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Communautés - « Vous souhaitez obtenir l’indépendance du Liban par des accords amiables avec votre voisin syrien », souligne le président du Sénat Albert II de Belgique rend hommage à Sfeir, « homme de sagesse et de mesure »

BRUXELLES - de notre envoyé spécial Habib CHLOUK
«L’épreuve vécue par le Liban » et le mouvement d’émigration des jeunes, notamment à destination de la Belgique, ont occupé une bonne partie de l’entretien que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a eu hier avec le roi Albert II de Belgique, au premier jour de sa courte visite pastorale à Bruxelles.
Le patriarche a remercié le roi Albert II pour les services que la Belgique rend aux Libanais, dans l’espoir qu’un jour vienne où tous les Libanais, « forcés de quitter leur pays », pourront y rentrer.
Pour sa part, le roi Albert II, qui a réservé au patriarche Sfeir un accueil de chef d’État, lui a rendu hommage comme « figure nationale et personnalité religieuse, homme de sagesse et de mesure ». Il a déclaré apprécier le rôle qu’il joue au service du « dialogue national », ainsi que le rôle joué par l’émigration libanaise au service du développement de la Belgique.
Au cours de l’entretien, le patriarche Sfeir a offert au souverain belge la médaille patriarcale maronite.
Avant son audience, le patriarche Sfeir avait reçu à son hôtel le ministre jordanien des Affaires étrangères, Marwan Moacher, qui se trouve à Bruxelles et loge dans le même hôtel.

Au Sénat
À midi, le patriarche Sfeir s’est rendu au Sénat belge. Il y a rencontré le président, Armand de Decker, avec lequel il a eu un entretien en tête à tête de 20 minutes. M. de Decker a estimé, après la rencontre, que la visite du patriarche Sfeir en Belgique est « importante » eu égard aux relations qui existent entre la Belgique et le Liban. Le patriarche Sfeir est le premier eucclésiastique d’un si haut rang qui visite le Sénat belge, a souligné Armand de Decker.
Le président du Sénat devait ensuite offrir un déjeuner au palais sénatorial en l’honneur du patriarche Sfeir, en présence notamment de la présidente de la commission des AE, Anne-Marie Lizin, du président de la commission de la Justice du Sénat et des membres de la délégation libanaise, auxquels se sont joints le supérieur général des antonins, le père Simon Atallah, et le père Maroun Bou Rahal, curé de la paroisse Notre-Dame du Liban à Bruxelles.

De Decker : Le Liban,
symbole de rencontre
Au cours du déjeuner, le président du Sénat devait prononcer un discours dans lequel il a affirmé :
« Cette tournée pastorale a pour objectif premier de vous permettre de rencontrer l’importante diaspora libanaise présente en Europe et dont les rangs ont considérablement grossi en raison de la guerre qui a frappé votre pays pendant près de quinze ans.
« Je suis particulièrement ravi de votre visite et des entretiens chaleureux que nous avons eus. Ils ont permis de réaffirmer, d’une part, la permanence des liens entre la Belgique et le Liban et, d’autre part, de manifester la confiance que la Belgique place dans l’avenir du Liban, de son développement économique et politique, de son indépendance et de sa pleine souveraineté sur la scène internationale.
« Nous sommes convaincus du rôle que le Liban peut et doit jouer dans le processus politique qui doit mener le Moyen-Orient à une paix juste et durable et à une réconciliation des peuples et des États de la région.
« Permettez-moi de profiter de votre présence pour saluer la communauté libanaise de Belgique et maronite en particulier, modèle d’intégration, de modération et de sens du dialogue.
« Il est vrai que l’Église maronite, catholique de rite oriental, fondée au Ve siècle par les disciples de saint Maron, entretient depuis des lustres des relations privilégiées avec l’Europe.
« Le Liban mérite à cet égard tout notre respect et toute notre estime parce qu’au-delà de la guerre, il a continué à exprimer cette volonté de dialogue, de respect de l’autre et de tolérance.
« Patriarche des maronites d’Antioche et de tout l’Orient depuis près de 20 ans, vous symbolisez les efforts menés dans votre pays afin de développer le dialogue interreligieux, en particulier le dialogue islamo-chrétien. Comme vous, la Belgique n’a de cesse de réclamer un dialogue ouvert entre les cultures.
« Le Liban symbolise depuis des siècles la rencontre entre l’Orient et l’Occident, entre le christianisme et l’islam, entre la modernité et la tradition. Il doit tout naturellement exercer sa mission au service du dialogue des cultures et des religions et au service de la paix.
« Après les pages sombres d’une guerre civile au cours de laquelle la population libanaise a vécu un temps de souffrance, votre pays se réconcilie avec lui-même. Vous avez été un artisan important de ces retrouvailles en engageant le dialogue, en encourageant des gestes d’apaisement et de réconciliation et en multipliant les démarches qui ont permis aux uns et aux autres de se retrouver, de recommencer à se comprendre afin de reconstruire un avenir commun.
« Le synode maronite, que vous avez convié en juin dernier, a réaffirmé des choix fondamentaux qu’il me plaît de rapporter : la coexistence, l’œcuménisme, le dialogue islamo-chrétien, l’insertion dans le monde arabe et, bien sûr, l’ouverture à l’Occident.
« Autant de choix qui sont au cœur de l’identité libanaise et, au-delà, de l’évolution du monde contemporain.
(...) Chrétien vivant au cœur du monde arabe, vous vous êtes opposé avec force à l’intervention américaine en Irak qui, à vos yeux, porte en elle le risque considérable de déstabilisation de toute la région. Vous luttez pour l’indépendance et la souveraineté de votre pays. Mais vous souhaitez les obtenir par la négociation politique, par des accords amiables avec votre voisin syrien.
« Ce règlement politique de la question libanaise est à vos yeux la condition pour mettre un terme à l’immigration massive de la jeunesse libanaise qui aspire à un avenir meilleur.

L’oreille attentive
des autorités belges
« Soyez assuré que, dans chacun de vos combats, vous trouverez une oreille attentive et une amitié sincère de la part des autorités de la Belgique. Nos pays se ressemblent par leurs complexités multiculturelles et le génie de nos peuples à vivre dans et avec cette complexité, peut servir d’exemple à ceux qui nous entourent. »
Le soir, le patriarche maronite a prononcé une conférence au siège du ministère des Affaires étrangères, le palais Egmond.
Dimanche soir, le patriarche avait présidé une messe dans la grande cathédrale Saint-Michel, en présence de l’archevêque de Mâlines-Bruxelles, le cardinal Daneels, de l’ambassadeur du Liban Faouzi Fawaz et d’une foule innombrable de fidèles et d’invités. Après la messe, il avait reçu, comme d’habitude, les délégations libanaises venues le voir avant de participer à une réception à son hôtel, en l’honneur de ses visiteurs, venus parfois de loin.
Ce soir, après d’ultimes entretiens en Belgique, le patriarche prendra l’avion pour Rome, où s’est ouverte la semaine de cérémonies marquant le jubilé d’argent du pontifcat de Jean-Paul II. À Rome, le patriarche inaugurera le couvent Saint-Antoine de l’ordre mariamite, dont la rénovation vient de s’achever.
BRUXELLES - de notre envoyé spécial Habib CHLOUK«L’épreuve vécue par le Liban » et le mouvement d’émigration des jeunes, notamment à destination de la Belgique, ont occupé une bonne partie de l’entretien que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a eu hier avec le roi Albert II de Belgique, au premier jour de sa courte visite pastorale à Bruxelles.Le...