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Conseil des ministres - Pakradouni et Cardahi tirent à boulets rouges sur Siniora Le projet de budget nécessiterait une dernière réunion lundi

Un « calme tendu » a régné hier sur les débats du gouvernement bien que les ministres proches du président Émile Lahoud n’aient pas hésité à adresser des critiques acerbes au projet de budget élaboré par le ministre des Finances Fouad Siniora. En effet, d’aucuns, à l’instar du ministre des Télécommunications, ont réclamé d’emblée une révision complète du projet, tandis que Karim Pakradouni – approuvé en cela par le ministre d’État Assem Kanso – préconisait la création d’une commission ministérielle chargée de rédiger un nouvel exposé des motifs du projet en question. Le ministre Karam Karam a qualifié de « reddition » un projet de budget « qui ne fait que diagnostiquer le mal dont souffre le malade sans pour autant prendre la peine de lui prescrire le remède adéquat ».
Dans l’intention évidente de minimiser les critiques dont M. Siniora a été la cible, le chef du gouvernement Rafic Hariri a indiqué pour sa part que les discussions étaient « positives et normales ». « Les interventions exhaustives des ministres sont un signe de bonne santé », a-t-il dit aux journalistes qui l’interrogeaient au terme de la seconde réunion du soir qui s’est achevée vers 20h30. À la question de savoir si le projet allait être amendé, il a notamment répondu : « Aucun budget n’a encore été approuvé par le Conseil des ministres sans avoir subi des modifications au préalable. »
Par ailleurs, M. Hariri a précisé que si le projet n’était pas approuvé aujourd’hui jeudi, la réunion décisive aurait sans doute lieu lundi prochain.
Au total, seize ministre ont pris la parole hier lors des deux réunions de plus de trois heures chacune qui se sont tenues le matin et l’après-midi. Les débats se poursuivront ce matin à dix heures. Les ministres de l’Économie et de la Justice, Marwan Hamadé et Bahige Tabbarah, sont censés prendre la parole lors de cette séance. De son côté, le président Lahoud devrait exposer les amendements qu’il préconise et qui ont déjà été publiés dans la presse. Quant à M. Hariri, il donnerait également son point de vue concernant le projet de budget, et la politique économique et financière du gouvernement en général. Peut-être même que Fouad Siniora donnera les éclaircissements reclamés par ses collègues avant de passer au crible le projet article par article et de l’approuver pour le soumettre enfin au Parlement. Mais selon une source gouvernementale, le ministre des Finances n’aura sans doute pas le temps de préparer une réponse à toutes les remarques qui lui ont été adressées hier. D’où la nécessité d’une autre réunion lundi.

La séance du matin
Au cours de la première réunion qui avait duré le matin plus de trois heures, sept ministres avaient pris la parole à tour de rôle, critiquant à qui mieux mieux le projet de budget élaboré par leur collègue des Finances, Fouad Siniora.
Les interventions les plus virulentes furent de toute évidence celles de Karim Pakradouni et Jean-Louis Cardahi. Le ministre du Développement administratif a d’abord insisté sur la formation d’un comité ministériel pour rédiger un nouveau préambule à l’exposé des motifs du projet de budget. Il a préconisé d’autre part la constitution d’une commission ministérielle pour la gestion de la dette publique. Le ministre des Télécommunications a été encore plus loin dans sa critique du projet. De fait, M. Cardahi a estimé qu’il fallait en reporter l’approbation. Selon lui, c’est toute « la politique économique » du gouvernement qu’il faut revoir, « car l’essentiel est dans la vision économique et non dans l’exposé des chiffres ». Le président de la République a pris la parole en premier pour indiquer notamment que le ministère des Finances s’est abstenu de débloquer certains crédits qui étaient pourtant prévus dans le budget de 2003 et qui devaient être alloués à un certain nombre d’administrations. Il a cité en détails tous les ministères ou services publics qui n’ont pas obtenu la totalité des crédits auxquels ils avaient droit, en l’occurrence: les ministères des Affaires sociales, de la Santé, de la Culture, de l’Environnement, de la Jeunesse et du Sport, le service des transports en commun, l’Université libanaise, la CNSS, le haut comité de secours. Le chef de l’État a en outre insisté sur le versement des indemnités dues aux victimes des éboulements et des inondations de l’année dernière et ce, avant l’arrivée de l’hiver.

Les réponses de Siniora
Au président Lahoud qui exigeait une réponse rapide à toutes ces questions, le ministre des Finances a aussitôt indiqué que 81 % des crédits du budget de 2003 avaient déjà été débloqués. Il a précisé que 108 milliards de LL ont été versées à l’UL et que douze autres milliards le seraient au cours des quatre prochains jours. Ce qui fait au total 120 milliards sur les 135 milliards de LL que le ministère doit à l’université. Quant à la mutuelle des professeurs, elle a déjà obtenu onze des douze milliards de livres qui lui sont dues.
Après une courte intervention du ministre de l’Industrie, Élias Skaff, qui a notamment réclamé une majoration des crédits alloués à son secteur, Karim Pakradouni a notamment déclaré que Fouad Siniora est « le brillant avocat d’une cause perdue » qui n’est autre que la gestion de la dette publique. Celle-ci a atteint les 31 milliards de dollars en septembre dernier et s’élèverait à 33 milliards à la fin de cette année. Réclamant la formation d’une commission ministérielle pour la gestion de cette dette, le ministre du Développement administratif a reproché à son collègue des Finances de donner au projet de budget un aspect politique alors qu’il s’agit en réalité d’un problème purement économique et financier. M. Pakradouni a demandé aussi la constitution d’un comité de rédaction pour élaborer un nouveau préambule qui mettrait en exergue les quatre priorités suivantes: l’augmentation des prestations sociales, une planification des projets hydrauliques, les réformes et la clôture du dossier des personnes déplacées.
Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Agriculture, Ali Hassan Khalil, a critiqué le projet de M. Siniora dans la mesure où « il crée un climat de pessimisme » dans le pays. Il a affirmé que le ministre des Finances n’avait pas le droit de prendre seul une initiative pareille sachant que c’est au collège des ministres de définir la politique générale du gouvernement. « Nous ne pouvons pas geler toutes nos activités et dire que rien ne sera fait en 2004 », a-t-il ajouté. Concernant le secteur de l’agriculture, M. Khalil a souligné d’autre part la nécessité d’élaborer un plan clair qui déterminerait les besoins des agriculteurs à court et à long terme.
Quant au ministre des Télécommunications, il a estimé que le projet de budget devait être complètement révisé, même s’il fallait pour cela que le gouvernement se réunisse pendant plusieurs jours. Jean-Louis Cardahi a ajouté qu’aux yeux de l’opinion publique, ce budget se limite à assurer l’expédition des affaires courantes. Il a axé aussi son intervention sur le remboursement du service de la dette, « une question essentielle » qui, selon lui, nécessite « une étude approfondie ». M. Cardahi s’est interrogé sur la part des dettes extérieures et des dettes intérieures. Il a réclamé aussi des éclaircissements sur la mise en application des lois programmes.
Un « calme tendu » a régné hier sur les débats du gouvernement bien que les ministres proches du président Émile Lahoud n’aient pas hésité à adresser des critiques acerbes au projet de budget élaboré par le ministre des Finances Fouad Siniora. En effet, d’aucuns, à l’instar du ministre des Télécommunications, ont réclamé d’emblée une révision complète du...