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Phase cruciale de tractations autour des relations syro-américaines

Terjé Roed-Larsen, envoyé par Annan, s’est dit fortement préoccupé par les tensions régionales. Lors son de passage ici, il a naturellement mis l’accent sur la situation au Sud. Il a condamné le raid israélien en Syrie, mais il a surtout pressé Beyrouth, et par ricochet implicite Damas, d’empêcher toute attaque à travers la ligne bleue. En réprouvant fermement à ce propos « l’agression » (selon ses termes) qui a coûté la vie lundi dernier à un soldat israélien.
Cette intervention diplomatique onusienne prouve, si besoin était, que le principe des vases communicants joue à plein, ces temps-ci, dans la région. Dans ce sens que l’attentat de Haïfa n’a pas entraîné seulement une escalade israélo-palestinienne, mais aussi un double débordement du côté du volet syrien, avec le raid contre une base présumée du Jihad islamique près de Damas et du côté de la lice traditionnelle qu’est le Liban-Sud.
Dans ce contexte, on pense à Beyrouth qu’Israël se livre délibérément à des provocations visant la Résistance libanaise, notamment le Hezbollah, autant que la Syrie, pour accentuer la pression sur le camp arabe, d’une manière générale. Et pour inciter la Syrie en particulier à cesser tout soutien à l’intifada palestinienne. Au risque de déboucher sur une guerre généralisée.
Le gouvernement Sharon bénéficie d’un soutien US de plus en plus appuyé. Il profite en quelque sorte de cette obsession que le thème du « terrorisme » provoque depuis le 11 septembre 2001 chez les Américains.
Et on en vient ainsi au sujet qui préoccupe le plus actuellement les officiels libanais : la nette dégradation des rapports entre les États-Unis et la Syrie. Question fondamentale pour le Liban, dans la mesure où sa quiétude dépend beaucoup de la bonne entente entre les décideurs régionaux et la superpuissance mondiale. Washington a ainsi été le seul à trouver des excuses à Sharon pour le raid lancé contre le territoire syrien. Car il y a longtemps qu’il a classé le Jihad islamique, tout comme le Hamas ou encore le Hezbollah, parmi les organisations « terroristes » qu’il est légitime de frapper par tous les moyens et en tous lieux.
Pour faire bonne mesure, l’Administration Bush a levé les entraves suspensives qu’elle opposait jusqu’à présent au Syria Accountability Act. Un projet de loi de sanctions qui vient d’être approuvé en première lecture par la commission des relations internationales de la Chambre des représentants, au Congrès.
Mais c’est là une phase préparatoire, une pression de plus, sans effet immédiat. En effet, même définitivement voté par les parlementaires, le Syria Accountability Act ne deviendrait exécutoire que sur ordre de la Maison-Blanche. Qui laisse entendre que l’heure est toujours aux tractations, en répétant à satiété l’énumération des exigences présentées à la Syrie : pas d’octroi d’asile aux saddamistes, pas d’infiltration de jihadistes à travers la frontière avec l’Irak, pas de soutien aux organisations palestiniennes radicales et encore moins au Hezbollah, déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue, retrait du Liban.
L’Onu, de son côté, tente de tempérer les choses. Et si Roed-Larsen est envoyé dans la région en catastrophe, ce n’est pas tant pour alourdir encore plus le poids de l’Amérique que pour tenter d’infléchir l’option belliciste sharonienne. Qui prend son essor en exploitant un appui US qui risque de se renforcer à l’approche de la présidentielle américaine, Bush ayant besoin dans ce cadre de l’électorat israélite. La ligne de l’Onu se démarque donc de l’orientation US, comme le prouve le fait que l’émissaire d’Annan a condamné sans réserve le raid israélien contre la Syrie. Sans omettre cependant, parce qu’on ne peut oublier que ce facteur est primordial, de clouer également au pilori les activistes violents palestiniens. Ou libanais. L’Onu, cette fois par la bouche d’Annan lui-même, se félicite que la Syrie ait limité sa réaction au domaine diplomatique. En invitant tous les protagonistes à exercer la plus grande retenue sur le terrain.
Localement enfin, plusieurs politiciens se posent des questions. N’est-il pas temps, disent-ils, que l’État prenne conscience de ses responsabilités et les assume ? Comment peut-il soutenir qu’il veut le calme à la frontière et qu’il ne compte offrir à Israël aucun prétexte, quand il n’est tout simplement pas présent sur la ligne frontalière ? Et qu’il y laisse même des Palestiniens s’en servir comme rampe de lancement, pour des tirs dirigés contre les Israéliens. Ce qui, d’ailleurs, fait le jeu de ces derniers.
Philippe ABI-AKL
Terjé Roed-Larsen, envoyé par Annan, s’est dit fortement préoccupé par les tensions régionales. Lors son de passage ici, il a naturellement mis l’accent sur la situation au Sud. Il a condamné le raid israélien en Syrie, mais il a surtout pressé Beyrouth, et par ricochet implicite Damas, d’empêcher toute attaque à travers la ligne bleue. En réprouvant fermement à ce...