agriculture (Agriculture - 12) et sciences de la santé (Health Sciences - 7). Le SRC tient lieu de comité de délégués, dans le sens où les élus vont se consacrer en priorité à des questions d’ordre micropolitique, notamment les affaires administratives, sociales et culturelles de leur faculté respective. Une ou deux semaines après l’élection, les bureaux de facultés du SRC se réunissent pour élire ceux qui les représenteront au sein du USFC, le haut comité de l’amicale estudiantine, qui s’occupe des affaires macropolitiques. Un haut comité qui compte dix-huit étudiants : trois étudiants de la faculté de gestion, trois de la faculté d’ingénierie, cinq de la faculté des arts et sciences, deux de la faculté de médecine, deux de la faculté d’agronomie et deux de la faculté des sciences de la santé. Enfin, ce comité de dix-sept étudiants élit, avec la participation au vote d’un représentant du corps professoral par faculté, le vice-président de l’USFC, qui est en réalité l’étudiant qui présidera le haut comité estudiantin. La présidence, elle, revient de droit au recteur « président » de l’AUB, M. John Waterbury, qui assiste à toutes les réunions du haut comité.
Panorama politique
L’an dernier, le SRC a été dominé par trois courants politiques principaux, qui ont leurs partisans à l’AUB : le Mouvement du peuple, de l’ancien député Najah Wakim, le groupuscule de gauche Sans frontières (Bila Houdoud) et le Courant patriotique libre (CPL-aouniste). La vice-présidence de l’USFC a été remportée l’an dernier par un étudiant de « Sans frontières », Youssef Haddad, appuyé par le Mouvement du peuple de Najah Wakim. Ces deux mouvements font d’ailleurs souvent équipe, et c’est à l’Université libanaise où ils sont le plus représentés (Sans frontières avait autrefois son équivalent à l’Université Saint-Joseph, le groupe Tanios Chahine, à qui l’on doit la fameuse manifestation de Arnoun, en 1999. Mais ce dernier a aujourd’hui cessé ses activités. Sans frontières a également son pendant à la LAU, le groupe Pablo Neruda).
Cette année, les alliances à l’AUB, ont été conclues sous la forme suivante : le Mouvement du peuple et « Sans frontières » font toujours équipe ensemble. Une alliance qui déplaît particulièrement au Parti syrien national social (PSNS, voir par ailleurs). Les deux courants sont appuyés par le Hezbollah (une alliance entre la gauche et le parti islamiste plutôt contre nature), dont la présence est plutôt – c’est une surprise – discrète cette année, et qui n’a pas présenté beaucoup de candidats. Une autre coalition regroupe le PSNS, le « club syrien » et le mouvement Amal. Cette coalition jouit de l’appui du courant du Futur, de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri.
Le CPL fait cavalier seul cette année. Les années précédentes, le courant aouniste pouvait bénéficier d’alliances conjoncturelles et ponctuelles avec les groupuscules de gauche sur le campus. Mais il subit actuellement les répercussions du Syria Accountability Act. Et, selon des représentants du courant aouniste, de telles alliances tactiques seront impossibles cette année. C’est pourquoi le CPL regarde plutôt du côté de la coalition des courants de l’opposition représentés au sein du Rassemblement de Kornet Chehwane (Forces libanaises, Parti national libéral...), avec qui il pourrait se retrouver sur la même longueur d’ondes. Le Parti socialiste progressiste fait lui aussi cavalier seul, et les « clubs » jordanien et palestinien, alliés l’an dernier avec le PSNS et le « club syrien », sont à la recherche d’alliés notoires vers lesquels ils pourront reporter leurs voix. Quant aux « indépendants », ils sont légion cette année, pour la plupart des étudiants qui « flirtent » avec un courant politique dont ils ne veulent pas assumer l’étiquette, ou, parfois, des jeunes déçus par la totalité des mouvements existants et à la recherche de nouveaux horizons politiques.
Prévisions par facultés
À l’AUB, chaque faculté constitue le bastion d’un courant politique déterminé, lequel va y manifester sa puissance pour parvenir à se faire représenter massivement au SRC, dans l’optique de briguer le plus de sièges possibles au USFC et, pourquoi pas, viser la vice-présidence.
À la faculté d’ingénierie, c’est le courant aouniste qui est le plus fort. Le courant a réussi à placer dix candidats sur vingt et un, l’an dernier. Avec les étudiants indépendants, il devrait sans surprise l’emporter dans cette faculté.
La faculté des arts et des sciences est la place forte du Mouvement du peuple et du groupe Sans frontières. Le CPL n’a réussi à y obtenir que deux sièges sur 26 l’an dernier. La totalité des forces politiques présentent des candidats dans cette faculté, face à la coalition Mouvement du peuple – Sans frontières – Hezbollah.
La faculté de gestion constitue le bastion du PSNS et de son prolongement, le « club syrien », formé de nationalistes syriens. L’an dernier, ces deux mouvements s’étaient alliés aux « clubs » palestinien et jordanien, face au CPL, au Mouvement du peuple et au groupe Sans frontières.
La faculté de médecine est généralement acquise aux indépendants, de même que la faculté des sciences de la santé. Néanmoins, le PSP et le courant du Futur présentent des candidats dans cette dernière. Enfin, la faculté d’agronomie, dominée l’an dernier par Sans frontières, compte plusieurs candidats indépendants aux élections. Il convient de signaler que les résultats seront annoncés dès la fin du dépouillement des bulletins de vote, mercredi soir, et que l’isoloir sera utilisé durant le processus électoral. Deux exemples de cette école de civisme que constitue l’AUB.
Michel HAJJI GEORGIOU
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