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Dossier régional Inquiétudes croissantes à Beyrouth après les menaces israéliennes

Le budget suscite certes un intérêt populaire légitime et des surenchères politiciennes qui le sont un peu moins. Mais nombre de professionnels soulignent que les responsables, plutôt que de se livrer à des joutes d’influence, devraient se préoccuper des lourds nuages qui s’amoncellent dans le ciel régional. Si l’explosion devait se produire, il n’y aurait plus lieu de discuter des prestations sociales ou autres éléments d’un budget qui ne pourrait, sans doute, plus couvrir même les salaires des fonctionnaires.
La première question qui se pose est de savoir comment parer les retombées d’une riposte syrienne à de nouvelles agressions israéliennes. C’est-à-dire d’un risque de guerre. Faudra-t-il alors que le Liban, solidaire de la Syrie, ouvre en grand le front du Sud, pour que les Palestiniens des camps aussi bien que la Résistance libanaise puissent y opérer ? Devra-t-il endurer alors des représailles israéliennes frappant ses structures vitales pour des années ? En gommant de la sorte tout espoir de redressement économique, voire d’un maintien de statu quo de crise relativement supportable ? Trouvera-t-il des appuis à l’extérieur, surtout s’il entreprend des actes d’hostilité contre Israël sans avoir été attaqué ?
Il faut, poursuivent les mêmes sources, que les autorités travaillent sérieusement sur un tel scénario. En entamant des concertations avec la Syrie, mais aussi avec les autres pays frères ou amis, dont ceux de l’Union européenne, la France en tête. Pour être assuré de compréhension et de soutien, s’il décide de faire cause commune avec la Syrie. Il lui faudra expliquer pourquoi le Hezbollah entre en action, et à plus forte raison, pourquoi les Palestiniens locaux se trouvent autorisés à en faire autant. Une préparation diplomatique s’impose, conjointement avec la Syrie, en direction de la Ligue arabe et de la communauté internationale. Pour tenter de prévenir, d’empêcher, les coups israéliens ou de les arrêter rapidement s’ils commencent à être donnés. Israël a pris l’habitude de frapper le Liban parce qu’il ne lui était pas loisible de s’en prendre à la Syrie. Même quand les opérations du Hezbollah ou des organisations palestiniennes se faisaient sous son impulsion. Cependant aujourd’hui, le gouvernement Sharon semble avoir décidé de changer cette donne. Et de cibler directement la Syrie, tenue pour responsable de certains attentats-suicide palestiniens. Cela, en profitant des tensions relationnelles entre Washington et Damas. Les raids israéliens en Syrie peuvent d’ailleurs s’inscrire comme l’une des formes de pression qu’exercent les USA. Bouchra Kanafani, directrice de la communication aux AE syriennes, a proclamé que la Syrie serait en droit d’user d’un droit de légitime défense, donc de riposte, en cas de répétition des attaques israéliennes. Les Israéliens ont répondu, en exploitant le thème prioritaire des Américains, le terrorisme. C’est-à-dire en affirmant qu’un État qui protège des organisations terroristes ne peut pas se prévaloir d’un quelconque droit de défense légitime.
Dans ces conditions il est certain que la perspective d’une grave dégradation régionale met le pouvoir libanais en devoir de consolider le front intérieur. Jusque-là par rapport à la confrontation avec Israël, l’unité libanaise restait sans faille. Mais elle pourrait se trouver criblée à partir du moment où ce ne serait plus le territoire proprement national, et la libération, qui seraient en jeu. Quoi qu’il en soit, une source ministérielle locale souligne que les Américains n’ont pas intérêt à ce qu’une explosion se produise dans la région. Par contre, indique ce ministre, Sharon pourrait recourir, par un embrasement plus ou moins contrôlé, à la fuite en avant. Pour se dégager de l’impasse où l’intifada l’enferme. Il bénéficierait du fait que l’Administration Bush relâcherait son contrôle, en raison de l’approche de la période électorale. Sans compter que les faucons de l’Administration Bush ne sont pas loin de penser qu’une explosion régionale leur permettrait de redistribuer les cartes comme ils l’entendent.
Toujours est-il que le ministre cité, qui a de nombreux contacts, trouve une lueur d’espoir dans les efforts que déploient l’Union européenne et la Russie. Qui tentent de convaincre Washington d’accepter qu’une force multinationale prenne en charge l’Irak, tandis que l’Onu y organiserait des élections législatives, pour que les Américains se dégagent de ce pays. Sur le front israélo-palestinien, l’UE et Moscou, ainsi d’ailleurs que l’Onu, s’efforcent d’encourager l’Autorité palestinienne à persuader le Hamas et le Jihad islamique à cesser leurs opérations. Afin que le cycle de violence et le blocage diplomatique prennent fin, au profit d’une reprise des négociations. Ce qui réglerait par ricochet le problème des pressions américaines et des menaces israéliennes dirigées contre la Syrie, à cause de son appui aux Palestiniens.
Émile KHOURY
Le budget suscite certes un intérêt populaire légitime et des surenchères politiciennes qui le sont un peu moins. Mais nombre de professionnels soulignent que les responsables, plutôt que de se livrer à des joutes d’influence, devraient se préoccuper des lourds nuages qui s’amoncellent dans le ciel régional. Si l’explosion devait se produire, il n’y aurait plus lieu de...