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Budget - Le texte de loi enfin approuvé en Conseil des ministres Des dépenses supplémentaires de 120 milliards de livres et un déficit fixé à 32 %

Le Conseil des ministres a finalement approuvé le projet de budget 2004, mais en relevant de près de 120 milliards de livres – au lieu des 490 milliards réclamés par les ministres – les dépenses qui étaient initialement prévues par le ministre des Finances, Fouad Siniora, pour l’an prochain. Le déficit budgétaire est ainsi passé à 32 % au lieu des 31 % ou 27 % fixés par M. Siniora, selon que l’État parvient ou pas à privatiser le secteur de la téléphonie mobile. Même si le ministre de l’Information affirme le contraire, c’est bien grâce à l’intervention syrienne que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri, ont pu chacun faire la moitié du chemin en direction de l’autre. Ainsi, le budget du CDR – à cause duquel les rapports entre Baabda et Koraytem s’étaient de nouveau détériorés – est demeuré intact, mais en contrepartie, le président a pu imposer sa volonté de contrôler les activités de cet organisme.
C’est au terme d’une septième séance-marathon que « la fumée blanche » s’est dégagée du Conseil des ministres, pour reprendre les termes par lesquels le chef du gouvernement, Rafic Hariri, s’est adressé à la presse en sortant de la salle de réunions. Le ministre de l’Information, Michel Samaha, devait quant à lui utiliser pour la première fois le mot « sages » en décrivant les débats qui ont duré cinq heures et qui étaient principalement centrés sur le budget et le plan de travail du CDR pour 2004.
M. Samaha a reconnu que les interventions syriennes des derniers jours auprès des pôles politiques ont largement contribué à assouplir les rapports tendus entre les chefs de l’État et du gouvernement, à cause du budget du CDR. Le président Émile Lahoud voulait supprimer, rappelle-t-on, 110 milliards de dollars destinés à cet organisme pour le financement de projets dont il n’est fait aucune mention dans le budget et qui sont de surcroît présentés comme faisant partie d’un plan quinquennal « inexistant » de développement, ce que M. Hariri refusait catégoriquement.
Toujours selon le ministre de l’Information, les dirigeants syriens étaient « soucieux d’éviter que les divergences de vues entre MM. Lahoud et Hariri ne débouchent sur un conflit ». Aussi, sont-ils intervenus, a déclaré M. Samaha, pour « accélérer l’examen du texte de loi et non pour influencer le cours des débats », qui n’auraient quand même pas débouché sur un vote du budget sans une médiation de Damas.
Le général Lahoud et M. Hariri ont tous deux posé une série de questions techniques aux dirigeants du CDR au sujet de leur budget et de leur plan de travail pour 2004, a poursuivi M. Samaha, précisant qu’après leur départ, le débat s’est poursuivi au sujet de l’échelle des priorités à adopter pour 2004. Notons que le président du CDR, Jamal Itani, et les membres du bureau de cet organisme ont assisté à une partie de la réunion, juste le temps d’exposer leurs activités et répondre aux questions qui leur ont été posées.
M. Samaha n’a pas voulu donner davantage de précisions au sujet des amendements introduits au projet de loi de finances, se contentant d’affirmer qu’un effort « colossal » sera fourni en 2004 par les autorités pour respecter les engagements pris à la conférence de Paris II, en vue d’un assainissement des dépenses publiques et d’un allégement du poids du secteur public. Le ministre en a profité pour s’élever contre la poursuite des fuites à la presse, qui parvient régulièrement à obtenir des informations au sujet des débats en Conseil des ministres, en insistant à plusieurs reprises sur ce point. Il a affirmé que M. Siniora annoncera dans les prochaines quarante-huit heures les modifications apportées au projet de loi de finances, qui sera transmis au début de la semaine prochaine à la Chambre.
Il n’en demeure pas moins que, de sources ministérielles, on a fait état de coupes dans certains budgets et du relèvement d’autres. Le ministère des Travaux publics a été amputé de 19 milliards de livres, alors que plusieurs autres ont obtenu des rallonges budgétaires, qui restent cependant en deçà de ce qu’ils avaient réclamé : 15 milliards pour la Santé, au lieu des 35 milliards réclamés par M. Sleiman Frangié, 25 milliards pour l’Éducation dont 2,5 milliards à l’UL et 14 milliards pour couvrir les frais d’enseignement des écoliers du cycle primaire dans les écoles gratuites, 15 milliards pour l’armée, 10 milliards aux FSI, 45 milliards pour la construction de barrages dans l’ensemble du pays et l’installation de réseaux d’eau potable et des eaux usées, 2 milliards pour les Affaires étrangères, 5 milliards pour le Tourisme, au lieu des 15 milliards réclamés par le ministre, 3 milliards pour la Culture, 5 milliards pour l’Agriculture, un milliard pour l’Économie, deux milliards pour l’Industrie et deux milliards à la Mutuelle des fonctionnaires de l’État.
En ce qui concerne le CDR, qui a pu garder les 110 milliards de livres, mais à condition que sur cette somme 25 milliards de livres soient consacrées à des projets de développement dans la bande frontalière, le chef de l’État doit recevoir dans les deux semaines à venir une liste détaillée de tous les projets qui seront cofinancés par cet organisme en 2004 et qui l’ont été en 2003. Il doit même obtenir la liste des projets entièrement financés par l’étranger. Le Conseil des ministres a en outre décidé que le ministère des Déplacés, pour qui 60 milliards de livres doivent être accordées, pourra bénéficier en 2004 des 220 milliards de livres non utilisées au cours des années précédentes, soit 10 milliards chaque mois, afin de pouvoir honorer ses engagements par rapport aux populations déplacées.
L’État doit aussi verser à la CNSS 110 milliards de livres, échelonnées cependant sur plusieurs mois.
Le Conseil des ministres a finalement approuvé le projet de budget 2004, mais en relevant de près de 120 milliards de livres – au lieu des 490 milliards réclamés par les ministres – les dépenses qui étaient initialement prévues par le ministre des Finances, Fouad Siniora, pour l’an prochain. Le déficit budgétaire est ainsi passé à 32 % au lieu des 31 % ou 27 % fixés...