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Les tiraillements risquent de paralyser le Conseil des ministres, dès la fin de l’examen du budget


La situation régionale est certes critique, mais le Liban n’y peut pas grand-chose. Les gens le savent. Ce qui les touche de plus près et les préoccupe davantage, en affectant leur vécu économique, c’est bien cet irrémédiable conflit entre les présidents. Ils se demandent comment supporter encore durant un an une crise qui ne cesse de s’envenimer.
Plus d’une fois, la Syrie a recommandé aux responsables de vider leurs querelles en recourant à l’arbitrage des institutions constitutionnelles, sans en passer par des joutes médiatiques qui secouent le pays en affaiblissant le crédit confiance de l’État. Les dossiers comme le budget, les privatisations, les titrisations et la réforme doivent être discutés entre quatre murs, d’abord en Conseil des ministres puis au Parlement, non sur la place publique. En cas d’impasse, les débats peuvent être reportés, à moins qu’on ne procède par vote. Du reste, un accord a été conclu dans ce sens. Il se trouve foulé aux pieds par les protagonistes. Ce qui place le pays sur le fil du rasoir dans le domaine socio-économique ou dans celui de la simple subsistance quotidienne. Car sans stabilité, politique autant que sécuritaire, c’est la dégringolade.
Certains soutiennent que cela irait mieux, qu’il n’y aurait plus de friction, si l’on réorganisait le fonctionnement du Conseil des ministres. Si cela est exact, on peut s’étonner que cette instance laisse sommeiller, sans l’étudier, le projet de décret-cadre statutaire élaboré par son vice-président, Issam Farès. Qui lui-même, ne voulant pas provoquer des remous supplémentaires alors que la chaudière chauffe au rouge, attend un moment plus propice pour mettre son plan sur le tapis.
Il faut en tout cas que le jeu démocratique reprenne son cours. Le budget doit être étudié article par article, d’abord en Conseil des ministres puis à la Chambre et en cas de divergence des vues, c’est la majorité qui tranche. Il faut également s’en remettre à elle, au sein de l’Exécutif, pour en finir avec le différend qui oppose le chef de l’État au chef du gouvernement sur le cellulaire. Quant au sort du cabinet, il dépend sur le papier du président du Conseil. Qui peut démissionner, entraînant les Trente avec lui, s’il rejette une quelconque décision prise à la majorité. De même, le gouvernement part si le tiers de ses membres rend son tablier.
Un ministre influent avoue qu’actuellement il éprouve de vives appréhensions quant à la marche de l’État. Parce qu’à son avis, le bras de fer entre les autorités risque de paralyser le Conseil des ministres. Dont la dernière séance a été marquée, révèle-t-il, par des échanges peu amènes entre les participants, dont une passe particulièrement délicate entre le président Lahoud et le ministre Jean Obeid. On se rappelle le précédent qui avait impliqué le ministre Sleimane Frangié, qui avait alors décidé de boycotter les séances. Cet exemple pouvant se multiplier, le Conseil pourrait bien ne plus pouvoir se réunir, faute de quorum. D’autant que nombre de ministres neutres préfèrent s’absenter que de subir des pressions pour prendre parti.
Cependant, en pratique, le torpillage éventuel des séances ne devrait pas se produire avant que le Conseil n’en ait fini avec le projet de budget, qui ne souffre pas de retard. En principe, durant ce débat prioritaire, l’ordre du jour serait expurgé de tout autre sujet présentant un caractère conflictuel aigu. Afin de ne pas inciter les ministres à se faire porter absents. Ou à se retirer massivement avant un vote, si des disputes ont éclaté entre les deux camps en présence.
Le même ministre observe qu’après l’adoption du budget, il n’y aurait plus rien, à première vue, pour réfréner la fièvre liée à la présidentielle.

Émile KHOURY
La situation régionale est certes critique, mais le Liban n’y peut pas grand-chose. Les gens le savent. Ce qui les touche de plus près et les préoccupe davantage, en affectant leur vécu économique, c’est bien cet irrémédiable conflit entre les présidents. Ils se demandent comment supporter encore durant un an une crise qui ne cesse de s’envenimer.Plus d’une fois, la...