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LIBAN-ISRAËL - Le Hezbollah et le Hamas minimisent l’importance des manœuvres militaires de l’État hébreu Les menaces de Mofaz doivent être prises très au sérieux

De Washington où il se trouve en ce moment, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, continue d’adresser des messages lourds de menaces en direction de Beyrouth et de Damas. Sauf que cette fois, aucun responsable américain ne s’est fendu d’une quelconque condamnation, comme cela se faisait à chaque fois que le Liban et la Syrie répondent aux menaces de l’État hébreu.
Selon des sources diplomatiques bien informées, il faudrait envisager plus que sérieusement la mise en garde de Shaoul Mofaz. Pas seulement parce qu’elle est la première du genre, tous responsables militaires ou civils israéliens confondus, mais, surtout, à cause de son timing, et du lieu à partir duquel elle a été lancée. Sans compter la visible incapacité des Américains à contenir cette menace, à cause, sans doute, du réchauffement sensible de la campagne présidentielle US, ou du gros bourbier irakien dans lequel pataugent les États-Unis. D’autant plus que le changement de stratégie de Washington (transfert du véritable pouvoir à un nouveau gouvernement irakien en juin 2004 et tenue d’élections générales avant la fin 2005) ne semble pas avoir convaincu les résistants à l’occupation US de mettre un terme à leurs opérations mortelles.
Les sources en question ajoutent en outre que le sérieux de la menace israélienne a été confirmé par des informations recueillies auprès d’instances internationales (dont l’Onu), qui assurent que les États-Unis « ne condamneront pas Israël en cas d’attaque contre le Liban et la Syrie », à l’instar de ce qui s’est passé il y a quelques semaines après le raid de Aïn el-Saheb, à seize kilomètres à peine de Damas. On parle ainsi de plusieurs plans déjà prêts, d’opérations déjà prévues – pas seulement d’invasions ponctuelles au Liban-Sud, mais d’attaques en profondeur dans le territoire libanais par le biais de l’armée de l’air israélienne.
Il semble, à ce sujet, que le coordinateur général pour l’opération de paix au Proche-Orient, Terjé Rœd-Larsen, posséderait de sérieuses informations sur la situation – délicate – qui prévaut actuellement au Liban-Sud. Il sera d’ailleurs dans les heures à venir au palais de Verre à New York, où il présentera, demain mardi en principe, son rapport mensuel qui portera sur les derniers développements régionaux, y compris au Liban. D’autant qu’il s’était rendu la semaine dernière à Naqoura, où il a pris directement connaissance d’un rapport que lui avait préparé la direction de la Finul.
Les sources diplomatiques bien informées indiquent, d’autre part, que le timing des manœuvres militaires israéliennes aux frontières avec le Liban et la Syrie « ne sont pas innocentes ». Et que le fait d’avoir dévoilé ce mouvement de troupes serait une étape préléminaire laissant entrevoir un face-à-face militaire avec la Syrie et le Hezbollah. Autre signe patent : la contradiction criarde du porte-parole de l’armée israélienne, qui avait évoqué en même temps « un exercice de routine » et « un avertissement » adressé à la Syrie et au parti intégriste, et dit dans le même communiqué que l’armée de l’État hébreu « ne cherche pas l’escalade », mais qu’elle est « prête » à contenir n’importe quel heurt avec le Hezbollah, « qui est à la pointe du terrorisme, avec le parrainage de la Syrie et le soutien de l’Iran ».
Il serait d’ailleurs utile de signaler que le Hezbollah et le mouvement de résistance islamique palestinien Hamas ont minimisé hier l’importance de ces manœuvres militaires israéliennes, les qualifiant de « médiatiques ». « Qu’ils (les Israéliens) poursuivent leurs manœuvres, qui sont médiatiques et sans importance », a lancé le n° 2 du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, lors d’une cérémonie à Beyrouth à l’occasion du 33e anniversaire de la prise du pouvoir en Syrie par le président syrien défunt Hafez el-Assad. « Qu’ils se préparent, nous les attendons de pied ferme », a-t-il ajouté.
Quant au chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, il a versé dans le même sens, jugeant qu’Israël était pour le moment incapable de menacer la Syrie et le Liban en raison des confrontations avec les Palestiniens. « Israël a besoin de 20 000 réservistes pour envahir Gaza, pensez-vous qu’il soit capable de mener une guerre d’usure contre la Syrie et le Liban », a-t-il relevé, lors de la même cérémonie à laquelle assistaient des représentants des hauts responsables et de l’armée libanaise ainsi que des partis libanais et palestiniens.
Quoi qu’il en soit, les sources bien informées mettent en garde contre les propos rapportés par Shaoul Mofaz aux responsables américains. Des assurances selon lesquelles il y aurait des « camps terroristes » au Liban, chargés d’entraîner certains combattants étrangers qui partiraient ensuite pour l’Irak tuer le maximum de soldats américains. Pour les sources précitées, les affirmations du ministre israélien de la Défense n’ont qu’un but : accélérer l’octroi d’un feu vert des États-Unis à Israël, qui lui permettrait de s’en prendre aux positions du Hezbollah et à la Syrie.
Conclusion : il est aujourd’hui indispensable, assurent ces mêmes sources, de mobiliser la diplomatie libanaise (que viendrait conforter une campagne médiatique aux États-Unis mêmes) afin de contrer les menées de Shaoul Mofaz à Washington. En rappelant par exemple que Beyrouth et Damas s’étaient montrés particulièrement positifs avec le secrétaire d’État US, Colin Powell, lorsqu’il s’était arrêté dans les deux capitales, l’an dernier, pour leur demander de maîtriser la situation le long de la ligne bleue.

Khalil FLEYHANE
De Washington où il se trouve en ce moment, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, continue d’adresser des messages lourds de menaces en direction de Beyrouth et de Damas. Sauf que cette fois, aucun responsable américain ne s’est fendu d’une quelconque condamnation, comme cela se faisait à chaque fois que le Liban et la Syrie répondent aux menaces de l’État...