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La controverse budgétaire n’aura pas d’effets politiques, assurent les conciliateurs

Qui a commencé ? Ou plutôt, qui a recommencé ? Bien entendu, les partisans du régime accusent Hariri d’avoir utilisé ses récentes prestations publiques, colloquaires ou autres, pour faire rebondir le conflit en direction des médias. Alors qu’à les croire, le débat aurait dû rester confiné entre les quatre murs (qui ont cependant des oreilles... et des langues) du Conseil des ministres. Pour ces puristes du jeu institutionnel, l’opinion publique doit être tenue à l’écart du choc des idées qui secoue le pouvoir. Afin d’éviter une politisation excessive des litiges. Les proches de Baabda affirment que Hariri a rouvert le feu, qui couvait sous la cendre, en premier. En dévidant des critiques acerbes sur le courant de pensée économique (et partant financier) dont se réclame le président de la République. Qui est favorable comme on sait, sinon à l’État-providence, du moins à la mission sociale comme à la dynamique de production (entendre des dépenses, des projets pour stimuler l’activité économique) de l’État. De l’étatisme en somme. Alors que Hariri appartient manifestement à l’école libérale qui réprouve l’interventionnisme étatique. Ce heurt de théories se traduit en pratique par une répulsion instinctive du président de la République à l’encontre des privatisations (des dénationalisations en d’autres termes), que le chef du gouvernement considère pour sa part comme indispensables. Et cela vaut également pour l’ajustement corollaire que sont les titrisations. Les lahoudistes ajoutent que Hariri tente de faire retomber sur autrui la responsabilité du fait que le Liban n’a pas tenu les engagements pris à Paris II. Dont les privatisations, justement, ainsi que la réduction du déficit budgétaire.
Certains ministres avouent de leur côté qu’ils ont été plutôt surpris de la reprise, virulente, de la polémique présidentielle. Car la dernière séance du Conseil des ministres, excellente selon eux, ne laissait pas présager de telles secousses. D’après leur témoignage, un rare climat d’entente a régné entre les deux présidents ; au point que l’on a pu aborder le dossier conflictuel du cellulaire, alors même que le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, principal jouteur lahoudiste dans ce domaine, était absent. Pour cause de voyage et non une raison non clarifiée comme l’ont laissé entendre certaines sources.
En tout cas, le Conseil a décidé, contre l’avis connu du ministre concerné, de laisser aux deux sociétés créées par l’État le soin de trancher la question des contrats, dont ceux du personnel, sortant ou nouveau. À ce propos précis, les sources ministérielles estiment d’ailleurs qu’une erreur d’approche a été commise. Dans ce sens qu’il aurait fallu laisser Cardahi, en possession parfaite de toutes les données, son mot à dire. Il n’en reste pas moins, soulignent les mêmes ministres, que le simple fait d’être parvenu à une décision montre qu’au cours de la séance il n’y avait pas de nuage entre les deux présidents. D’où, répètent-ils, l’étonnement provoqué par la brusque éruption médiatique de ces derniers jours.
On pensait que l’on s’acheminait vers une normalisation des relations, et voilà que c’est le contraire qui s’est produit, avec une nouvelle passe d’armes à la clé. Ce que les responsables cités regrettent au plus haut point. En mettant l’accent sur les dangers régionaux de l’heure, qui commandent une parfaite soudure entre les éléments du pouvoir comme au niveau de la population, toutes composantes comprises. À partir de là, les ministres en question ont l’intention, avec le concours d’autres conciliateurs, de déployer des efforts en vue de colmater les brèches. Ils comptent, habilement, exploiter le thème de la mutation positive enregistrée à la faveur de la trêve présidentielle au sein du Conseil des ministres, qui s’est remis à fonctionner comme une institution valide. Ces ministres ne vont, dans ce cadre, pas faire d’allusion aux débordements polémiques de ces derniers jours ; mais insister pour que leurs pairs qui prennent les travaux du Conseil à la légère, en s’absentant sans motif, fassent montre de sérieux. Et de sens de l’État.
À l’exemple du président Lahoud. Qui a chargé un groupe de spécialistes de décortiquer le projet de budget. Et d’en préparer, à toutes fins utiles, une mouture améliorée qui serait soumise au Conseil dans les prochains jours. Car il ne suffit pas de s’opposer (au texte Siniora), il faut encore proposer. Autre chose. Mais ce ne sera pas de sitôt. En effet cette semaine, il n’y aura pas de Conseil ; Hariri devant se rendre en Malaisie pour la conférence des pays islamiques. Ce délai sera d’ailleurs mis à profit par les conciliateurs pour tenter de rapprocher les points de vue.
En tout cas, certains estiment que Hariri est sorti de la réserve qu’il avait proclamée, pour apaiser le mécontentent de ses bases populaires. Un jugement imprécis, selon d’autres, qui rappellent que Hariri avait précisé que tout en se pliant aux décisions prises, il ne manquerait pas d’exprimer ses vues et ses réserves.
Il reste que beaucoup pensent que l’escalade sera circonscrite. Parce que le pays se trouve confronté à de plus graves priorités.
Philippe ABI-AKL
Qui a commencé ? Ou plutôt, qui a recommencé ? Bien entendu, les partisans du régime accusent Hariri d’avoir utilisé ses récentes prestations publiques, colloquaires ou autres, pour faire rebondir le conflit en direction des médias. Alors qu’à les croire, le débat aurait dû rester confiné entre les quatre murs (qui ont cependant des oreilles... et des langues) du Conseil...