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Effet paradoxal des efforts de détente : des ministres veulent s’inscrire aux abonnés absents !

Maintenant que le Conseil des ministres en a fini avec le projet de budget, certains de ses membres ne cachent pas leur intention de ne plus assister à toutes les séances. Pourquoi cette grève du zèle ? Pour deux raisons, expliquent-ils : leur temps est trop précieux pour qu’ils le perdent sur de la routine, lorsque l’ordre du jour ne comprend que des questions ordinaires. Et, surtout, disent-ils, ils veulent éviter d’être présents au cas où des dossiers litigieux se présenteraient à l’étude, sans accord préalable entre les présidents. Ces ministres ne veulent pas se trouver contraints à prendre parti ou à se sentir embarrassés envers l’un ou l’autre camp. Ils ajoutent que leur absence fragiliserait ou annulerait le quorum. Elle pourrait de la sorte contribuer à désamorcer les charges explosives. En rendant aléatoire, voire impossible, la procédure de vote, ultime défi.
D’après ces dévoués serviteurs de la chose publique, il vaut mieux, en pratique, laisser les sujets qui fâchent aux gouvernements qui seront mis en place sous le prochain régime. Et qui seraient sans doute, à leur avis, plus cohérents. À l’image des relations qui devraient alors régner entre les hauts dirigeants de l’Exécutif. Dans cet esprit, le moindre mal reste, aux yeux de ces ministres, qu’on laisse passer le temps tranquillement, sans heurts, jusqu’à la fin du présent mandat présidentiel. Cela limiterait les dégâts sur le plan financier et socio-économique, qui se ressent fortement des éruptions cutanées du pouvoir.
Parmi les questions qui provoquent un blocage, on peut citer : la création d’un poste d’ombudsman (médiateur de la République) ; la résurrection du ministère du Plan ; le cellulaire ; les privatisations ; les titrisations ; la réforme administrative, en commençant pas la lutte contre la corruption ; les surnuméraires et parasites des administrations ; les expropriations ; le palais des Congrès ; la loi sur la fusion des banques, etc. Cela sans préjudice des houles que pourraient provoquer le prochain code électoral ou le projet de nouvelle loi sur les naturalisations. Le plus étonnant reste, dans les faits, que les querelles intestines ont entravé la prorogation de la loi sur la fusion des banques, malgré les claires explications du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé. Qui a rappelé, devant le Conseil des ministres, que le cadre légal adopté a permis de dégager 25 établissements, plus ou moins en difficulté, du marché sans que les déposants n’y perdent un centime. Et sans utilisation des fonds publics. À cette nuance près que la Banque centrale s’est trouvée autorisée à accorder des prêts à un taux de 7 % aux banques qui en acquièrent d’autres, pour qu’elles se procurent les actions nécessaires avec ces montants. Le gouverneur avait de même souligné que les opérations se sont déroulées dans la plus parfaite transparence, chaque montage faisant l’objet d’une étude préétablie serrée, soumise au gouvernement. Un sauvetage global qui représente un paquet de quelque 4 milliards de dollars. Et dont les effets auraient pu s’étendre à la banque al-Madina, si la loi était encore valide, permettant ainsi de garder en activité les centaines d’employés de cet établissement défaillant.
En tout cas, rien n’indique aujourd’hui que le lourd contentieux entre les dirigeants de ce pays puisse être réglé dans les prochains mois. Le Parlement va maintenant plancher sur le projet de budget. Et bientôt l’attention de la gent politique va se concentrer sur les élections municipales (et des moukhtars). Les députés et les ministres vont se mettre en campagne dans leurs régions, pour y défendre leurs intérêts d’influence. Ensuite viendra le tour de la présidentielle, qui focalisera également l’activité des professionnels, dans un climat d’expédition des affaires courantes, sans plus. À moins que, comme le souligne un ministre, la Syrie n’intervienne pour que l’on se mette au travail. En imposant le règlement des dossiers litigieux, que cela soit à l’amiable ou par le vote.

Émile KHOURY
Maintenant que le Conseil des ministres en a fini avec le projet de budget, certains de ses membres ne cachent pas leur intention de ne plus assister à toutes les séances. Pourquoi cette grève du zèle ? Pour deux raisons, expliquent-ils : leur temps est trop précieux pour qu’ils le perdent sur de la routine, lorsque l’ordre du jour ne comprend que des questions ordinaires. Et,...