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Budget - La soudaine décompression de climat étonne les professionnels

Les demandes ministérielles de rallonge de crédits sévèrement critiquées
« Dans la plaine, un temps d’orage, qui risque d’emporter la tente. L’Arabe nomade décide de lever le camp, pour gagner un abri plus sûr. Il met un genou à terre et prie sa femme de lui mettre sur le dos un paquetage de première nécessité. Elle en empile tant et plus. Puis elle lui demande si elle peut encore rajouter des marmites. “Tant que tu veux, répond-il, de toute façon, je ne peux plus me relever !”
Cette parabole, c’est Hussein Husseini qui la dévide. À ses yeux, elle illustre parfaitement l’état du pays qui ploie sous le joug. Tandis que les ministres ne songent qu’à réclamer un surcroît de crédits pour leurs départements respectifs. Tout en sachant la gravité du déficit budgétaire. Ce qui fait qu’on ne peut assurer des fonds que par une majoration des impôts, ce que tous rejettent. Ou par l’augmentation de la dette publique, alors que le Trésor est au bord de la faillite. Ou encore par une compression de ces mêmes dépenses que les ministres veulent accroître. Réduction qui, en outre, ne peut se réaliser qu’en mettant fin aux services des surnuméraires dans les administrations. Ce que le gouvernement ne se résout pas à effectuer, car cela provoquerait une forte crise sociale et une montée d’un chômage qui atteint déjà des pics sans précédent. Sans compter le tollé politique et syndical que cela provoquerait.
Dans les faits, les ministres réclament une rallonge de 360 milliards de livres (240 millions de dollars). Ils se livrent à ce propos à d’ahurissantes surenchères. Oubliant l’adage local qui conseille aux endettés de se priver même de nourriture, pour rembourser et pouvoir ensuite manger l’esprit tranquille. Il est manifeste que le Liban manque, au stade actuel, de responsables qui ont le sens de l’État autant que des intérêts nationaux bien compris. Les cadres en place ne voient apparemment qu’exploitation politique et démagogie facile. Ce qui tourne à la mascarade.
Un ancien député souligne qu’il en était autrement par le passé. Il rappelle ainsi que, confronté à des pressions sociales pour relever les traitements des fonctionnaires, Rachid Karamé, alors en charge des Finances autant que de la présidence du Conseil, avait lâché une augmentation de 10 %. Au Parlement, des députés voulant se gagner la sympathie des employés du secteur public avaient tempêté pour obtenir 20 %. L’effendi leur avait rétorqué qu’il n’en était pas du tout question, que le Trésor n’en avait pas les moyens, et que, s’ils insistaient, il allait lui-même poser la question de confiance. Ils ont battu en retraite.
Selon le président Husseini le gouvernement aurait dû baser le budget de chaque année sur un plan de redressement de longue durée, cinq ans ou plus. Le créneau des dépenses aurait été ainsi défini en fonction de ce cadre, tout le monde sachant qu’on ne saurait en sortir. Pour l’ancien président de la Chambre, l’inexistence d’un tel programme rend le pouvoir incapable de trouver des solutions efficaces pour sortir le Trésor de l’ornière. Et de la spirale de l’endettement. Ce point est mentionné dans le communiqué publié par le groupe politique auquel Husseini appartient. Ce Front national de la réforme estime que le projet de budget n’est pas élaboré en fonction d’une vision réformatrice, et ne s’ouvre pas sur des lendemains meilleurs. Dans ce sens qu’il n’apporte pas de propositions pour résoudre les problèmes financiers, économiques et sociaux du pays.
Des politiciens se posent de leur côté la question suivante : que s’est-il passé pour que le débat budgétaire tourne au positif en Conseil des ministres, où le climat était auparavant empoisonné ? Soudainement, Hariri affirme qu’il n’y a pas de frictions autour de la loi de finances et que l’accord est parfait désormais entre lui et le chef de l’État, notamment au sujet des privatisations comme des titrisations. À quel coup de baguette magique doit-on cette brusque transformation ? Faut-il y voir l’effet du dernier avertissement donné au Liban par le Fonds monétaire international ? Serait-ce à cause d’une prise de conscience de la gravité de l’heure sur le plan régional ? En tout cas, le soufflé a paru se dégonfler lors de la dernière séance du Conseil des ministres. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, souligne cependant qu’il a entendu beaucoup de remarques, de demandes ou de critiques, mais pas de propositions de solution. En espérant, pour conclure, que l’on saura mettre un terme aux tiraillements, car aucun traitement ne peut être appliqué s’il n’y a pas entente.
Émile KHOURY
Les demandes ministérielles de rallonge de crédits sévèrement critiquées« Dans la plaine, un temps d’orage, qui risque d’emporter la tente. L’Arabe nomade décide de lever le camp, pour gagner un abri plus sûr. Il met un genou à terre et prie sa femme de lui mettre sur le dos un paquetage de première nécessité. Elle en empile tant et plus. Puis elle lui demande si elle...