Les scientifiques craignent qu’une mortalité aussi élevée ne soit fatale pour la survie de ce troupeau descendant de chevaux importés en Amérique du Nord par les Espagnols au début du XVIe siècle. «L’hiver est très dur là-haut et les chevaux ne sont pas aussi gras qu’ils devraient l’être à cette période-ci de l’année», dit David Williams qui dirige «Les Amis de la vallée de la Nemaiah», une association engagée dans la protection de ce territoire sauvage situé à environ 600 km au nord de Vancouver. Jusqu’à maintenant, environ le tiers des prairies de cette région, soit 30000 hectares, ont été détruites par les incendies. Et une bonne partie du reste est menacée. Ces prairies constituent aussi des habitats de premier plan pour les ours et les élans, souligne le biologiste Wayne McCrory. «Si rien n’est fait pour contenir les incendies, il n’en restera plus grand-chose à Noël, et elles ne repousseront pas de sitôt puisqu’elles ont pris des milliers d’années à se développer», dit-il.
Le gouvernement de la province s’interroge sur l’utilité de combattre ces feux de surface, reconnus comme les plus difficiles à éteindre, d’autant que le temps commence à se refroidir, ce qui compliquerait le travail des sapeurs-pompiers, dont les pompes et les lances sont sensibles au gel.
De toute façon, la plupart des pompiers sont totalement épuisés après l’été qu’ils viennent de connaître, souligne Roy Simpson, responsable régional de la lutte contre les incendies de forêt à Williams Lake. Les incendies de forêt ont détruit cette année 264000 hectares en Colombie-Britannique, soit dix fois plus qu’en saison normale, entraînant une hausse proportionnelle des coûts pour les combattre, à plus de 400 millions de dollars canadiens (plus de 300 M USD). Pourtant, éteindre ces feux de prairie ne coûterait qu’environ un million de dollars de plus. Mais «le feu est un processus naturel», fait valoir Roy Simpson. «Il y a probablement eu un autre événement significatif du genre au cours des 150 dernières années et les chevaux y ont survécu». Il y a déjà eu des milliers de chevaux sauvages dans l’Ouest canadien, mais il en resterait aujourd’hui moins de 3 000, dispersés en Colombie-Britannique et dans le piémont des Rocheuses dans la province voisine de l’Alberta.
Le seul autre troupeau protégé, et le seul autre connu au Canada, compte 300 bêtes sur l’île de Sable, dans l’océan Atlantique au sud d’Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les chevaux de la vallée du Chilcotin sont d’autant plus uniques qu’ils partagent leur habitat avec les plus grands prédateurs du continent, le loup, l’ours grizzli et le puma. Les défenseurs de ces chevaux ont envisagé de les nourrir avec du foin pour les aider à passer hiver, mais l’idée, jugée peu pratique, a été abandonnée. Il n’est pas question non plus de les capturer pour les relocaliser. «Ce sont des animaux sauvages qui vivent ici depuis des centaines d’années. C’est comme si on disait “capturons les ours et déplaçons-les ailleurs”. Ça n’a aucun sens», dit David Williams.
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