L’attentat de Ryad - Des familles anesthésiées par le choc, l’attente et le malheur Les corps de cinq victimes rapatriés hier soir à Beyrouth (photos)

Cinq caisses en bois ont été sorties de la soute à bagages de l’Airbus A330, vol 423 de la MEA Ryad-Beyrouth. Hier, à 23 heures, les corps de Richard Haïdar, 33 ans, son épouse Nancy, 30 ans, et leur fils Jad, 1 an et demi, de Nina Nasr Gebran, 26 ans, et de Rania Masri Saleh, 27 ans, ont été rapatriés.
Dès 21 heures 30, les familles des victimes de l’attentat contre le complexe résidentiel Mouhaya ont commencé à affluer à l’AIB, pour accueillir leurs bien-aimés. Beaucoup d’entre eux ont attendu debout devant le portail d’entrée du salon des VIP. Parmi eux la grand-mère de Richard Haïdar, ingénieur, l’oncle maternel de Nancy Haïdar, le beau-frère de Rania Saleh et toute la famille, le père, les deux frères et les tantes de Nina Gebran.
C’est que des centaines de Libanais originaires de Ibrine (village des Haïdar), de Tripoli (ville natale de Rania Saleh) et de Kalhat (village de Nina Gebran) ont afflué à l’aéroport et il fallait vérifier l’identité de tout le monde, pour garder une place au salon d’honneur aux parents les plus proches des victimes.
Exceptionnellement, le vol 423 de la MEA, qui transportait également quelques blessés légers, a atterri sur le tarmac voisin du salon des VIP, évitant aux proches des victimes de retrouver les leurs au service de fret, transportés en avion comme un simple bagage.
Il n’y avait pas de cérémonie officielle, mais plusieurs responsables, notamment le ministre des Transports Négib Mikati, représentant le président de la République, le ministre des Affaires sociales Assaad Diab, représentant le Premier ministre, le député Ali Bazzi, représentant le président de la Chambre, ainsi que le chef du protocole au palais Bustros, Moustapha Moustapha, et l’ambassadeur Kozhaya Khoury, représentant le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid, se sont rendus à l’AIB. Le ministre de l’Information Michel Samaha s’était déplacé à titre personnel. Une délégation de l’ambassade d’Arabie saoudite conduite par le chargé d’affaires Abdel-Rahman al-Khayat était également présente. Hier, c’est dans le silence que des familles meurtries, anesthésiées par le choc, l’attente et le malheur ont patienté dans le luxueux salon de l’AIB, avant l’atterrissage du vol Ryad-Beyrouth...
Les corps de Richard, Nancy, Jad, Nina et Rania ont été transportés par la Croix-Rouge jusqu’aux ambulances et corbillards. Ces cinq Libanais avaient l’habitude de rentrer autrement de Ryad pour passer les vacances au pays. C’était un temps où ils portaient leurs valises, marchaient en souriant pour retrouver les leurs. Hier, à la sortie de l’AIB, un proche des Haïdar remerciait un responsable de la sécurité à l’aéroport en disant : « J’espère vous le rendre en des circonstances heureuses. » Les corps des enfants Mezher, Jad, 8 ans, et Raya, 4 ans, dont les parents Charbel et Maguy sont toujours hospitalisés à Ryad, devraient être rapatriés à Beyrouth ultérieurement.
Patricia KHODER