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Actualités

Opinion Tous coupables

C’est avec stupéfaction que je prends connaissance au fil des jours des déclarations liberticides des responsables politiques libanais et du procureur général. Dernièrement, j’ai découvert qu’il était interdit de critiquer un État étranger devant les instances internationales sans l’aval du gouvernement libanais. Cette mesure, dirigée officiellement contre l’intervention aux États-Unis de l’ancien Premier ministre Michel Aoun, dépasse de loin le cadre individuel.
En tant que défenseur des droits de l’homme au Liban et partout dans le monde, cette mesure fait de moi un hors-la-loi au quotidien. Signer une pétition en faveur de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de paix birmane, peut être considéré comme troublant les relations du Liban avec la Birmanie. Vouloir défendre Saadeddine Ibrahim en Égypte ou Sihem Benseddrine en Tunisie pourra être assimilé à de la trahison.
D’ailleurs, que dire de notre action en faveur des Libanais détenus arbitrairement ?
Dénoncer la mort lente et secrète à laquelle sont condamnés plus de 200 Libanais qui croupissent dans les geôles syriennes, c’est déjà de la haute trahison, alors allez défendre ces mêmes victimes devant le Parlement européen et cela devient de la... plus haute trahison.
Avec toute cette absurdité, on nous explique qu’il ne s’agit là que de mesures normales que prendrait tout État démocratique... eh oui !
Si cette nouvelle atteinte à la liberté d’expression m’a fait réagir, c’est parce qu’elle s’inscrit dans une campagne de dénigrement systématique des ONG, quel que soit leur domaine d’activité.
À suivre ce raisonnement absurde du régime libanais, toute expression ou tout engagement en faveur des droits de l’homme dans n’importe quel pays du monde nécessiteront une autorisation du Conseil des ministres à Beyrouth !
Il se peut que des esprits éclairés au Liban trouvent cela normal. Pour ma part, je trouve que le Liban vient de franchir un pas de plus vers la dictature en envoyant une nouvelle fois des messages négatifs à tous les citoyens libanais, qu’il accule par cette logique à se taire ou à s’exiler.
L’aspect et l’utilisation politique de ces accusations ne doivent pas nous faire perdre de vue que nous sommes tous concernés par cette nouvelle conception de la liberté d’expression du régime libanais. N’y voir qu’un accident de parcours n’y changera rien. J’ai la désagréable certitude qu’il s’agit d’un mouvement de fond de régression et de musellement de la société civile et des opposants qui est en route. Alors, n’attendons pas que vienne notre tour pour réagir : écrivons tous à M. Addoum pour demander notre mise en examen pour toutes les pétitions que nous avons signées.

Wadih AL-ASMAR
Vice-président du mouvement Solida
(Soutien aux Libanais détenus arbitrairement)
C’est avec stupéfaction que je prends connaissance au fil des jours des déclarations liberticides des responsables politiques libanais et du procureur général. Dernièrement, j’ai découvert qu’il était interdit de critiquer un État étranger devant les instances internationales sans l’aval du gouvernement libanais. Cette mesure, dirigée officiellement contre...