Communautés - Entretiens avec la ministre d’État chargée des Affaires du Moyen-Orient et l’archevêque de Canterbury Sfeir : Les choses ne vont pas dans le sens d’un retour des émigrés au bercail

Londres, de notre envoyé spécial Habib CHLOUKC’est vers 14 heures heure locale que le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a rencontré la ministre d’État britannique chargée des Affaires du Moyen-Orient, la baronne Symons of Vernham Dean. Pendant cinquante minutes, ils ont évoqué les derniers développements sur la scène libanaise, avec la situation régionale (Israël, les territoires palestiniens, l’Irak) en toile de fond. Le maître de Bkerké a expliqué ses points de vue, s’arrêtant tout particulièrement sur l’émigration des jeunes Libanais, la crise économique qui secoue le pays, la non-application de l’accord de Taëf ainsi que la poursuite du « contrôle syrien » sur la décision libanaise.
À l’issue de cet entretien, la ministre britannique a fait part de l’intérêt de son pays pour tout ce qui touche aux difficultés auxquelles fait face le peuple libanais « avec la force de sa volonté, avec le dialogue et la coopération ». La baronne a également évoqué sa prochaine visite à Beyrouth, le 17 novembre, soulignant qu’il y avait des choses plus compliquées que d’autres et qui « exigent dialogue et débat ». Interrogée par les journalistes sur le point de savoir si la présence militaire syrienne avait été évoquée, elle a éludé la question, indiquant que moult sujets avaient été discutés et que Londres suivait avec intérêt la situation. « Nous avons parlé de plusieurs points concernant le Liban et ses voisins, mais le plus important est que nous soyons capables de dialoguer dans la franchise. Nous voulons que le Liban soit en interaction avec les autres pays du monde », a-t-elle conclu.
Et après avoir été l’invité d’honneur d’un déjeuner offert en son honneur par l’ambassadeur libanais à Londres, Mgr Sfeir a été reçu au Lambeth Palace par l’archevêque de Canterbury, le Dr Rowan Williams, avec lequel il a notamment évoqué des questions œcuméniques ainsi que la situations des Églises anglicane et maronite. L’archevêque, à la tête de l’Église la plus influente du Royaume-Uni, a tenu à accueillir personnellement le patriarche maronite et à le raccompagner à l’issue de l’entretien.
Le patriarche maronite avait entamé ses rencontres du matin en recevant une délégation des Forces libanaises, qui a demandé à Mgr Sfeir de continuer à œuvrer pour la libération de Samir Geagea, de ses compagnons ainsi que des prisonniers qui continuent de croupir dans les geôles syriennes, et à faire la lumière sur le sort des chrétiens disparus. Les membres de la délégation lui ont également demandé d’activer le retour des chrétiens au Liban et de redynamiser le rôle de la communauté sur les plans politique, social et économique.
Mgr Sfeir a regretté que les militants FL soient au Royaume-Uni et non au Liban, souhaitant une réconciliation totale qui permettrait leur retour au bercail. « Mais il semble bien que les choses ne vont pas dans ce sens », a-t-il indiqué, ajoutant néanmoins que « personne ne peut vivre seul au Liban ». Il s’est déclaré heureux de savoir que les militants qu’il a reçus n’étaient pas au chômage, « comme cela se voit trop souvent au Liban », ajoutant à l’adresse d’un jeune FL et d’un partisan des Gardiens du cèdre, qui lui assuraient qu’ils étaient désormais unis, qu’il aimerait bien qu’ils le restent, « unis, une fois rentrés tous deux au Liban ».
Le patriarche a ensuite reçu une délégation du Parti démocratique kurde libanais, qui a également appelé à la liberté, l’indépendance, la souveraineté et la libre décision du Liban, puis des membres de la Fédération chrétienne libanaise au Royaume-Uni, qui lui ont remis un mémorandum réclamant le départ de toutes les forces étrangères du Liban ainsi que l’application de la résolution 520 de l’Onu. Enfin, une délégation du Courant patriotique libre.
Le patriarche sera ce soir à Beyrouth, après une tournée de quarante jours qui l’a emmené dans sept pays européens. Il présidera, la semaine prochains, la réunion mensuelle des évêques maronites.