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CIMAISES «Gauguin-Tahiti», le paradis retrouvé au Grand Palais


Plonger dans «Gauguin-Tahiti», la grande exposition qui reconstitue l’atelier des Tropiques aux galeries du Grand Palais à Paris (jusqu’au 19 janvier), c’est retrouver le paradis que décrit le peintre dans Noa Noa. Noa Noa (en tahitien, «odorant») signifiait pour Paul Gauguin (1848-1903) « ce qu’exhale Tahiti ». Un univers si envoûtant que l’artiste bourlingueur en quête d’exotisme choisit d’y vivre de 1891 jusqu’à sa mort, bien qu’il y ait connu l’enfer de la solitude et de la maladie.
On sait que le clou de ce parcours initiatique mène à son testament pictural, le monumental D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? (139,1 x 374,6 cm), exécuté en 1897-98 et qui n’était pas venu à Paris depuis 50 ans. La toile, prêtée par le musée des beaux-arts de Boston (où l’exposition sera présentée au printemps 2004), est entourée de ses huit fragments répliques, comme elle le fut lors de sa première apparition à la galerie Vollard en 1898. Mais elle s’insère aussi dans un ensemble de 193 œuvres provenant de musées et de collections privées d’Europe, d’Amérique, de Russie et du Japon. Tour de force que l’on doit notamment à LVMH, le groupe de luxe de Bernard Arnault, mécène depuis 1991 des grandes expositions de la Réunion des musées nationaux.
En prologue, L’Autoportrait au Christ jaune et les deux superbes reliefs sur bois de tilleul: Soyez amoureuses, vous serez heureuses (Boston) et Soyez mystérieuses (Orsay) et une salle entière d’œuvres polynésiennes prêtées par le musée du quai Branly.
Statuettes en bois, obsidienne et os de l’île de Pâques, enseigne de tatoueur, échasses, bol gravé, mais aussi «tikis» – images d’ancêtres – en pierre de l’archipel des Marquises tracent la route de celui qui voulait «fuir à tout prix», retrouver «le sauvage», «le primitif». Bref, se retrouver. En vis-à-vis, les photographies de Tahiti et des Marquises par Henri Lemasson, qui l’ont inspiré, comme les moulages du temple de Borobudur en Indonésie, vus et croqués à l’Exposition universelle de 1899. Mais voici les premières peintures et sculptures des visions du paradis que Gauguin découvre dans le petit village de Mataiea, à 45 km au sud de Papeete, où il prend une compagne et modèle de 13 ans, Teha’amana.
Femmes de Tahiti, Le repas (ou Les bananes), Femme à la mangue, autant de chefs-d’œuvre où flamboient les paréos aux rouges aussi intenses que les ciels jaunes, opposés aux verts vernissés des feuillages et au bleu-violet des robes «mission» portées par les jeunes filles. Les idoles (Idole à la perle, Idole à la coquille), que l’artiste sculpte dans le bois et la nacre, censées recréer le culte des divinités et ancêtres maoris pour lequel il se passionne, viennent en contrepoint. Un immense cabinet graphique, gravures, sculptures, est réservé à l’élaboration de Noa Noa, le carnet intime où Paul Gauguin met en pages manuscrits, aquarelles et gravures, et le récit de son voyage à Tahiti. Puis, vient D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?, l’immense fresque de l’humanité vue par un homme très éprouvé par la mort d’un de ses enfants et qui songe au suicide.
Pourtant, il y a un plus grand chef-d’œuvre encore à contempler, Rupe rupe (la cueillette des fruits), merveilleuse toile venue du musée Pouchkine à Moscou et qui évoque, par son ciel jaune doré, un tableau primitif italien.
Plonger dans «Gauguin-Tahiti», la grande exposition qui reconstitue l’atelier des Tropiques aux galeries du Grand Palais à Paris (jusqu’au 19 janvier), c’est retrouver le paradis que décrit le peintre dans Noa Noa. Noa Noa (en tahitien, «odorant») signifiait pour Paul Gauguin (1848-1903) « ce qu’exhale Tahiti ». Un univers si envoûtant que l’artiste bourlingueur en...