M. Lahoud a ajouté que « le Liban et la Syrie croient à une paix juste, globale et permanente dans la région, œuvrant à sa réalisation en insistant sur l’application des résolutions de l’Onu ». Dans son entretien avec l’émissaire spécial de l’Union européenne, dont la présidence est assumée actuellement par l’Italie, le chef de l’État a accusé Israël de remettre en question la stabilité au Proche-Orient du fait de ses dernières attaques contre ses deux voisins.
Par ailleurs, selon le président de la République, tant que l’État hébreu « bénéficie de l’appui des États-Unis, il continuera à faire échec à toutes les initiatives internationales visant à instaurer la paix au Moyen-Orient et favorisera l’option militaire ». Or aux yeux du général Lahoud, ce n’est certainement pas le recours incessant à la violence qui favorisera le retour à la stabilité en Palestine et dans la région. Il a affirmé que les États-Unis devraient faire preuve d’« impartialité » étant donné la précarité de la situation.
Concernant l’Irak, le chef de l’État a insisté une fois de plus sur le rôle exclusif que devraient jouer les Nations unies dans le traitement de ce dossier. Selon lui, il convient aussi de laisser au peuple irakien le soin d’élire ses représentants.
Par ailleurs, le président Lahoud a réaffirmé l’opposition du Liban à toute forme de terrorisme. Il a toutefois souligné la nécessité de faire la distinction entre la lutte des peuples pour l’indépendance et les actes terroristes visant des innocents et des civils. Le chef de l’État a cité dans ce cadre l’exemple de « la résistance nationale libanaise qui a réussi à libérer la plus grande partie du Sud de l’occupation israélienne. On ne peut pas accuser cette résistance de terrorisme », a-t-il ajouté, avant de confirmer le soutien de Beyrouth au peuple palestinien, qui cherche à récupérer sa terre occupée et à garantir le retour des réfugiés.
M. Lahoud a rappelé le refus du Liban de toute implantation des Palestiniens sur son territoire, « quelles que soient les raisons et les circonstances. Cette position est consacrée par la Constitution. Elle est de surcroît le fruit d’un consensus, et le Liban n’est disposé à faire aucune concession susceptible de porter atteinte à la paix civile et à l’entente nationale, ou à l’équilibre démographique dans le pays », a-t-il déclaré.
De son côté, l’émissaire italien a exposé au chef de l’État les objectifs de ses visites à Damas et à Beyrouth. M. Mantica a notamment indiqué qu’il cherchait à s’informer de la position des États du Moyen-Orient sur les derniers développements sur la scène régionale.
Chez Hariri et Obeid
M. Mantica s’est rendu par la suite chez le Premier ministre Rafic Hariri, puis chez le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid.
Au terme de son entretien avec M. Hariri, il a notamment déclaré : « Nous avons parlé des moyens susceptibles de relancer la “feuille de route”. J’ai également informé M. Hariri de notre expérience en Irak où, avec 3 000 hommes, nous sommes la troisième force militaire », a ajouté l’émissaire italien.
M. Mantica a déclaré, à l’issue de sa réunion avec M. Obeid, avoir examiné l’ordre du jour de la conférence euro-méditerranéenne prévue les 2 et 3 décembre à Naples.
L’un des « sujets fondamentaux » de cette rencontre du Forum euro-méditerranéen (Euromed), qui réunira les ministres des Affaires étrangères, sera « la création d’une institution pour le dialogue entre les civilisations et les cultures », a-t-il dit.
Concernant le conflit israélo-palestinien, M. Mantica s’est dit « pessimiste » quant à la mise en application de la « feuille de route », « mais il n’y a aucune autre alternative, et nous allons persévérer dans la même voie », a-t-il précisé.
Le responsable italien était arrivé hier vers midi à Beyrouth en provenance de Damas pour une visite de 24 heures au terme de laquelle il regagnera Rome ce matin.
À son arrivée à l’AIB, il a qualifié d’« excellente » sa visite en Syrie. M. Mantica a ajouté : « Les derniers développements dans la région doivent inciter les pays concernés à réagir de manière responsable. » Il a en outre précisé que ses pourparlers à Damas avaient porté sur la visite du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, à Moscou.
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