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Présidentielle - L’enjeu aggrave la crispation au sein du pouvoir Le timing tributaire des relations syro-américaines

Tant que la Syrie ne se prononce pas franchement sur la présidentielle, notamment sur la reconduction, la crise restera aussi étouffante que mal étouffée. Le pays continuera à pâtir économiquement de la lutte d’influence qui oppose les officiels, présidents en tête.
Comme le confirme un ministre influent, le dossier dépend beaucoup de l’état des relations entre Damas et Washington. Elles sont actuellement au plus bas, à en croire Boushra Kanafani, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. Si, par chance, une évolution positive devait s’amorcer, il deviendrait sans doute possible d’abréger le suspense actuel en matière de présidentielle libanaise, précise ce cadre ministériel. Qui rappelle que la Syrie et les USA bénéficient tous deux du label de grands électeurs au Liban. Dans des rôles, précisons-le, qui peuvent être complémentaires ou conflictuels. Le choix du futur président peut être effectué par concertation, à l’amiable. Une deuxième formule, déjà expérimentée, veut que la Syrie désigne mais que les USA aient un droit de veto. Enfin, chacun d’eux peut avoir son candidat propre, le rapport des forces sur le terrain penchant toutefois en faveur de la Syrie.
Pour en revenir au ministre cité, il indique que pour le moment la Syrie laisse le dossier sur l’étagère. Et ne cesse de recommander à ses fidèles de ne pas déclencher le débat avant qu’elle ne leur en donne le signal. Il ajoute que, manifestement, Damas veut se garder une carte de négociation face aux Américains. Cela devrait être donnant, donnant : soit la Syrie choisit le futur président libanais et cède en contrepartie quelque chose ; soit l’inverse.
Il faudra en tout cas voir, à la lumière des rapports syro-américains, si ce pays va savoir à quoi s’en tenir plusieurs mois avant l’échéance. Ou s’il va lui falloir attendre la dernière ligne droite, c’est-à-dire jusqu’à quelques jours seulement avant le scrutin. En restant plongé dans les tiraillements, la guerre des nerfs entre dirigeants, qui lui causent le plus grand tort sur le plan socio-économique ou financier.

Perspectives
Sur le plan pratique, la source ministérielle citée n’exclut pas que Syriens et Américains ne s’accordent pour soutenir un chambardement de la Constitution libanaise. Pour permettre d’une part la réélection du président Lahoud, à travers l’amendement du fameux article 49. Ou pour retoucher l’article 73, de manière à anticiper l’échéance, ce qui réduirait du coup l’existence du présent gouvernement Hariri. Car il serait tenu de rendre son tablier, dès la prise en charge par le nouveau chef de l’État, aux termes de l’aliéna D de l’article 69. Disposition qui permettrait sans doute au président Lahoud, si jamais il était reconduit dans ses fonctions avec délais rapprochés, de larguer promptement le président Hariri, pour le faire remplacer par quelqu’un de moins hostile, voire par un partisan. Cependant, indique encore le même ministre, il reste hautement probable qu’en cas d’entente syro-américaine, on préférerait privilégier le principe de l’alternance du pouvoir, en évitant la reconduction ou la prorogation. Du coup on conforterait, en même temps que le respect de la Constitution, l’esprit démocratique censé animer la République libanaise. Dans ce cas, la décision serait signifiée en temps dû au président Lahoud. Tout comme elle l’avait été pour le président Hraoui, lorsqu’on lui avait fait savoir que la rallonge n’irait pas plus loin que les trois ans votés complaisamment par la Chambre des députés. On avait alors ajouté que le peuple libanais, dans son écrasante majorité, souhaitait l’avènement du général Lahoud et qu’on allait lui donner satisfaction. Pour la prochaine édition, le choix définitif serait sans doute précédé d’une courte période de présélection des candidats plausibles et d’une opération de tri, peut-être avec des tests à l’appui, comme en 98.
En tout cas, en attendant que les grands électeurs s’accordent ou entrent pour de bon en guerre l’un contre l’autre, la sinistre mascarade va se poursuivre sur la scène locale. Avant chaque Conseil des ministres, la Syrie doit intervenir en arbitre. Pour la bonne raison qu’il n’y a jamais d’accord sur l’ordre du jour. Le cabinet de la présidence du Conseil prépare certes ce programme, mais les services de la présidence de la République tiennent à chaque fois à y opérer des soustractions ou, au contraire, à y faire des rajouts. Et c’est la dispute, suivie de l’intervention syrienne. L’habitude est tellement bien prise qu’un député opposant propose ironiquement de nommer, une fois pour toutes, un officier de liaison syrien qui serait chargé de couver l’éclosion de l’ordre du jour du Conseil des ministres. Libanais.
Émile KHOURY
Tant que la Syrie ne se prononce pas franchement sur la présidentielle, notamment sur la reconduction, la crise restera aussi étouffante que mal étouffée. Le pays continuera à pâtir économiquement de la lutte d’influence qui oppose les officiels, présidents en tête.Comme le confirme un ministre influent, le dossier dépend beaucoup de l’état des relations entre Damas et...